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David Gilmour

On An Island

David Gilmour - On An Island
Chronique Album
Date de sortie : 06.03.2006
Label : EMI
3
Rédigé par Valy, le 30 juillet 2006
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Vingt-deux ans que Gilmour n’avait pas sorti d’album solo. Vous nous pardonnerez donc d’avoir attendu jusqu’à aujourd’hui pour évoquer ce disque sorti au premier trimestre 2006…pas évident de toucher à un tel monstre sacré, accompagné d’une tripotée d’invités V.I.P.. Qui plus est lorsque l’œuvre en question est capable de provoquer des sentiments parfois contradictoires. Une chose en tout cas est claire pour son auteur : non, Pink Floyd ne se reformera pas alors n’en parlons plus. Par conséquent, non, ceci ne sera pas une chronique d’album de Pink Floyd, bien qu’on y retrouve évidemment des souvenirs. Quoique. Non. Enfin…

La pochette annonce la couleur : bleu. Sortie d’un songe, dans la grande tradition…Un astre blanc, un envol d’oiseaux, une silhouette familière le nez en l’air. De son île, le chanteur-guitariste reluque vers les étoiles, tantôt bercé par une fraîche brise matinale, tantôt envoûté par la nonchalance d’un soir d’été. Le problème de ce genre de voyage, c’est qu’on peut s’y détendre et savourer ses plaisirs comme on peut aussi très vite s’y ennuyer. Pas forcément convaincant dès les premières écoutes, On An Island sait révéler ses saveurs à qui plongera la tête la première dans son univers onirique.

L’introduction instrumentale peut ainsi avoir deux effets : soit elle vous prendra par la main et vous guidera vers cet univers particulier, soit elle vous laissera sur le quai avec votre impatience. Deux minutes de mise en bouche impressionniste pour se faire à l’ambiance. Des vagues à la fois enveloppantes et inquiétantes, quelques échos d’horizons lointains, et nous larguons les amarres dès la première apparition d’une guitare isolée du monde. Cette atmosphère bruitiste n’est pas sans rappeler ce groupe…vous savez ?...bon, STOP. « On an Island » est le second titre de l’album auquel il donne son nom, et le manifeste esthétique de cette œuvre faussement solo. Accompagné de son épouse Polly Samson pour écrire les paroles de six des dix chansons, le chanteur évoque de sa voix éthérée la nuit, les étoiles, le rêve, sur un rythme hypotonique et des arrangements doux. A ses côtés, David Crosby et Graham Nash au chant. Gilmour Crosby and Nash, pourquoi pas ? Puisqu’on est sur une île V.I.P, c’est bien sûr Richard Wright qui officie à l’orgue Hammond, laissant résonner en nous quelques Echos de… (non, j’ai dit « STOP »). Toujours sur la plage, les chœurs de « The Blue » nous offrent ce qu’il faut d’air frais pour prendre une grande respiration sur le quatrième titre. Sur « Take A Breath », les murmures réguliers et la marche de guitares plus rock que blues réveillent l’auditeur de la torpeur dans laquelle il était plongé depuis l’ouverture de l’album. Arrive ensuite le deuxième instrumental de l’opus : « Red Sky at Night ». Au saxophone et aux guitares, Gilmour s’isole à nouveau dans une échappée rêveuse pas forcément indispensable. Nous voici tout juste sauvés d’un assoupissement certain grâce au gros blues nocturne d’On An Island : « This Heaven ». Invariablement servis sur un tapis de cordes, les solos gilmouriens délivrent tout le charme dont on les sait capables. Glorifiant les plaisirs simples d’un hédonisme harmonique et poétique, ce titre laisse résonner en son auditeur tout le sens de son texte : « Now I’m here in a state of grace ». Nouvelle traversée en solitaire et les yeux fermés d’un fleuve instrumental sous la chaleur des cuivres de Robert Wyatt (« Then I Close My Eyes »), avant un gentil « Smile » en couple (Polly Samson aux chœurs). La mélodie y est presque « maccartneyienne » et la guitare se fait countrysante. « A Pocketfull Of Stones » fait partie de ces morceaux dont on ne sait trop que penser. La voix seule accompagnée du piano puis d’un arrangement symphonique digne d’une B.O. délivre un chant dont on ne saurait dire si il est touchant ou niaiseux. Difficile de déterminer si la production et la composition délicates et classieuses sont la force ou la faiblesse de ce morceau très travaillé. Pas mal d’effets sur certaines parties vocales, un solo bien dégoulinant, Gilmour en fait des tonnes, ce qui devrait plaire aux inconditionnels et conforter les détracteurs dans leur aversion. Adepte des fins ou débuts d’albums surprenants, l'ex-Floyd achève évidemment sa nouvelle création par une chanson titrée « Where we start ».

Lumineux, apaisé, cet album garde le ton lyrique et aérien qu’on connaît de son compositeur. Malheureusement, à rester trop longtemps au-dessus des cimes, il tend à étouffer ses qualités, poussant l’ivresse des sommets jusqu’au déraisonnable. En somme, d’une beauté céleste à laquelle il manquerait son Côté Obscur pour être parfaitement accrocheuse…

tracklisting
    01. Castellorizon
  • 02. On An Island
  • 03. The Blue
  • 04. Take A Breath
  • 05. Red Sky at night
  • 06. This Heaven
  • 07. Then I Close My Eyes
  • 08. Smile
  • 09. A Pocketfull of Stones
  • 10. Where we start
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    On An Island, Take A Breath, This Heaven
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