Lupen Crook

Lupen Crook est un personnage à part, un esprit malin échappé des forêts du Kent que les journalistes britanniques s’escriment depuis quelque temps à percer à jour. Son enfance, sa façon de s’habiller, de parler, de se tenir : chaque détail est passé au crible afin de découvrir d’où le chanteur tire cette inspiration presque irréelle, fantasmagorique.

A 24 ans et un air de gamin, Lupen Crook vient de produire un album protéiforme et étonnant, Accidents occur while sleeping, mélange de folk un peu dark, que certains qualifient de gothique, mais qui reste assez difficile à « classifier », tant l’album renvoie une folle impression de désordre, entre rock, folk, jazz, le tout accompagné de cris étranges, au son du violon. Lupen Crook se définit comme un personnage à plusieurs visages: critique, écrivain, sermonneur, peintre, chanteur… Il suffit de faire un tour par son site Internet pour se rendre compte qu’il ne s’exprime en effet pas seulement à travers la musique... Il est une mosaïque d'êtres, qui ont donné naissance à un album lui aussi fragmenté, une sorte de collage dont il parle de manière quasi mystique («a record of events that have for years lain silent in the sanctuary of my mind. It is a record of event s, a collection of ideas, serial symptoms of my insistent imagination.»).

Le magazine NME a remarqué qu’il serait parfait pour la BO d’un film de Tim Burton, et ceci résume assez bien la sensation qu’il inspire, surtout quand on écoute le titre Wendy’s House, qui rappelle l’univers de l’Etrange Noël de Monsieur Jack…Une voix perçante, parfois criarde, qui provoque le malaise, l’hystérie comme la souffance, l’entrain et la folie avec des sons morbides ou hilares. On passe d’une chanson de joyeux hobbits dansant sur les tables, cervoise à la main, au hurlement sombre et déchirant sortit tout droit du Mordor. Lupen Crook dit composer ses chansons dans son grenier envahi par les toiles d’araignées et les merdes de pigeon, enseveli au fin fond des régions brumeuses et solitaires de la vieille Angleterre. On pourrait s’attendre à des thèmes classiques, mélancoliques, mais encore une fois Lupen Crook provoque la surprise en parlant de viols ou de proches défunts -avec un timbre d’homme ivre accompagné de chœurs étrangement gais (The Dead Relative)-, de cancer, de demande en mariage ratée (Matilda V).

Le jeune homme s’amuse à brouiller les pistes par l’autodérision, se traitant lui-même de connard égocentrique aux chansons pathétiques et désespérées… Un moyen peut-être de devancer la critique ? Ou une réelle confiance en son talent ? Quoi qu’il en soit, pour le meilleur ou pour le pire, Lupen Crook ne laisse personne indifférent…