Broadcast

À peine un an après leur dernier album, Broadcast nous gratifient d'une compilation de raretés et de B-sides parues dans leurs différents EPs et singles. Dix-huit plages éparses se retrouvent dans The Future Crayon pour laisser entendre les diverses directions que le groupe a pris depuis ses débuts.

L'inefficace Hammer Without A Master, extrait de la compilation We Are Reasonable People du label Warp sortie en 1998, laissait envisager un virage plus electro après Work And Non Work, une compilation des premiers singles du groupe parue en 1997. Broadcast semblait vouloir s'éloigner de la comparaison qu'on leur attribuait à tort avec Stereolab. Il poursuivit avec l'electronica de Test Area, sur le single Echo's Answer, évoquant le minimalisme d'Autechre sans pour autant parvenir à instaurer une ambiance particulière, si ce n'est une profonde angoisse à la prise de conscience d'avoir perdu presque six minutes de sa courte existence.

Ce ne fut que début 2000, un mois avant la sortie de leur premier album officiel The Noise Made By People, que l'EP Extended Play prouva que le groupe pouvait se donner les moyens de se surpasser, et ce grâce au fulgurant instrumental Belly Dance et sa rythmique quasi militaire et le non moins charmant Where Youth And Laughter Go. Mais les meilleurs morceaux que renferme cette compilation sont ceux parus dans le single Come On Let's Go et l'EP Extended Play 2, car ce qui fait la force du groupe est la voix monocorde et poignante de Trish Keenan qui, sur le « radioheadesque-période-Kid-A » Locusts, s'assombrissait tandis qu'elle rappellait, sur Distant Call, la Nico étendue de Femme Fatale, la précision en plus mais, par conséquent, et c'est bien dommage, la liberté en moins. Le lumineux Unchanging Window/Chord Simple, pièce maîtresse de l'EP, venait quant à lui s'immiscer, comme si de rien, parmi le chant détendu d'Illumination et la basse faussement naïve de A Man For Atlantis, avant que Poem Of Dead Song ne clôt en spleen et simplicité.

En 2001 sortait la compilation All Tomorrows Parties sur laquelle Broadcast se faisait convulsif et concis avec DDL, puis en 2003, l'EP Pendulum annonçait l'album Haha Sound avec des plages posées, plus complexes, mieux maîtrisées, moins personnelles, voire insignifiantes (One Hour Empire, Minus Two). On était ici encore loin de Tender Buttons, leur oeuvre dépouillée et intimiste de 2005.

The Future Crayon est donc bien plus proche de leurs deux mini-albums electronica Microtronics que de leurs oeuvres officielles. La moitié de la galette est constituée d'instrumentaux qui n'arrivent pas à la cheville des grands Aphex Twin et Boards Of Canada issus du même label mais ont au moins le mérite de nous rappeler combien chaque chanson de leur précédent opus est fascinante et intemporelle.