Clinic

Quand on a vu un porno, on les a tous vus. C'est pareil pour Clinic : après avoir entendu un de leurs albums, on les connaît tous. Ces reVisitations n'échappent bien évidemment pas à la règle.

À l'écoute de l'album, on a l'étrange sensation de s'être fait avoir sur la marchandise. Certes, on a bel et bien affaire à du Clinic, il n'y a aucun doute là-dessus, mais là est véritablement le problème : Clinic s'apparentent bien trop à Clinic. La voix, reconnaissable entre milles, est toujours toute en retenue, limitée et n'explose jamais comme parfois on en rêverait ; la rythmique n'a pas bougé d'un temps ; les mélodies se suivent et se ressemblent. Tandis que la plupart des groupes actuels ne se gênent pas pour plagier allègrement leurs aînés, Clinic eux, copient/collent leurs propres compositions album après album, sans apporter le moindre soupçon d'originalité supplémentaire à leur style si personnel. Ils se terrent dans leur propre singularité qui, au final, se voit dépouillée de toute excentricité, et se laissent alors entraîner dans la monotonie et la médiocrité.

Le premier album de Clinic que vous avez entendu est donc le bon, les autres n'en seront que de pâles copies. Vous trouverez en chacune des chansons qui composent ces albums des similitudes indéniables avec celles de Votre album : que ce soient les intonations de voix, les changements de rythme, les instruments employés, les harmonies réalisées, tout y sera terriblement prévisible, à la limite de l'insolence – pour ne pas dire du foutage de gueule.

Ainsi, vous lecteurs qui connaissez déjà un album de Clinic, passez votre route car, quel qu'il soit, vous possédez assurément le meilleur ...

Voilà. J'aurais pu m'arrêter là. J'aurais pu conclure cette chronique sur une mauvaise impression et noter en conséquent sévèrement l'album. Seulement, je n'ai pas l'intention de descendre impudemment Visitations car, pour vous qui n'avez encore jamais écouté Clinic et lisez cette chronique, je considère qu'il serait injuste que vous n'appreniez pas à connaître le groupe, à travers cet album ou un autre tant l'un d'eux vous accrochera l'oreille de ses mélodies imparables, ses refrains accrocheurs et la diversité des styles abordés. Mais, puisqu'étant dans l'incapacité de vous conseiller leur meilleur album, je vous propose donc un petit jeu. Voici ci-dessous, en italique, une chronique élogieuse d'un des albums du groupe dont j'approuve la conception et à laquelle j'ai supprimé les titres, que j'ai remplacés par des traits. À vous de placer les titres des chansons de l'album que vous aurez choisi aux emplacements appropriés, et vous obtenez ainsi la chronique de votre album préféré de Clinic.

Clinic revient avec un disque très proche du précédent. On retrouve le son propre au groupe c’est à dire un son rock-garage avec quelques touches d’électro voire même de jazz, tout ceci dans un esprit à la fois punk et arty. Je vous imagine déjà en train de relire cette dernière phrase. Il m’a en effet fallu quelques minutes avant de trouver les qualificatifs qui me semblaient corrects pour décrire la musique de Clinic. Car le style du groupe est unique, et rentre difficilement dans une seule catégorie. Une référence paraît évidente cependant à l’écoute de l'album, celle de... Radiohead, période Kid A, plus précisément. On retrouve en effet sur des titres comme ___________, ou ___________, la même rage contenue et la même atmosphère hypnotisante que sur le désormais classique Kid A (réécoutez Everything In Its Right Place ou The National Anthem et vous verrez que c’est troublant). Mais Clinic, plutôt que de reproduire ce modèle, apporte une touche très personnelle. Les titres ___________ ou ___________ lorgnent par exemple vers un punk-garage très tendu. D’autres titres sont marqués par une batterie quasi-jazz ou par un mélodica qui fait planer une ambiance menaçante. Enfin certains morceaux, à l’image de ___________, se détachent par leur côté électro et envoûtant qui ferait presque rentrer l’auditeur en transe.

Pour certains d'entre vous, ces espaces seront remplis par les titres de Winchester Cathedral ou de l'album éponyme ; pour d'autres, ce seront ceux de Walking With Thee ou peut-être même de cet album-ci. Moi, pour ma part, c'est Internal Wrangler que j'ai connu en premier, et je considère qu'il vaut bien quatre étoiles.



NB : merci à Thomas Lafont du webzine www.indiepoprock.net pour avoir eu l'extrême amabilité de m'avoir autorisé à réutiliser une partie de sa chronique de l'album Walking With Thee de Clinic.