The Basement

Après avoir été découverts par Alan Wills qui les a aussitôt signés sur son label Deltasonic (The Coral, The Dead 60s, The Little Flames, The Zutons), The Basement auraient pu se précipiter, enregistrer un album à la va-vite sur quelques idées encore inachevées. Mais non, ils ont su garder la tête froide et prendre leur temps en réalisant dans un premier temps un single démontrant la capacité du groupe à défier le folk de Dylan. La voix de John Mullin est encore adolescente, éraillée, et Medicine Day fait donc preuve d'un large potentiel mélodique qui ne demander qu'à se singulariser.

Près de deux ans après, The Basement nous reviennent avec Illicit Hugs And Playground Thugs, premier album qui tutoie Dylan tout le long mais aussi se diversifie, porté par diverses influences qui vont du blues traditionnel à la folk music. Bright Eyes, Isaac Hayes et Elliott Smith ne sont jamais très loin.

Le chant de John Mullin a mûri durant les deux années qui séparent le dernier single de l'album, il s'est perfectionné, s'est éloigné de Dylan pour être au plus près du son bluesy des guitares et s'accorder au rythme country de ses chansons. The Basement ne réinventent pas la musique, ne surpassent pas leurs aînés ni leurs contemporains, mais jouent de la folk avec entrain et sincérité, interpellant l'oreille, réveillant de vieilles influences qui s'étaient tout ce temps nichées dans un coin de la mémoire.

De temps à autre, quelques accords et une intonation de voix parviennent à se répondre à merveille, faisant fi des milliards de mélodies qui existent déjà à travers le monde. Ainsi, fortement inspirés et tourmentés, Autumn's Gone et It's A Kinda Love et leur ambiance respective sortent du lot avec respect et toujours une grande admiration.

Illicit Hugs And Playground Thugs est donc un album admirable même si bien trop proche des influences dont il profite. Le seul regret que l'on puisse avoir est que leurs précédents singles Slain The Truth (At The Roadhouse) et Medicine Day, plus perfectibles mais extrêmement touchants et fragiles, ne fassent pas partie de l'album tant ce dernier paraît quelque peu lisse et soigné. Près de deux années à fignoler un album peut après tout s'avérer être une mauvaise chose car ce n'est finalement pas la perfection qu'il faut rechercher avant tout mais bel et bien une émotion, un moment, comme le souligne Roadtrip : un air quasi psychédélique, une voix intensément brève et passionnée, un refrain libre et fédérateur.