Director

À peine l'année entamée, Director emboîtent le pas aux new-yorkais de Interpol et au passionnant The Back Room de Editors et signent là un album ambitieux, porté par la voix charismatique de Michael Moloney.

Guitares incisives, chant gravé dans le marbre, We Thrive On Big Cities possède le ton glacial d'un Closer et l'enivrante torpeur d'un No Love Lost. Le groupe est parvenu à créer un album parfaitement maîtrisé malgré les influences majeures qui l'habitent et ne peuvent s'en défaire tout en restant toutefois uniforme : aucune composition plus faible qu'une autre, aucune baisse de régime dans la continuité ni dans les structures mêmes des titres. Ceux-ci se veulent ainsi cohérents et étonnamment singuliers dans l'ensemble : la rythmique ska de Come With A Friend se marie à merveille avec une ambiance new wave et des martèlements de batterie possédés ; Never Know libère une instrumentation jazzy délibérément kitsch qui amène progressivement à une énergie décomplexée que ne renieraient pas les fabuleux Dogs Die In Hot Cars et autres Talking Heads ; et ainsi de suite, chaque chanson possédant sa propre originalité, une présence bien réelle même si dissimulée derrière tout un tas d'ombres, que ce soient celles de leurs aînés (Joy Division, The Cure, The Smiths) ou celles de leurs contemporains (The Rifles, Franz Ferdinand, Editors).

C'est au final, outre la voix hypnotique et précieuse du chanteur, la capacité du groupe à égrener ses influences au fil du disque, à aborder sous différents angles les structures et aspects du rock dans sa définition la plus large qui fait qu'on adhère ou non – selon le degré d'acceptation que, pour son renouvellement, la musique est forcée de se répéter – à ce très bon We Thrive On Big Cities.