L. Pierre

A l'écoute de ce disque lent on a envie de croire que c'est parce qu'il a été enregistré avant la décision de saborder Arab Strap, que l'atmosphère y est aussi pesante. Sur Dip, Aidan Moffat transcrit peut-être les sentiments de lassitude et l'envie de lâcher prise qu'il a ressentis avant de mettre fin à son groupe, une aventure de plus de dix ans. Ou peut-être met-il en musique les obsèques d'un pêcheur, forcément écossais, et un peu sorcier.

La musique de L Pierre, toujours aussi cinématographique, nous entraîne dans une ballade mélancolique sur une plage déserte et couverte de débris dont la mer n'a pas voulu. Inutile de préciser que le ciel y est invisible. Au stade du troisième album on ne peut plus parler de L Pierre comme d'un side project d'un demi Arab Strap. C’est encore moins vrai aujourd’hui que le groupe n’existe plus et qu’Aidan Moffat a abandonné les guitares, la boite à rythme et les paroles mâchonnées pour des collages sonores et des frottements de vinyles omniprésents.

Paradoxalement, c'est au moment où L Pierre semble le plus durable qu'il sort son disque le moins vivant, la blague electronica commence à durer. Le disque est si complètement dépouillé qu'il atteint rapidement les limites de l'ennui ou de l'angoisse dont il est probablement la bande originale, malheureusement réussie et très réaliste.