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wonder.land

Dossier réalisé par Déborah Galopin le 12 juin 2016

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Le mardi 7 juin, c'était la première de wonder.land au Théâtre du Chatelet. Non, aucun point ne s'est malencontreusement égaré en plein milieu du titre, ce point pourrait être celui d'une URL. Les affiches placardées dans le métro parisien représentent le chat Cheschire créé à partir de pixels roses dont certains ne sont pas vraiment à leur place. Comme un bug. Et effectivement, le monde dans lequel nous plonge Damon Albarn et Moira Buffini n'est pas du tout celui auquel on pourrait s'attendre !

C'est un étrange personnage qui nous accueille ce soir, nous demandant d'éteindre nos téléphones, pas seulement de le mettre en silencieux, mais vraiment de les éteindre. Et pour cause ! Inspiré du Alice aux Pays des Merveilles de Lewis Caroll, Damon Albarn nous transporte dans un monde imaginaire que nous côtoyons tous, tous les jours. Il s'agit d'Internet. Aly a déménagé suite à la séparation de ses parents, elle vit avec sa mère et son petit frère de quelques mois et se fait persécuter à l'école. Comme toutes les ados, elle est pendue à son téléphone et c'est à travers un drôle de jeu, wonder.land, qu'elle va trouver une échappatoire.

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Le monde réel est représenté sans couleur, le décor est gris, les couleurs sont d'un blanc criard, tandis que le fond est toujours sombre. On retrouve cette bichromie jusque dans l'accoutrement des personnages, comme si nous étions restés bloqués en noir et blanc. Rien ne vient surélever cette impression de pesanteur voire d'emprisonnement. Tandis que wonder.land est composé de pixels, de couleurs toujours chatoyantes, un Cheschire doré, façon casino, de personnages joyeux, un peu fous, mais qui partagent finalement les mêmes problèmes qu'Alice. Le monde virtuel devient un espace de liberté et d'ouverture à l'instar du monde réel.
Cette version se révèle originale et traite de nombreux problèmes de société. On retrouve le côté absurde, la valeur de l'amitié, mais on perd aussi quelques notions essentielles d'Alice aux pays des merveilles comme la part de magie qui l'entoure. Il ne s'agit pas de croire en ses rêves ou à l'impossible, mais de revenir à la réalité, d'accepter la réalité.

La question qui prédomine tout au long de ce spectacle, est celle que pose Absolem : « Who are you ? ». Elle parviendra à trouver sa place à l'issue de la pièce. Une fin qui se révèle un peu facile, car après un combat rocambolesque, elle parvient à s'accepter. Si seulement se battre contre quelques méchants dans un jeu vidéo suffisait à régler nos problèmes... Concernant la musique, on aurait pu s'attendre à mieux venant de Damon Albarn. On ne retrouve ni la patte de Gorillaz, ni celle de Blur. Cependant, on reste bien dans l'esprit comédie musicale. Les voix des acteurs sont hautes parfois complètement loufoques comme celle de Hal Fowler. On aurait aimé voir l'orchestre jouer en direct, ce qui aurait sans aucun doute ajouté de la superbe à ce spectacle.

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On n'en passe pas moins un excellent moment, grâce notamment à la mise en scène de Rufus Norris. Les costumes sont beaux et originaux, provoquant quelques fois des rires quand on en découvre de nouveaux. Un grain de folie qui est le bienvenue. Les décors sont soignés, jouant avec une perspective 3D. Il est à la fois composé d'un vrai décor, et d'une projection tantôt sur une toile tendue, tantôt sur le fond de la scène. Les détails y sont soignés, si bien que parfois, on ne sait plus vraiment où regarder. Où qu'on pose les yeux, on ne s'ennuie pas. Les acteurs, tout comme le décor, sont presque continuellement en mouvement.

wonder.land reste une belle surprise, « Fabulous ».

Crédits photos : Brinkhoff Mögenburg