Au quatrième jour, les renvois de frites et la tendance lourde à s'endormir en salle de presse sont un signe que le festival arrive à son terme.
Stuck In The Sound, après une efficace entrée en matière, s'épuisent un peu trop vite à vouloir jouer les Bloc Party français.
Petula Clarck ensuite suscite les interrogations : s'agit-il de cette chanteuse des années cinquante, méga-liftée rien que pour Dour et qui va nous servir les tubes de sa jeunesse ? Petite vérification sur le net : elle n'est pas morte, ça pourrait bien être elle... Mais non, il s'agit en réalité d'un duo belge qui ne casse pas trois pattes à un canard et que l'on quitte au bout de quelques chansons.
The Hickey Underworld, sur la grande scène, convainc plus, malgré la voix cassée du chanteur. Leur post-punk un peu métal y gagne presque en intensité. Le sympathique
Volt Selector ensuite, mélange un électro-rock bien rythmé à des percus très vaguement orientalisante. C'est assez posé, idéal en début d'après-midi, et vraiment chouette, en particulier quand les cuivres entrent en scène, donnant une coloration afrobeat à l'ensemble. L'album est prévu pour septembre, il faudra y poser une oreille.
Night Marshers fonctionne aussi plutôt bien, même si le groupe n'a rien de particulier Leur son assez cold wave, bien puissant, semble être taillé pour le live, qui est bien rôdé et vraiment plaisant.
Avec un nom comme
Experimental Tropic Blues Band, on s'attendrait à quelque chose de vaguement exotique, mais c'est finalement beaucoup plus rock qu'autre chose, tout simplement, malgré un ou deux boogies et une reprise de Gun Club. L'hommage à Michael Jackson est, dans leur version, assez rock'n'roll sixties.
En voyant
Kery James, on ne peut s'empêcher de penser à IAM vu la veille. IAM, avec NTM, a fondé un genre, les héritiers sont là aujourd'hui et ne font pas pâlir l'étoile du rap français. Le show est bien mis en scène, avec un DJ faussement mis en avant pour mieux mettre en valeur l'entrée de la star.
Les Anglais de
Rolo Tomassi, en plein dans les clichés gothiques, déçoivent avec leur son hyper énervé, lourd jusqu'au désagréable. Autres sensations avec
Bob Log III: cette chose étrange, vêtue d'une combinaison dorée et d'un casque à faire pâlir d'envie les mecs de Daft Punk, dotée d'une guitare tout ce qu'il y a de plus électrique, émet pourtant du bluesrock complètement rétro. Robotique à mort dans le look et pourtant extrêmement sensuel dans la musique, le contraste désarçonne mais l'ensemble fonctionne. Seul en scène, sans jamais chanter ou presque, il est très bien reçu, au point que deux filles viennent s'asseoir sur ses genoux pour un final endiablé.
The Horrors, un des groupes que l'on attendait avec les plus d'excitation, ne déçoit pas. Un chanteur hyper charismatique, avec l'air de faire la gueule en permanence, et des musiciens sacrément bons (on gardera en mémoire un court solo de batterie assez génial) : l'attitude un peu goth et le côté messe noire ne sont pas chez eux de simples accessoires. Les ambiances sont fortes, sombres, sans jamais tomber dans la caricature; c'est cela leur plus grande force, de pouvoir étaler leur puissance sans jamais avoir l'air de poser. Et si les héritiers de Joy Division, c'étaient eux ?
Après ça, l'hyper-consensuel et lisse
Jamie Lidell a du mal à intéresser. On préfère les belges de
Soldout, stars dans leur pays et qui gagneraient à être plus connus dans le nôtre. Non qu'ils réinventent radicalement le rock, mais ils savent mettre de l'ambiance, et c'est la première chose que l'on demande en festival, après tout. Ils terminent sur une sympathique reprise de
Too Drunk To Fuck, bien ajustée à l'état physique de la majorité des festivaliers.
Aphex Twin devait clore le festival en beauté, mais il rate complètement son entrée, commençant tellement en douceur que le gros du public ne remarque même pas que quelque chose se passe sur la scène devant eux. Les effets conceptuels, ça passe en salle, pas sur une immense scène ouverte où tout le monde a quatre jours de son dans les oreilles. Heureusement, le show prend de l'ampleur au fil du temps, et la dernière demi-heure est carrément ensorcelante: on pourrait danser là-dessus jusqu'au matin, malgré la pluie, le vent, et les valises sous les yeux.
Dour, c'est donc une bonne moyenne, avec son lot de découvertes, ses quelques déceptions et ses deux ou trois excellents concerts (avec mention spéciale pour Gong, la grosse surprise). Avec, par rapport à d'autres festivals, plutôt plus de drogue en circulation et moins de possibilités de manger autre chose que des frites, on a cependant évité le trash complet. L'organisation du festival s'auto-congratule, et le lundi matin, les hordes endormis sur un quai de gare ont l'air d'en avoir eu pour leur argent. A l'année prochaine!