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La Route du Rock

Saint-Malo, du 14 au 16 août 2009

Live-report rédigé par François Freundlich le 17 août 2009

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La pop reprend ses droits en ce samedi malouin estival où il faisait bon lézarder sur la plage.

La jolie St. Vincent est chargée d'ouvrir la journée au fort de Saint-Père. Après l'électricité disséminée la veille, la demoiselle va poser les choses et repose enfin nos oreilles avec une musique pleine de subtilité. Seule sur scène mais aidée de sa guitare et de quelques machines, les ravissantes mélodies sont parfois pop, parfois plus énervées, grâce à des beats électroniques ou des défoulements électriques.
J'apprends qu'elle était déjà sur cette même scène lors de la venue des Polyphonic Spree mais la toge n'est pas de rigueur cette fois et je ne l'ai pas reconnue. Sa musique riche et emprunte de grâce donne envie d'explorer au maximum toutes les facettes de la personnalité de l'Illinoise. Au final, on ne résiste pas à sa proposition Marry Me et Annie Clark s'inscrit comme la grande révélation de cette édition. Du charme, de l'audace et une petite reprise des Beatles, I Dig A Pony, pour se retirer timidement en remerciant un public conquis.

Le groupe californien Papercuts lui succède sous des nuages roses, décidément la couleur de cette édition. Apparemment intimidé par les caméras, le groupe porté par son chanteur à la voix profonde propose une pop mélodieuse qui nous fera vivre quelques bons moments. Des refrains accrocheurs, d'autres un peu moins inoubliables et qui auraient peut-être mérité un peu plus d'allant. Les Papercuts sont un peu statiques sur scène mais leurs compositions sont rafraîchissantes. Si on remue un peu, on a du mal à percer leur carapace et il manquera un petit quelque chose pour marquer les esprits.

Les écossais de Camera Obscura vont ensuite enchanter nos oreilles de leurs harmonies cristallines. Bien loin des autres festivals proposant plusieurs scènes sur un même site, la Route du Rock présente un groupe pour un seul public et cela permet une communion assez unique en festival : ce concert en est la meilleure preuve. La voix si pure de Tracyanne Campbell se pose divinement sur des compositions aussi touchantes les unes que les autres. La petite troupe ajoute toujours ce petit détail de cuivres ou de claviers qui rappelle les plues beaux moments de Belle & Sebastian ici même. Des arrangements 60's enjoués et variés font danser l'assistance comme sur le très classieux Let's Get Out Of This Country. Le titre French Navy, petit bijou pop issu de leur très beau dernier album My Maudlin Carreer a convaincu un public qui en voudra toujours plus. Camera Obscura nous laisse des mélodies à chantonner plein la tête et un grand sourire aux lèvres.

Après ces débuts plutôt calmes, il est temps de s'électriser un peu avec la venue de The Kills. Démarche rapide et poing serré, on reconnaît bien la charismatique Alison Mosshart, accueillie par des fans présents en nombre. Après des débuts un peu poussifs, on s'attend à une montée en puissance mais on sent comme une gène. Où est passé cette tension animale qui règne habituellement entre VV et Hotel ? On a appris que la chanteuse était malade ce soir mais on a l'impression qu'ils jouent chacun de leur coté et se regardent à peine. Il est vrai que les deux compères font plus l'actualité avec des projets séparés, musicaux ou non... Lorsque No Wow commence, la chanson qui pouvait lancer la machine, problème : Hotel s'arrête, la voix de VV n'y est pas. Forget it. Le classique Fried My Little Brains ou encore le sexuel Cheap & Chearful feront tout de même sautiller de plaisir un public qui ne demande qu'à se laisser porter par le duo. Une reprise de I Put A Spell On You de Screaming Jay Hawkins et le groupe quitte la scène avant le temps imparti. Concert écourté, entente altérée, les Kills, trop attendus, ont déçu.

Heureusement, Peaches débarque pour nous redonner le sourire. La demoiselle avait laissé ses chanteuses à godemichet de 2004 au placard pour proposer une collaboration avec les berlinois de Sweet Machine. On découvre ce groupe qui est composé d'une guitariste en porte-jarretelle (concert moins trash mais c'est quand même Peaches), d'un clavieriste et d'un batteur. Arrivée en combinaison et culotte rose, on croit voir revenir Philippe Katerine mais l'electro-clash est bien celui de la déjantée amatrice de justaucorps chatoyants. Les tenues changent à chaque chanson, Peaches se déshabille pour laisser apparaître une nouvelle couche de vêtement : jusqu'où ira-t-elle cette fois ?
Mon accessoire préféré reste la perruque géante blonde de caniche royal. La musique elle n'a pas trop changé et on reconnaît les tubes aux paroles sulfureuses qui font toujours son succès : Shake Your Tits, Motherfuckers Wanna Get With Me, Lay With Me, Love With Me ; Peaches chante tout en étant portée par un public malouin décomplexé. Au point de proposer un concours de lancer de tshirt à la gente masculine, ce que ne tardera pas à faire le glabre clavieriste pour un duo avec la star. Car Peaches est bien une star avec son maquillage à la Kiss et son corps de quarantenaire dévoilé. Le show de la canadienne a bien excité tout le monde, parfait pour un samedi soir de festival.

Pour finir cette soirée, le DJ Four Tet propose son électro minimaliste et planante assez intéressante et qui tranche avec le déroulement de la soirée. Le public continue à danser mais il s'agit plutôt ici de se calmer après l'explosion Peaches. On prend plaisir à écouter ses mixes mais l'ambiance changeante fait que le contre-coup des concerts se fait sentir. Il est temps de rejoindre le camping et ses inconnus imbibés qui trouveront toujours la phrase entendue au loin qui vous fera mourir de rire...

Un deuxième jour féminin qui nous aura avant tout charmé avec Camera Obscura et St Vincent en grande révélation, puis Peaches en grande excitation. Le plus grand plaisir est parfois là ou on ne l'attend pas.
artistes
    The Kills
    Peaches
    Four Tet
    Camera Obscura
    St. Vincent
    Papercuts
    Forest Fire
    The Present
    Hold Your Horses!
    Palm
    The Patriotic Sunday
    Ethel (DJ Set)