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Primavera Sound Festival

Barcelone, du 26 au 28 mai 2005

Live-report rédigé par Pierre le 7 juin 2005

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Samedi 28 mai, dernier jour du festival et une fois de plus, les programmateurs ont frappé fort. Plus que jamais, les choix seront difficiles et des sprints enragés entre les scènes sont à prévoir.

Arrivé sur le site vers 17h, direction l'Auditorium pour The Czars. La salle est déjà assez remplie, et le groupe donne un concert très plaisant, parfait pour commencer la journée. Un homme monopolise l'attention et assume parfaitement son rôle de leader, allant du clavier à la guitare durant tout le set. Vic Chesnutt sera la véritable première claque de la journée. J'ai profité du changement de plateau pour gagner le troisième rang, face à la scène, et je vais vivre un moment de grande émotion. L'homme se présente discrètement, sur sa chaise roulante et armé de sa guitare et de différents gadgets. Il est accompagné de deux filles (basse et guitare). Le groupe offre au public un folk remarquable, servi par une voix sublime. Vic Chesnutt, faisant oublier son handicap en moins d'un morceau, commence ses facéties dès la fin de la première chanson et continuera jusqu'à la fin. A l'image de l'homme, les paroles se montrent hilarantes (il FAUT écouter la chanson Worst) et une énorme ovation accompagnera le groupe en coulisses.

Le public est prié de se diriger vers la sortie de la salle, où une file d'attente monumentale s'est déjà formée pour le concert de Tortoise, plus d'une heure plus tard. Je n'aurai pas le courage d'attendre une heure alors que des groupes jouent sur les autres scènes... Ce manque de patience me fera donc rater Tortoise et Echo & the Bunnymen: la dure loi des festivals.

Cependant, le programme est chargé et je vais jeter un coup d'oeil à la grande scène où Josh Rouse a déjà commencé. Ce dernier ne me retiendra pas plus de 10 minutes. Après quelques hésitations, je me retrouve dans la tente Nasti, enfin accompagné, pour le concert de Grabba Grabba Tape, dont je ne connais absolument rien. Un duo se présente. Les deux membres portent des costumes identiques, mélangeant des parties moulantes et roses fluo avec une sorte de fourrure blanche, pour un résultat assez comique, au moins autant que la musique d'ailleurs. Les morceaux totalement déconstruits ne durent jamais plus d'une minute. Un batteur se déchaînent pendant que l'autre martèle un clavier... Etrange. Le show est finalement extrêmement court et seuls quelques mètres me séparent de la scène Fira, celle des groupes locaux. Ovni est en plein effort, et la aussi l'effet comique est immédiat, mais ici, ce n'est pas voulu, ce qui est plus embêtant pour le groupe. On assiste à un concert de pseudo punk FM, le chanteur accumulant les clichés ridicules. Bref, ce groupe n'ira pas loin.

Retour sous la tente Nasti pour un concert autrement plus prometteur: Dogs Die In Hot Cars. Le très bon album du groupe laisse présager un bon moment, et ce sera bel et bien le cas. Ces jeunes écossais arrivent sur scène remplis d'une bonne humeur très communicative. Les chansons de Please Describe Yourself sont livrées avec panache, et on sent que la bande prend plaisir à les jouer. Craig Macintosh, leader-chanteur jouera un morceau seul au beau milieu du set, comme pour marquer une pause, avant de repartir de plus belle. Ce samedi si prometteur s'accélère donc avec ces écossais qui marquent le début d'une série de concerts complètement bouleversante!

Il est un peu moins de 22h et je n'ai toujours pas mis les pieds devant la scène Danzka CD Drome, qui accueillera seulement des artistes français ce soir. Il est temps de remédier à cette situation, et me voila en chemin pour Experience, sur les conseils de mes accompagnateurs. Je serai emballé. Le groupes délivre une musique expérimentale, sur un tempo assez lent, le tout recouvert par une voix hypnotique, presque une voix de fin du monde, qui répète des messages simples et souvent alarmistes. Je resterai là plus longtemps que prévu ce qui me fera rater une bonne partie du concert des Dirtbombs. Arrivé tard, j'assisterai à un final apocalyptique. La scène (comme la fosse) est sans dessus dessous, des parties d'une batterie volent sous la tente tandis que l'autre batterie se meurt sous des coups rageurs. Le groupe et son chanteur charismatique ont visiblement mis le feu et j'arrive un peu après la bataille... Tant pis.

La tente se vide et j'accède au premier rang, bien placé pour The Futureheads. Leur premier album tourne en boucle chez moi depuis un moment et j'ai hâte de voir le résultat scénique. Les britanniques n'attendrons pas bien longtemps pour se montrer à la hauteur. Les bombes de l'album sont chantées avec enthousiasme (Decent Days, A To B) et on ne voit pas le temps passer. Le public est mis à contribution sur Hounds Of Love et se prête volontiers au jeu pour un final convainquant.

Il est presque minuit et la plupart des festivaliers se massent devant la grande scène pour le grand rendez vous de la journée, voire du festival. Sonic Youth ne sont pas encore là et le public scande leur nom. Ils se présentent enfin et c'est parti pour plus d'une heure de déferlements soniques. Beaucoup de titres du dernier album sont jouées, plus quelques autres piochés dans l'immense discographie. Nous n'assistons pas à l'étalage des tubes de Rock En Seine 2004 mais le concert est, une fois n'est pas coutume, grandiose. Nous aurons même droit à un rappel plus que jouissif : Teenage Riot. Inutile de dire qu'après ça, il est difficile de se motiver rapidement pour quitter la fosse et aller voir autre chose. On savoure et on digère.

Les chansons mélancoliques de Daniel Darc sont donc choisies pour récupérer. Seulement, le concert à du retard et nous n'aurons pas vraiment le temps de nous émouvoir. Après un seul morceau, mais quel morceaux (La Pluie Qui Tombe), nous sommes priés de revenir devant la grande scène pour une autre affiche grandiose : rien de moins que le Gang Of Four. Etant véritablement fan de ce groupe (enfin de leurs débuts), j'avais quelques appréhensions face à cette reformation, la peur d'être déçu. Le public est bien moins nombreux que pour Sonic Youth, les anglais ne font pas le plein. L'espace relatif que nous avons autour de nous sera bien appréciable par la suite. Alors, le Gang Of Four en 2005, ça ressemble à quoi? C'est un Andy Gill qui se présente seul sur scène, regarde le public d'un air hargneux, et lance un coup de poing dans l'air à son intention. C'est un Dave Allen qui prend sa basse quelques secondes plus tard, et qui a visiblement pris quelques cours de musculation quand il a appris qu'il allait remonter sur scène, pour arborer un t-shirt moulant qui le mettra en valeur. C'est un Hugo Burnham qui, lui, est bien loin de ces considérations et s'assoit derrière sa batterie pour entamer un combat contre elle. Enfin, c'est un Jon King surexcité, au moins aussi hargneux que son compagnon à la guitare, qui va nous prouver que son groupe tient encore la route après tant d'années. Et musicalement alors? Imaginez donc Andy Gill qui est entré seul sur scène, qui fait son petit jeu d'intimidation puis qui prend calmement sa guitare et revient au centre de la scène, toujours seul. Un petit temps d'arrêt et une intro prolongée de Return The Gift durant laquelle les trois autres arrivent et entrent directement dans le vif du sujet. La suite? Les tubes de Entertainment! jouées comme un enfant enfilerait des perles, plus quelques morceaux pris au hasard dans Solid Gold ou Hard. Après même pas trois morceaux, chanteur et guitariste sont comme des lions en cage, furieux, et règlent le sort d'une pauvre guitare qui vient s'écraser au sol et ne se relèvera pas. Damaged Good déclenchera une hystérie que j'ai rarement vécu en concert. Cette chanson a véritablement retourné le public présent et je crois que tout ceux qui étaient là s'en souviendront longtemps. He's Send In The Army et son rythme chaotique sera également jouée pour mon plus grand plaisir. Le groupe s'en va déjà alors qu'on à l'impression d'être là depuis 10 minutes, mais après vérification, ça fait bien une heure. Un rappel inespéré est réclamé et aura bien lieu : I Found That Essence Rare. Et puis c'est fini, vraiment, et on a du mal à s'en remettre.

La claque que j'ai reçu avec le Gang Of Four me fera complètement passer à côté du concert de The Go! Team. J'étais pourtant bien face à la scène, pourtant, c'est Damaged Good que j'entendais. Plus d'une heure plus tard, et enfin remis de mes émotions, je suis devant la scène française pour un set par vraiment engageant de M83.

Il est presque 5h, mes accompagnateurs et moi entamons un tour d'honneur sur le site du festival. Quelques téméraires dansent sur les beats de Erlend Oye mais la motivation nous a quitté, et il est l'heure d'aller se coucher. Dans 3 heures, un bus me ramènera en France.
artistes
    Josh Rouse
    Steve Earle & the Dukes
    Sonic Youth
    Gang of Four
    Christina Rosenvinge
    The Wedding Present
    They Might Be Giants
    The Go! Team
    Erlend Oye
    Don Nino
    Coralie Clement
    Bertrand Betsch
    Francoiz Breut
    Experience
    Dominique A
    Helena
    The married Monk
    Daniel Darc
    Oslo Telescopic
    M83
    Sammy Jo Dj
    Mate
    Grabba Grabba Tape
    Dogs Die In Hot Cars
    The Dirtbombs
    The Futureheads
    Astrud
    Out Hud
    Polysics
    Les Georges Leningrad
    Wighnomy Brothers
    Text Of Light
    The Czars
    Vic Chesnutt
    Tortoise
    Echo & the Bunnymen
    Nadadora
    Guillamino
    (Lo:Muêso)
    Allison Moorer
    Ovni
    The Cheese
    Loren Y Yo
    Veracruz Soundsystem
    Girls Spin The Hits
    Cesar Lores
    Miqui Puig
    Dj Coco