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Rock en Seine

Paris, du 28 au 30 août 2009

Live-report rédigé par Fab le 29 août 2009

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Après une dernière journée gâchée par l'annulation de la venue d'Amy Winehouse l'année passée, c'est avec une affiche pour le moins alléchante que le festival Rock en Seine se devait de redresser la barre pour sa septième édition de rang. Las, malgré une succession de prestations de qualité tout au long de cette première journée, c'est la séparation dramatique et irréelle d'Oasis, provoquée par une violente altercation entre Liam et Noel Gallagher, que l'ensemble du public avait au bout des lèvres à l'heure de quitter le site...

 

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Retour en arrière quelques heures plus tôt. Après que James Hunter ait lancé avec une certaine réussite les festivités, c'est un Just Jack tout sourire que le public découvre une demi-heure plus tard sur la Grande Scène. Accompagné par quatre musiciens et une choriste omniprésente, le londonien tente, sans jamais totalement mener à bien sa tâche, de provoquer les premiers pas de danse du jour. Non pas que son répertoire ne contienne pas un nombre suffisant de compositions dignes d'intérêt, mais plutôt en raison de ses aptitudes scéniques à proprement parler. Quand bien même Writer's Block, Glory Days ou encore Starz In Their Eyes lui permettent de sauver les apparences et de justifier sa présence, l'ensemble manque de liant, de précision et plus simplement d'âme pour mériter notre attention totale le temps de ce concert pour le moins mitigé.
Le constat découlant du concert proposé dans la foulée par Keane est quelque peu différent. Si la plupart des anciennes compositions jouées, Everybody's Changing en tête, demeurent tout aussi appréciables et touchantes qu'au premier jour, l'attitude et le jeu de scène d'un Tom Chaplin trop exalté pour être sincère agacent tout autant que les chansons extraites de l'album Perfect Symmetry peuvent être surchargées d'effets et basées sur des sonorités grossières et indigestes. Passés quelques titres, l'agacement prend ainsi le pas sur la satisfaction, et c'est au final avec quelques regrets à la vue des aptitudes passées des londoniens que le concert est rangé aux oubliettes.

 

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Un rapide détour vers la Grande Scène nous permet de découvrir Asher Roth dont le hip-hop poseur et sans réel intérêt nous amène à une pause méritée dans l'un des nombreux bars du site en attente du premier temps fort de la journée : Yeah Yeah Yeahs. Quelques mois après la sortie de It's Blitz et un concert somme toute réussi dans la salle du Bataclan, Karen O et son groupe livrent une heure durant une prestation sérieuse et appliquée mais certainement pas dénuée d'un brin de folie apporté par la vocaliste. Survoltée et amenée à effectuer moult changements vestimentaires, l'américaine mène sa troupe à la baguette, les classiques passés (Gold Lion, Tick, Phenomena...) ou en devenir (Heads Will Roll, Zero...) se mêlant pour le plus grand plaisir d'un public dynamique jusqu’à l'explosion finale de Date With The Night amplifiée à grands coups de lancers de confettis. Sans chercher à minimiser l'importance de Nick Zinner et Brian Chase, efficaces à défaut d'être mis en avant, Karen O aura dynamité avec une facilité déconcertante un public n'attendant sans doute que cela pour lancer définitivement la journée sur de bons rails.

 

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Si l'écossaise Amy McDonald réussit son examen de passage face au grand public, sans doute plus grâce à sa collection de reprises qu'à sa voix maitrisée et pour le moins marquante, c'est bel et bien aux vétérans de Madness que nous devons un nouveau set réussi. En débutant leur concert avec le très attendu One Step Beyond, les londoniens choisissent d'offrir immédiatement au public ce que celui-ci est venu chercher : LE tube qui a vu le groupe marquer la mémoire populaire. Avec dix musiciens sur scène, du vocaliste à la batterie en passant par la guitare, le piano et moult cuivres, Madness disposent d'un attirail conséquent pour charmer leur auditoire, ceux ne se faisant pas prier quand bien même l'énergie et l’entrain déployés par Graham McPherson et Chas Smash semble subir le poids des années. Si le concert n'aura peut-être pas su convaincre les plus jeunes, il ne fait aucun doute que les trentenaires et quadragénaires auront apprécié à sa juste valeur la prestation du soir, sincère et fidèle à un certain état d’esprit jamais renié.

 

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Retour vers la Grande Scène pour des Vampire Weekend très à l'aise et dont la côte de popularité semble encore une fois avoir franchi un cap à en voir la réaction d'un public nombreux et sous le charme dès les premiers titres. Il semble ainsi approprié de saluer l'état d'esprit très positif du groupe, son capital sympathie évident, un univers musical fièrement exposé ou les capacités vocales au-dessus de la moyenne d'Ezra Koenig, mais ces qualités ne cachent pas un manque d'énergie criant et certaines redondances perceptibles sur la durée. Avec un seul album au compteur, les quartet parvient malgré tout à toucher sa cible à plusieurs reprises au milieu des temps morts, notamment grâce à une poignée de compositions de haut-vol à l'image de A-Punk et Cape Cod Kwassa Kwassa. Au final, une simple formule résume notre ressenti : peut mieux faire.
La nuit commence à tomber sur le Parc de Saint-Cloud et Bloc Party sont fin prêts pour ce qui restera au final comme le concert le plus convaincant de la journée. Parfaitement rôdés après avoir écumé maintes scènes d'Europe au cours des douze derniers mois, les quatre anglais débutent leur set comme à leur habitude : si Kele Okereke tient son rôle de maître de cérémonie avec brio alors que le jeu de Matt Tong se révèle une fois encore débordant d'énergie, Russell Lissack et Gordon Moakes assurent le strict minimum avec une certaine assurance. Le public est au rendez-vous, massé du début à la fin à proximité de la scène, et n'hésite pas à lancer moult pogos ou slams au son des Banquet, lancé par Song for Clay (Disappear Here), Positive Tension, Mercury ou Hunting For Witches. A mi-chemin, alors que le récent single One More Chance vient de s'achever et de brillamment réussir son examen de passage français, le leader du groupe s'interrompt quelques secondes avant de faire l'annonce conditionnant la fin de la soirée : Oasis annulent leur concert. Étonnamment revigoré par la nouvelle et ainsi autoproclamé tête d’affiche, le groupe accélère le rythme pour se faire plus bluffant que jamais, allant même jusqu'à allonger son set via Like Eating Glass avant de quitter les lieux sur Flux et un Helicopter excitant et explosif comme au premier jour.

 

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De la jubilation à la déception il n'y a qu'un pas que le public franchit quelques minutes plus tard avec l'officialisation du renoncement d'Oasis, une triste nouvelle que l'ajout d'un second concert de Madness sur la scène principale du festival, à l'identique du premier, ne parvient pas à gommer. Un mythe s’est peut-être effondré ce soir au Parc de Saint-Cloud en laissant ses nombreux fans en détresse, voilà peut-être l’enseignement à retenir d’une journée qui avait tenu, jusque là, la plupart de ses promesses.
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