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Transmusicales

Rennes, du 2 au 5 décembre 2009

Live-report rédigé par François Freundlich le 5 décembre 2009

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C’est reparti pour un jeudi rennais encore plus spécial que les autres. Dans l’après-midi, la salle du 4bis propose toujours de découvrir des groupes français en devenir. J’arrive pendant le set de Reggiori Project qui délivre son électro accompagné de voix féminine enregistrées. Il semblerait que la moitié du groupe était encore à l’école à cette heure donc nous excuserons la prestation. .Je tente de rester pour Framix mais je déchante très vite : des palmiers, des chants d’amour en français sur du reggae, tout ce que j’aime. Tentons autre chose sous les chapiteaux du village où j’arrive pendant l’enregistrement d’une radio locale avec le chanteur de Roken Is Dodelijk. Ce groupe repéré par la blogothèque, très attendu pour ma part, se produira samedi. En attendant, le chanteur propose un showcase acoustique solo au ukulélé. Le répertoire pop-folk du groupe est réarrangé pour l’occasion avec une reprise rigolote de Wonderwall en bonus. On en reparle samedi.

Retournons au 4bis pour voir si tout espoir n’est pas perdu. Le trio lillois de Cercueil y livre un rock puissant porté par la voix sulfureuse de Penelope qui n’est pas sans rappeler celle de Anneke Von Griesbergen de The Gathering. Le rythme est lent mais le guitariste de Gomm livre des riffs stridents accompagnant la chanteuse au clavier et quelques passages electro. Une expérience plaisante au final.
Il est 18h et une vidéo teasing sur Dailymotion invitait les rennais a se rendre ce jeudi devant le 4bis à 18h pour une surprise. Un mur / écran géant a été installé sur la façade du bâtiment, permettant d’afficher des messages via Twitter ou téléphone mobile. L’écran s’éteint pour laisser place à une vidéo rétrospective de 30 ans de Transmusicales avec photos et musiques d’artistes marquants. Kurt Cobain, Thurston Moore, Stephen Malkmus ou des groupes plus obscurs sont alors les rois de l’esplanade Charles de Gaule, faisant raisonner le son devant des passants interrogatifs. Les DJ de Modul Club apparaissent alors pour un mix live, filmé depuis la cabine de projection. Un remix de Flatbeat de Mr Oizo retentit sur la place mais le froid a raison de moi. Je me dirige naturellement vers le point le plus chaud de Rennes : l’Ubu.

Le concert des Rennais de Complot débute et c’est complet. Le groupe est de retour quatorze ans après ses premières Transmusicales pour livrer un set mélangeant new wave et electro. Le chanteur a la particularité d’annoncer en murmurant le nom de chaque chanson puis d’utiliser le sample par la suite. Le chant en français est grave est intrigant, on retient quelques passages krautrock intéressants. Leurs compositions sont néanmoins très complexes et on peine à y entrer et à y adhérer.
Voilà plusieurs années que l’on me parle des Transmusicales au centre ville dans la salle du Liberté, en rénovation lors des dernières éditions. Dirigeons nous vers cette salle flambant neuve. Le moins que le on puisse dire est que les travaux sont réussis : le son dans la grande salle de 6000 places est très bon et la soirée affiche complet. Le DJ Oof fait patienter la foule en attendant la suite. Il mixe des vidéos de vieux films français (La Soupe Aux Choux…) en y remixant la musique.
The Whitest Boy Alive est le premier groupe de la soirée. Démarrant sur Keep A Secret, les norvégiens proposent une pop toute en subtilité et en charme, bercée par la profonde voix d’Erlend Øye (Kings of Convenience). Alors que le début du set est assez calme, le groupe propose des chansons plus dansantes et les membres jusque là assez concentrés et discrets ont soudainement la bougeotte. De longues plages instrumentales réjouissent un public prêt à s’enflammer. C’est chose faite quand le leader l’y incite en haranguant la foule avant d’entamer le tube Burning. Le groupe parvient à faire de l’electro mais sans machine et uniquement avec un son rock. Les quatre membres sont alignés sur le devant de la scène avec un batteur sérieux et des nappes de synthé ajoutant au coté pop des morceaux. Le son est parfait et cette voix douce et très touchante prend tout le monde aux tripes. Un concert qui restera comme un grand moment du festival, entre douceur et excitation.

Le groupe expérimental 78 RPM Selector investit ensuite l’Etage, la petite salle du Liberté. Il s’agit d’un trio mixant des disques 78 tours sur de vieux gramophones, accompagné par du beat box. C’est l’affluence dans cette salle de 800 places assez mal agencée car très profonde et peu large : on peine à apercevoir quelque chose.
Retournons donc dans la grande salle où VV Brown s’apprête à faire le show. L’anglaise au look délicieusement rétro jaillit pour nous livrer ses tubes, déjà bien connus du public. Entre Soul et rock 50’s, les refrains immédiatement accrocheurs font danser la foule. Le titre I’m Crying Blood, utilisé dans la bande annonce du festival, fait bien sûr son petit effet, il se termine en version reggae / dub. VV a la curieuse habitude de citer les noms de marque ou des séries TV dans lesquels sont apparues ses chansons. Je ne sais pas si c’est dans le contrat ou si c’est pour se crédibiliser mais c’est assez étrange et cela freine un peu mon engouement pour le groupe. Passé l’autre tube, Leave, cela reste assez inégal et certains titres sont tout de même assez faibles et approximatifs dans l’interprétation. Un concert amusant mais qui pas vraiment emballant sur la longueur.
Les canadiens de Beast investissent l’Etage, portant assez bien leur nom. Leur Hip-Hop bestial porté par la rappeuse à la voix rauque Betty Bonifassi est teinté de riffs de guitare ravageurs. Le guitariste, mais aussi claviériste puisque un synthé est encastré dans sa guitare, sature la salle d’un rock abrasif et de beats electro. L’occasion de se rendre compte que la qualité du son laisse à désirer dans cette salle qui ne donnera pas vraiment l’envie aux rennais d’y revenir. Il faut s’approcher de la scène pour entendre quelque chose de correct mais la foule est dense. Un concert prometteur peut être gâché par de mauvaises conditions mais l’énergie de Beast a tout de même enthousiasmé.

Pour calmer un peu nos oreilles, le collectif Abaraham Inc. débarque sur la grande scène. Il est composé de pointures du jazz : le clarinettiste de génie David Krakauer, le tromboniste Fred Wesley et de l’arrangeur hip-hop Socalled. D’autres musiciens et un rappeur les accompagnent pour un concert entre funk, jazz, hip-hop et rythmes juifs d‘Europe de l’est. Un grand mélange d’influences internationales, à l’image du titre Tweet Tweet : on pourrait imaginer que tous ces styles musicaux se sont rejoints sur Twitter pour créer un style assez unique. Le son de la clarinette, justement, est tout simplement limpide et profond tandis que le flow du rappeur fait bouger la tête. Une musique particulière pour un style qu’on n’a pas l’habitude d’entendre mais qui est finalement accrocheur.
C’est au tour du duo anglais Hook & The TwinBang Bang Cherry est jouée up-tempo et transforme l’Etage en dancefloor, pour les chanceux ayant réussi à accéder à la salle bondée. Les couches instrumentales se superposent pour arriver à une structure complexe, la batterie apportant un coté organique nécessaire. On reste néanmoins sur sa faim après seulement moins d’une demi-heure de concert.
Restons dans cette salle dans l’optique d’attendre le prochain groupe et surtoût de ne pas être repoussé dans le fond. L’occasion d’écouter DJ Sandra, jeune russe qui prend les platines, pour des mixs entre techno et électro pop. Elle fait en tout cas plaisir à regarder…

An Experiment On A Bird In The Air Pump n’est pas un side-project des shadoks mais un trio d’anglaises qui va se défouler à l’Etage. Lancées dans la musique grâce aux encouragements de Sharin Foo (The Raveonettes), les trois filles à frange font un peu peur au premier abord car elles n’ont pas l’air commode. La batteuse frappe de toute ses forces tandis que les deux bassistes et chanteuses saturent des morceaux shoegaze courts mais au son très fort. Energie punk et débauche de reverb, le son d’An Experiment est lourd. Malgré tout, on tient difficilement la longueur du concert car les titres se ressemblent, surtout avec une qualité de son médiocre.
Pour terminer cette soirée, la chorale serbe Vrelo propose un concert atypique dans la grande salle. La Serbie n’est pas que un pays qui nous a éliminés en football, elle est également une terre de folklore et de traditions. Six jeunes filles mélangent leurs voix sur le devant de la scène en faisant des danses traditionnelles en ligne ou en ronde. Faut-il le prendre au second degré ? Quoiqu’il en soit on ne reste pas insensible à ce groupe. Coté musical, un batteur et un bassiste propose un mélange électro drum’n’bass.

Malgré ma volonté à vouloir tester les danses serbes à 2h30 du matin, l’épuisement me fait achever cette soirée principalement marquée par la prestation de The Whitest Boy Alive. A demain pour la soirée au Parc des Expositions !
artistes
    Del Cielo
    Complot
    Reggiori Project
    Framix
    Cercueil
    National Parcs
    Gaëtan Roussel
    Oof
    The Whitest Boy Alive
    V.V. Brown
    Abraham Inc.
    Vrelo
    DJ Sandra
    78 RPM Selector
    Beast
    Hook & The Twin
    An Experiment On A Bird In The Air Pump