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Transmusicales

Rennes, du 2 au 5 décembre 2009

Live-report rédigé par François Freundlich le 6 décembre 2009

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Ce troisième jour des Transmusicales débute à la salle de la Cité ou les américains de Brightblack Morning Light ressuscitent le psychédélisme 70s avec des thèmes lancinants et répétitifs. Le concert débute par une longue introduction déstructurée. Ces ermites folks assis derrière leurs instruments mélangent des rythmes de batterie et clavier vintage lents avec une guitare fuzz vibrante, déraillant sur la mélodie. Ils enchainent les chansons sans temps mort,s restant dans l’ombre, jusqu’au moment où le chanteur Nathan Shineywater décide de se lever pour rendre la scène un peu moins statique et rompre la monotonie. Sa voix pesante se fait entendre une dernière fois pour dénoncer la guerre dans le monde. Au final, un concert intéressant dans la lente évolution de la structure de chaque morceau mais assez ennuyeux.

C’est au tour du groupe Gablé de changer radicalement l’ambiance dans la salle. Gablé est un quintet folk-electro-expérimental de Caen, mélangeant guitares acoustiques, bidouillages sonores et percussions diverses à base d’ustensiles de cuisine. Les voix des deux guitaristes se mélangent avec celle de la souriante Gaelle, bidouilleuse de machines et de xylophone à la voix enfantine. Une violoncelliste apporte une profondeur plus tragique aux morceaux. Le batteur quand à lui frappe ses casseroles quand la rythmique n’est pas débordée par de gros murs de sons électro qui tranchent soudainement avec de petites mélodies innocentes. L’innocence de cette musique n’est pas sans rappeler les tout débuts du groupe Dionysos dans les 90’s. Mais eux vont plus loin, car on ne sait jamais ce qu’il peut arriver dans ce show.
Leurs chansons sont parfois intenses, parfois drôles : comment ne pas rire face à un titre qui remixe les bruits de l’émission TV Motus en épelant des mots ? Pour l’occasion Gablé fait participer une chorale qui s’invite sur scène pendant un intermède techno. Soudainement la musique s’arrête et les chœurs retentissent, devant un public sous le charme. Ils n’hésitent pas à distribuer une trentaine de guitares acoustiques à la chorale pour un passage folk bruitiste. Après Sonic Youth, Gablé réinvente le noisy joué par des personnes âgées. Le concert continue sans la chorale et le guitariste enfile un masque d’Elvis pour un passage solo. Leur show se termine sur une chanson plus intense et colérique ou l’autre guitariste détruit sans vergogne la cagette en bois qu’il brandit devant lui pendant certaines chansons. Un dernier rappel avec la chorale et c’est déjà terminé. Un moment exceptionnel et je n’ai qu’une envie : revoir ce groupe qui va devenir mon nouveau groupe français fétiche.

On repart vers les Etats-Unis avec le songwriter Cass Mc Combs, peu connu malgré ses quatre albums. Les Transmusicales rendent hommage à cette folk-pop sombre et touchante. La voix de Cass est aussi bouleversante que ses chansons magnifiquement écrites, nous rappelant un Conor Oberst ayant ingurgité Morrissey. Il est accompagné d’une claviériste, d’une bassiste et d’un batteur pour des arrangements qui restent assez dépouillés. Tout en finesse et en chaleur, un petit moment de tendresse est offert à un public qui a malheureusement déserté les lieux. Je ne peux pas rester pour la fin du concert pour être à l’heure au parc des expositions.
Les Transmusicales reprennent donc leurs droits au Parc des Expositions pour une soirée de divagation entre les Halls. Alors que les lieux sont encore presque vides, les normands de Chocolate Donuts proposent leurs petites friandises power-pop électriques portées par la voix cassée du jeune chanteur donnant au tout un coté punk teenage. On ne sombre néanmoins pas dans la facilité puisque les compositions sont là. Le groupe lance idéalement la soirée avec son single Party on The Moon qui va certainement faire reparler de lui tellement il est accrocheur.

On quitte le Hall 4 pour le 3 où les islandais de FM Belfast sont arrivés à bon port. Seulement trois sur scène au départ, sans aucun instrument : uniquement deux voix, un ordinateur et une cymbale qui traine dans le fond. Alors que très peu de monde est arrivé et avant même de commencer à jouer, on nous explique qu’il va falloir se baisser pendant le refrain. Ambiance danse des canards mais tout le monde joue le jeu. On croit alors à un concert dépouillé mais ce sont des beats electro ravageurs qui surgissent pour, déjà, faire danser les festivaliers. Le concert va aller en crescendo puisque le hall se remplit rapidement et des fans débarquent avec des drapeaux islandais et pancartes en cartons, invectivant un groupe assez surpris. Les voix de la déjantée Lóa Hlín Hjálmtýsdóttir et de Árni Rúnar Hlöðversson se mélangent, faisant penser à ces mélodies pop chantées à tue-tête dont les scandinaves ont le secret.
Mais si les voix sont sucrées, la musique est terriblement dansante et jouissive. Deux membres supplémentaires du groupe débarquent sur scène avec des percussions : un gros barbu avec un Agogo et un petit à gilet et nœud papillon qui nous gratifiera de quelques danses lascives. Le groupe est au complet et fait plaisir à voir par lsa bonne humeur. Ils peuvent ainsi retirer leurs pantalons pour entamer Underwear et ses parloles « we are running down the street in our underwear ». Histoire vraie puisqu’ils ont perdus leurs pantalons aux Pays-bas un jour. Les fans s’emballent et tout le monde saute joyeusement, ce groupe est une bouffée d’air frais. Quelques paroles de Welcome To The Jungle où un « Fuck you, I won’t do what you tell me » sont glissés dans les mixes pour énerver tout le monde. FM Belfast, c’est bon, mangez-en.
Je recroiserai la chanteuse plus tard dans la soirée en train de courir partout en secouant les bras en l’air, confirmant leur folie à la ville comme à la scène.

On tente d’aller voir la fin de la chorale de filles GAGGLE qui chantait en même temps au Hall 9 mais le concert, déjà terminé, a du être très court. Etrange car si celui-ci avait été programmé plus tard, il aurait évité une pause de trente minutes sans musique ! En effet, Slow Joe & The Ginger Accident sont en retard et il ne reste qu’à se retrancher au bar. Le concert de Slow Joe, déjà aperçu à l’Ubu mercredi, perd un peu de son coté intimiste dans ce grand hall mais touche une frange plus âgée du public.
Les plus jeunes se dirigent vers le hall 3 où les écossais de The Phantom Band vont électriser la soirée. Le sextet propose un pop rock sombre portée par la voix de son leader à la voix grave Duncan De Cornell, en fantôme de Ian Curtis. Ajoutons à cela un petit clavier bien placé et on obtient un groupe qui fera surement parler de lui bien que ses membres soient assez discrets sur scène. On pense aux dernières sorties de The National quand le groupe entame The Howling tout en restant dans une tradition rock scottish avec un rythme assez posé. Un concert plaisant des ectoplasmes, qui ont peut-être manqué de se lâcher à un moment ou à un autre.

Restons en Grande-Bretagne avec Detroit Social Club, dernière sensation de la scène de Newcastle. Digne héritier de la veine brit-pop, ce quintet dévoile des compositions plus accrocheuses les unes que les autres. Faisant raisonner sa voix à la manière d’un Liam Gallagher sur des mélodies rappelant les débuts des Stereophonics, David Burn enflamme le Hall 4 de petits bijoux pop aux accents électriques. Le tube Sunshine People, que l’on réentendra certainement sur les ondes, est chanté en chœur et la réaction du public est immédiate. La rythmique est très présente sur l’ensemble des morceaux, laissant parfois de coté la guitare de coté tandis que plusieurs chansons sont entonnées au chant par l’ensemble du groupe. Un bon moment de rock’n roll au final.
Il est 00h30 et l’évènement de la soirée, le concert de Fever Ray, débute dans le grand hall 9. On nous a promis une débauche d’installation lumineuse et on n’est pas déçu avec de gigantesques lasers verts géants qui traversent le hall de part en part ou en formant des triangles. Le groupe reste dans une ombre formée par de vieilles lampes clignotantes réparties sur la scène. Je m’attendais à des installations vidéo en rapport avec les superbes clips mais c’est au final beaucoup plus simple. On n’aperçoit que les silhouettes des costumes des protagonistes du groupe, Karin Dreijer Andersson est elle au centre dans un costume apparemment recherché mais dont on n’aperçoit que les contours rappelant un ursidé.
Le son est planant avec des basses puissantes, assurant de passer un moment transcendantal. Les couches instrumentales se multiplient et s’ajoutent à une voix lumineuse qui donne juste envie de fermer les yeux et de se laisser envahir. Le concert débute par un inquiétant If I Had A Heart, lequel plonge le hall dans une ambiance tourmentée. Triangle Walks et ses touches de synthé font remuer lentement un public qui en prend plein les yeux et les oreilles. Le moment phare reste ma favorite Keep The Streets Empty For Me avec son texte tellement touchant et son rythme lent et lointain. On a légèrement la frousse quand un des musiciens vient brandir une sorte de sceptre sur le devant de la scène alors qu’on n’aperçoit que son ombre et que le son est assourdissant. Le concert se termine dans un déluge d’infra basse ; donnant l’impression d’avoir échappé à la réalité pendant cette heure.
Pourquoi quitter la Suède quand le quatuor électro The Field entre en scène dans le Hall 3 ? Les deux DJs, accompagnés d’un batteur et d’un bassiste apportant une touche pop, proposent un son rafraichissant et dansant. Une curieuse photo d’un poteau électrique est animé derrière eux mais ce sont bien les machines qui sont à l’honneur pour lancer la fin de soirée qui sera à l’image de ce set, dédiée à la musique électronique.

Cette troisième journée fût bien remplie : la scène française s’est trouvée un groupe plus que prometteur avec Gablé. Cass McCombs nous a fait vibrer, FM Belfast nous a étonné et Detroit Social Club nous a électrisé. Fever Ray, quand à elle, restera comme la prestation magistrale de la journée dont on ne ressort pas indemne.
artistes
    La Terre Tremble
    Nimh
    Bright Black Morning Light
    GaBlé
    Cass Mc Combs
    I'm Fresh! You're Pretty!
    Poor Boy
    TV Glory
    Les Associés Crew
    Révolution
    69
    Gaëtan Roussel
    Florian Mona & Son Caravane Sofa Tour
    Mister Eleganz As DJ
    Chocolate Donuts
    Lost Valentinos
    Detroit Social Club
    Major Lazer
    DJ Morpheus
    Modul Club
    Round Table Knights DJs
    FM Belfast
    The Phantom Band
    Jessie Evans
    The Field
    The Popopopops DJ Set
    The Wankin' Noodles
    DJ Kosmo Pilot
    Gaggle
    Terry Lynn
    Fever Ray
    Aeroplane
    Solillaquists Of Sound