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Transmusicales

Rennes, du 2 au 5 décembre 2009

Live-report rédigé par François Freundlich le 7 décembre 2009

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Le samedi des Transmusicales est toujours un moment d’anarchie générale dans le centre ville de Rennes. On l’oublie parfois, mais cet instant arrive, on est étonné tout en appréciant ce bordel général. Pour ma part j’ai décidé de passer l’après-midi dans la salle du 4bis où de petits groupes prometteurs vont se relayer sur la petite scène.

I Come From Pop est un trio brestois de pop douce aux accents folk. On est tout de suite attiré par la voix particulière de son chanteur, très aigüe et féminine, pouvant rappeler Herman Dune. On se demande d’où vient ce chant limpide qui berce de sympathiques mélodies. Idéal pour commencer une journée en douceur, surtout quand on sait comment elle va se terminer…
Les nantais de Elephanz leur succèdent : le groupe est composé de deux frères au chant, guitare et clavier, et d’une rythmique basse - batterie. Leur chanson Do You Like My Song? a fait parler d’elle sur la compilation du festival comme un single évident qui pourrait tourner en boucle. Elle fait réagir dans le public quand le claviériste entame l’introduction au piano et le refrain au mégaphone. Les frangins ont un coté poseur qui ne manque pas de faire tourner la tête des jeunes filles. Mais le groupe a d’autres titres accrocheurs dans sa sacoche, tel Henri IV. Un mélange de sons de clavecins et d’électrique, ça ne réinvente rien mais ça reste plaisant. En attendant le concert suivant, c’est l’affluence pour entrer dans la salle et une file de 300 personnes attend sous la pluie alors que l’organisation perd son sang froid.

Le collectif lillois de Roken is Dodelijk, littéralement Fumer c’est mortel, arrive en nombre sur la petite scène pour calmer le jeu. Repérés récemment avec leur Concert à Emporter assez réussi, leurs chansons aux arrangements soignés sont autant de petits moments de plaisir folk pop. Le charismatique chanteur accompagne sa guitare d’une voix prenante et un brin éraillée associée à des xylophones, glockenspiel et une claviériste irrésistible à la voix soprano. Ces six là ont écouté Arcade Fire dans leurs contrées et la touche d’humour second degré donne le sourire aux lèvres quand ils demandent au public de participer pour faire le loup ou d’autres bruits excentriques. Deux ans après les bars en Trans, le groupe s’impose comme une révélation de cette édition : Roken is Fantastijk !
Mon escapade dans les rues de Rennes pour arriver à la salle de la Cité va tourner court puisque la salle affiche complet. Vu le succès de cette édition, il fallait bien que ça arrive et je laisse ma place pour mieux rebondir au Parc des Expositions. Le samedi soir est lui aussi complet depuis plusieurs jours pour une soirée électro teintée de moments de rock’n’roll.

Le très attendu Sixto Rodriguez est le premier à se produire dans le Hall 3 en ce début de soirée. Accompagné par une bénévole pour l’aider à entrer sur la scène, on craint qu’il soit un peu rouillé mais on va vite se rendre compte que la légende est toujours bien là quand il s’agit de saisir une guitare. Dispersant son folk intemporel aux accents bluesy devant des fans proches de l’hystérie, il subjugue par cette voix profonde qui n’a rien perdu de son charme depuis son album culte des 70s, Cold Fact. L’atmosphère se fait soudainement reposée, sereine ; on écoute ces compositions comme un moment de communion autour d’une guitare magique et d’un clavier d’une époque dorée. Les solos de guitare sont tranchants et les passages instrumentaux alternent avec des textes poétiques, philosophiques ou psychédéliques à l’image de Sugar Man. Ce tube ultime est déclamé dans un silence respectueux, comme si ce qui se passait était hors du temps et de toute chose. Sixto le poète discute également entre les morceaux en donnant de petits conseils d’ancien qu’il est. Ce concert est aussi l’instant de calme avant la tempête qui sévit dans les autres halls. Rodriguez, c’est la classe incarnée et une musique qui restera, tout simplement.
Sans transition aucune, je me dirige vers le grand Hall 9 ou le concert de The Japanese Popstars a déjà commencé. Ces deux DJs ne viennent pas du pays du pays du soleil levant mais d’Irlande du nord, évidemment. Ils sont accompagnés d’un troisième acolyte devant un synthétiseur… mais ne me demandez pas en quoi il participe car on est bien là dans l’électro la plus fracassante. Devant un lightshow plus époustouflant que pour tous les concerts de ce hall, c’est déjà la folie du coté du public. De mon coté, je pense qu’il me fallait un moment pour me remettre du concert précédent, et je repars donc peu convaincu.

Mr Oizo enchaîne directement et les choses sérieuses commencent. L’espace vital de chacun est de plus en plus réduit et les membres de l’audience commencent à jumper les uns sur les autres à l’avant de la fosse. Je m’approche au plus près pour en prendre plein les oreilles et je ne suis pas déçu. Alors que des lasers géants aveuglent le public, le son de Mr Oizo est puissant et son dernier tube en date, Positif, est remixé pour l’occasion en « vous êtes des animaux, vous avez la grippe A, vous allez tous mourir à Rennes ». Il l’enchaine avec Les Petits Pilous / Wake Up de Boys Noize, puis Aerodynamic de Daft Punk. Quentin Dupieux donne l’impression qu’il sait comment me rendre complètement fou, car entendre ces titres avec un son qui fait trembler les organes me rappelle les meilleurs moments des concerts de ces deux groupes. Daft Punk sera à nouveau à l’honneur avec des remixes de Human After All et Harder Better Faster Stronger. Flatbeat est bien sûr de la partie pendant qu’un festivalier brandit la peluche jaune, avatar de Mr Oizo. Un autre festivalier se dresse debout au-dessus de la foule, sur les épaules d’un autre. Le tube qui date d’il y’a dix ans déjà est enchainé avec M-Seq, et les titres de son album Lambs Anger sont remixés pour offrir aux Trans le sommet électro de l’édition.

Après deux heures passées dans le chaudron des premiers rangs, je ressors un peu perdu. Il est temps de revenir vers le rock avec le duo canadiens The Carps dans le Hall 3. Ils ne sont que deux mais développent une énergie à faire trembler les murs autant que les machines des autres groupes. Le batteur de génie Jamal Tongue chante de sa voix soul tout en enchaînant un rythme à une cadence hallucinante. Le bassiste Neil White fait sonner son instrument comme une guitare frémissante avec l’attitude et la classe d’un Prince.
Mélangeant un son punk rock et des influences Motown, les riffs sont tendus à l’extrême et donnent l’impression d’un enchaînement de tubes rock’n’roll tout en puissance. The Carps est une rencontre entre un son menaçant et grave d’une basse déraillée, d’une batterie punk et d’une voix puisant dans le R’n’B pouvant faire penser à Usher à certains moments. Sur certains morceaux, c’est un synthé de quasi-infra basses qui accompagne un rythme alors mis en avant. Sur le dernier morceau, Jamal n’hésite pas à se lever pour venir chanter sur le devant de la scène où il montre son coté showman. On imagine ce que serait le concert s’il se concentrait sur le chant mais il restera le batteur qui aura marqué le festival. Ce show aurait réveillé les morts et j’en ressors prêt à affronter la suite.
Un petit détour par le Hall 9 pour voir une petite partie du set du DJ français Popof et son écran géant. Des images psychédéliques sont diffusées alors que le son se fait plus minimaliste mais les murs de basses sont toujours là. Je m’éloigne pendant un remix de la musique du flic de Beverly Hills. Rendez-vous au Hall 4 où DJ Haze propose une ambiance toute autre avec Run DMC ou Will Smith entre deux concerts.

Puis, les danois de The Politics offrent leur premier concert en dehors de leurs frontières. Avec ce mélange de hip-hop et de new wave, on est surpris par des arrangements peu communs. Le rappeur David Boyd débite son flow plutôt bon et nous gratifie de quelques acrobaties de danse hip-hop tandis que des synthétiseurs rappelant des instants peu glorieux des années 80 l’accompagnent. C’est dans ces moments que l’on se dit que, parfois, il faudrait laisser ces années au placard. Les chansons sont basiques et racoleuses et le public a l’air d’apprécier. Boyd fait crier la foule et réclame la révolution. De mon coté, je m’apitoie en essayant de trouver quelque chose de positif tout en faisant le deuil d’une soirée parfaite jusque là. A oublier.
Retournons au Hall 9 en traînant un peu pour un DJ Set de South Central devant des écrans LED et des stroboscopes. Quelques bons enchainements avec The Prodigy, Justice ou Nirvana. Il est toujours appréciable d’entendre ces tubes au milieu d’une fosse avec un son aussi bon.

Les DJ turques Gooseflesh enchaînent sans temps mort un set explosif. Je décide néanmoins de prendre un peu de repos non sans avoir apprécier le remix de Bad de Michael Jackson. M’asseyant à l’arrière du hall, je croise nombre d’épaves endormies n’ayant résisté aux pièges de la soirée.
Il est 4h45, le temps de faire un dernier détour par le Hall 4 pour The Very Best. Heureusement, certaines boissons donnent des ailes. Des arbres géants sont installés sur la scène alors que le DJ présente ce collectif du Malawi, France et Suède. Le chanteur Esau Mwamwaya arrive sur scène pour transmettre la chaleur de sa voix. Il est accompagné d’un rappeur, lequel a tendance à trop vouloir fait crier le public) et de deux danseuses. Les chansons mélangent rythmes africains, électro et pop anglaise. Ca danse toujours dans l’assemblée qui a plus d’espace vital pour s’exprimer que dans le Hall 9. Un intermède avec Paper Planes de M.I.A engage un set qui sonne comme un croisement entre les cultures. Le groupe fait durer le plaisir puisqu’ils invitent des jeunes filles sur scène pour la transformer en dancefloor exotique sur le dernier morceau.

Au final, on peut bel et bien parler de réussite pour ces Transmusicales. La programmation a été à la hauteur et le public plus que jamais au rendez-vous avec 42000 festivaliers. Le retour au Liberté a tout de même été en demi-teinte : les prestations n’y ont pas été les meilleures et la qualité de son n’était pas au rendez-vous à l’Etage. Il était en outre très difficile de circuler dans ces espaces réduits. On retiendra tout de même The Whitest Boy Alive.
A l’inverse, la programmation du Parc des Expositions s’est révélée attrayante et les espaces plus confortables. A noter de très bons souvenirs avec Fever Ray comme moment phare, Detroit Social Club, FM Belfast, Rodriguez, The Carps ou Mr Oizo. Les découvertes françaises furent intéressantes également avec de très bonnes performances de Gablé ou de Roken is Dodelijk. Prenons les paris qu’on réentendra parler de tous ces groupes l’an prochain… et comme dirait Jean-Louis Brossard : YEAH !
artistes
    Complet
    The Guest Only
    West Indie Desires
    Django Django
    The Agitator
    Naomi Shelton And The Gospel Queens
    I Come From Pop
    Elephanz
    Roken Is Dodelijk
    Gaëtan Roussel
    DJ Haze
    The Narcicyst
    Push Up
    Groove Control
    The Politics
    DJ Ride
    The Very Best
    Fauna feat. Tremor
    Baris K & Mini
    Rodriguez
    BLK JKS
    The Carps
    Downtown Cuckoo
    Ezra Band & The Hot Machine
    Meneo
    The Twelves
    The Japanese Popstars
    Mr Oizo
    Popof
    South Central
    Gooseflesh
    Danton Eeprom