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Festival des Artefacts

Strasbourg, du 16 au 17 avril 2010

Live-report rédigé par François Freundlich le 19 avril 2010

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samedi 17
Ce samedi du Festival des Artefacts débute par l’annulation du concert que devait donner Luke, suite à une extinction de voix du chanteur Thomas Boulard. C’est ainsi Nada Surf qui commence son set plus tôt et pourra également le prolonger.

Le trio power pop est ovationné par un public féminin venu en nombre dans les premiers rangs. Les deux acolytes Matthew Caws au chant et à la guitare, et Daniel Lorca à la basse ont des looks radicalement différents, donnant l’impression de ne pas jouer dans le même groupe. Malgré cela, ils se complètent parfaitement et offrent leurs meilleurs tubes cadencés pour le live. On est très vite entrainé par des mélodies pop accrocheuses malgré le fait que cela tourne parfois trop au sirupeux pour jeunes filles sur certains titres. Qu’importe, la reprise du Electrocution de Bill Fox est magistralement interprétée et restera comme le moment phare du concert. Blizzard Of 77’ est jouée seul par Matthew en acoustique tandis que les cris redoublent d’intensité. Enjoy The Silence de Depeche Mode connaît une adaptation plus électrique et très réussie.
Matthew communique beaucoup avec le public, s’exprimant dans un français parfait. Il n’hésitera pas à nous faire chanter les chœurs, ou improviser une chorégraphie. On s’arrêtera avant de faire tourner les serviettes. Le rappel restera dans les mémoires puisque le groupe enchainera Popular (pour les vieux…), Always Love repris en cœur et enfin Blankest Year et ses « Fuck it » scandés par la foule. Un petit final explosif pour un bon moment passé en compagnie des New-Yorkais.

Le moment de chaleur de la soirée est arrivé puisque les mexicains Rodrigo y Gabriela entrent en scène, guitares à la main. Dès les premières notes, le flamenco au tempo accéléré va mettre le feu dans le public qui se met à danser et à sauter. Comment ne pas être impressionné par la technique affolante des deux comparses pinçant, battant ou tapant leur instrument avec une agilité hors-pair ? Sont-ils sponsorisés par Compeed contre les ampoules aux doigts ? Ces deux anciens membres d’un groupe de heavy métal font du flamenco comme ils joueraient du Metallica, et d’ailleurs ils en reprennent. Lorsque Rodrigo sort sa basse six cordes, on apprend en même temps toutes les possibilités de cet instrument.
Gabriela también va présenter le groupe d’une douce voix, cela sera le seul moment durant lequel on l’entendra car le show instrumental se suffit à lui-même. L’ambiance est chaude et les tubes s’enchaînent. Chacun y va de son passage en solo : Gabriela laisse glisser ses doigts dans des rythmes latins, assise sur la gauche de la scène. Rodrigo, lui, fait parler ses pédales d’effets debout sur le devant de la scène à la manière d’un guitar hero flamenco. Le rappel permet d’entendre la très attendue Tamacun, jouée toujours plus rapidement par nos deux « compadres » et agrémentée d’une improvisation des plus remuantes. Assurément le moment de joie collective de ce festival, une grande claque pour un duo unique.

C’est au tour du producteur – bidouilleur de sons Wax Tailor d’investir la scène, accompagné d’un violoncelliste, une violoniste et une flûtiste traversière. Le DJ est installé derrière une grande table de mixage prenant tout l’espace de l’arrière scène et des vidéoclips sont diffusés derrière lui. Divers intervenants viennent ponctuer l’accompagnement au chant : Charlotte Savary tentera de donner un aspect de sous-Massive Attack aux morceaux trip-hop proposés par Wax Tailor, sans convaincre vraiment.
Le duo de rappeurs anglais ASM viendra faire crier « yes yes yo » au public qui joue le jeu en remuant les bras. Au final, on tourne bien vite en rond et on s’ennuie assez rapidement malgré l’originalité apportée par les instruments, en particulier des arrangements à la flûte traversière très réussis. Il manquera quelque chose pour faire décoller ce concert pauvre en intensité, surtout en passant après les autres groupes.

La tête d’affiche de la soirée, les anglais d'Archive, s’installent sur la scène du Zénith Europe. Au premier abord, on peine à reconnaître ce groupe qui jadis nous a tant ému dans des concerts si particuliers. C’est avant tout Craig Walker qui nous manque puisque le nouveau chanteur à la voix éraillée d’un Liam Gallagher sans tripes ne convient pas vraiment à l’ambiance habituelle d’Archive. On est surpris de voir d’autres intervenants dont un rappeur à dread locks qui va gâcher la plupart des morceaux sur lesquels il interviendra.
Une chanteuse soul fait également quelques apparitions pour compléter ce nouveau line-up. La majorité des morceaux joués sont nouveaux, je ne reconnais donc pratiquement rien. Un concert de Archive sans Again ni Fuck U ? Rendez-nous les vrais Archive ! Le comble est que j’essaye d’entrer dans le concert en me remémorant la prestation magique de l’Olympia de Paris, mais rien n’y fait, je n’y parviens pas. La déception du festival est bien Archive qui ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes.

Pour terminer cette soirée en dents de scie, les DJ Chinese Man vont clôturer le festival en faisant remuer ce qu'il reste de public sur des mixes funk hip-hop ou parfois rock, notamment un remix intéressant de Light My Fire des Doors. Une prestation intéressante mais loin d’être transcendante. On retiendra de cette journée la pasión de Rodrigo y Gabriela qui ont enflammé le Zénith Europe et un concert de Nada Surf dont on ressort convaincu. La fin de soirée fût plus mitigée mais, sur les deux jours de concerts, cette 15ème édition des Artefacts aura apporté son lot d’émotion, de surprise et d’excitation. On ne peut que les encourager à continuer dans cette voie.
artistes
    Chinese Man
    Archive
    Wax Tailor
    Rodrigo y Gabriela
    Nada Surf