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Caribana Festival

Crans-sur-Nyon, du 9 au 11 juin 2010

Live-report rédigé par Aurélien le 10 juin 2010

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Une fois n’est pas coutume, en ce début de mois de juin, je me retrouve déjà au sein de la masse compacte d’une horde de festivaliers se dirigeant vers la ville de Nyon. Vous me direz : « En juin ? A Nyon ? Que diable peut-il faire là-bas un mois avant le grand raout musical annuel ? » Et bien la réponse est simple, je suis là-bas non pas pour participer au grand Paléo Festival, mais pour faire connaissance avec son cadet, le Caribana Festival. Moins remarqué que son grand frère, car de petite taille, ce dernier a pourtant toutes les cartes en main pour gagner en sympathie auprès d’un public bien décidé à faire la fête.

Au bord du lac Léman, côté suisse, les pieds dans l’eau, dans un parc champêtre verdoyant, le Caribana se décline en trois scènes, l’une réservée aux grosses pointures, une autre aux talents montants et pour finir une scène spécialement dévolue aux découvertes, privilégiant les prestations acoustiques. Quoique moins bien coté que le Paléo, l’endroit attire pourtant largement les foules, une population bigarrée, de toutes générations, prête à en découdre avec quatre soirées hétéroclites.
Premier acte, mercredi soir, le public est venu en masse pour voir les vétérans du hardrock Deep Purple. L’enthousiasme est tel que dès 19h, les allées sont déjà bien bondées pour assister au concert des allemands de The Baseballs sur la grande scène en guise d’ouverture. Ces derniers, très en jambes, nous servent un rockabilly des plus décoiffant, en revisitant à leur sauce 50s quelques-uns des plus grands standards radiophoniques populaires actuels. Accompagnés par les salves d’une contrebasse rythmée, d’une guitare affûtée et d’un piano endiablé, voir littéralement enflammé lorsque son propriétaire y boute le feu, le trio de chanteurs posent leurs brins de voix différentiables sur les tubes que sont I Don’t Feel Like Dancin' des Scissor Sisters, Sex On Fire des Kings Of Leon ou encore le très fade Hot'n'Cold de Katy Perry, qui s’avèrent tous être totalement métamorphosés. A défaut d’être réellement pris au sérieux, les trois vocalistes ont le mérite de divertir un public extrêmement joueur, qui n’hésite pas à suivre le cours de danse improvisé de Las Vegas le guitariste, de suivre les chorégraphies proposées par la joyeuse troupe ou encore de chanter sur un Umbrella de Rihanna complètement revisité. Un final en feu d’artifice, au propre comme au figuré, sonne la fin d’un premier concert qualifié de joyeux et mouvementé.

A peine le temps de découvrir le site du Caribana dans sa longueur, en se frayant péniblement un chemin dans un flot de festivaliers de plus en plus compact, que me voici planté devant la scène du lac où se produit le trio rock suisse Hell's Kitchen. Un groupe mûr pour une prestation rodée, mêlant rock à l’état brut et sonorités blues, devant un public très mature, composé de motards, hardeux et autres adeptes de bon vieux rock rugueux. La fin de ce concert sans histoire approche, j’en profite pour me placer dans la queue, déjà trop longue, du stand de nourriture le plus proche.
Le ventre plein de nouilles et l’envie de tester la scène de la plage, qui est littéralement perchée en dessus du rivage, se manifeste. Arrivé sur les lieux, quel plaisir, c’est un panorama lacustre admirable et des mélodies attirantes qui m’attendent. La faute à qui ? Aux quatre écossais de Kassidy, équipés du même nombre de guitares, qui nous offrent un concert « unplugged » tout en profondeur et en intensité. Le groupe gagnerait réellement à être connu si on se base sur cette courte prestation sans faute, qui a pu convaincre une centaine de mélomanes adeptes de bon rock. Il faut dire que les quatre chevelus dégagent un certain charisme et semblent, lunettes sombres vissées sur le nez et barbes de deux semaines assumées, être voués à une carrière de rocker en collant parfaitement aux critères du rôle en question. De belles mélodies, de l’intention, une réelle facilité vocale, enfin un groupe en phase avec son époque en ce mercredi soir ! En effet, contrairement aux autres têtes d’affiche poussiéreuses de la soirée, la moyenne d’âge de Kassidy ne semble pas dépasser les 25 ans. Les écossais sont donc incontestablement la première belle découverte du Caribana cru 2010.

Quelques dizaines de mètres plus loin, la montre affiche 21h45 et les vieux briscards de Deep Purple font leur apparition sur la grande scène. Attention au grand saut générationnel ! Les petit-fils tout juste quittés font place aux célèbres grand-pères du hard-rock. Sur une musique d’introduction grandiloquente signée Prokoviev, les cinq musiciens débarquent sur les planches sous un feu nourri d’applaudissements. Leurs fans, de tous les âges, ont fait le déplacement. Je me retrouve encerclé par une foule diverse et varié e: des couples soixante-huitards amoureux comme au premier jour, des Hell’s Angels sans leurs bécanes, ainsi que des jeunes tout simplement curieux de découvrir la prestation d’un groupe à la vie longue et au nom légendaire. La formation actuelle de celui-ci est le fruit d’un constant brassage de musiciens, de transferts et de séparations. Actuellement, cette dernière est fixée avec Ian Paice à la batterie comme seul membre originel, soutenu par Ian Gillan au chant, Roger Glover à la basse, Don Airey au clavier et Steve Morse à la guitare qui, pour la petite anecdote, fait place à la courte parenthèse Joe Satriani de 93-94.
J’espère ne pas vous avoir perdu en route, car c’est bien le risque avec Deep Purple. Que ce soit ce casting mouvementé ou simplement leur musique aux multiples influences, le danger de nous paumer est bien réel. Ce sentiment se ressent tout de suite à l’écoute des premiers titres balancés par le groupe, jonglant entre hard-rock pur, jazz, funk et même musique classique ! Ceci dit, le résultat n’est pas déplaisant et permet de montrer au public une maîtrise complète de leur art. Après avoir réglé quelques problèmes techniques empêchant une partie du public d’entendre ses riffs de guitare, Steve Morse nous gratifie de plusieurs solos de gratte légendaires. Même avec l’âge, son jeu de cordes n’a pas pris une seule ride et enflamme un parterre indiscutablement conquis par sa virtuosité. Les cheveux dans le vent, ce dernier nous montre toute la complicité du groupe, lorsqu’il se lance dans de petites chorégraphies synchronisées avec son collègue bassiste au bandeau rouge ou tout simplement lorsqu’il échange un sourire avec le chanteur Ian Gillan qui, ceci dit en passant, maîtrise avec une facilité apparente ses vocalises dans les aigus.

Puis, achevant de satisfaire un public aux anges, arrive le clou du spectacle juste avant le rappel, au moment où retentit le célèbre riff de Smoke On The Water qui, il faut le préciser, prend tout son sens sur les rives du lac Léman. Plusieurs milliers de personnes incollables se mettent à entonner à l’unisson le célèbre refrain dans une ambiance électrique. C’est indéniablement le moment fort à retenir, pour clôturer en beauté cette première soirée passée sur les rives du charmant Caribana Festival.
artistes
    Deep Purple
    Kassidy
    Hell's Kitchen
    The Baseballs