Pour la troisième et dernière journée de son édition 2010, le festival Solidays est une nouvelle fois complet sous une chaleur de plomb et une atmosphère caniculaire. Aujourd'hui encore, à n'en pas douter, les scènes placées à l'abri du soleil seront encore une fois les plus prisées...
Sans surprise, c'est un Dôme rempli plus que de raison que nous retrouvons dès les premières heures de la journée pour la venue de l'une des révélations rock françaises de l'année 2010, à savoir
Gush. Après avoir comblé une Cigale au début du mois, et avant de s'attaquer cet hiver à la salle du Bataclan, les quatre parisiens dans le vent retournent le chapiteau avec une simplicité déconcertante en dépit d'un flagrant manque d'originalité dans leur musique au croisement d'une pop très beatlesque et d'influences soul bien assumées.
Entêtantes, taillées pour être fredonnées et simples d'accès, leurs mélodies portées par des harmonies vocales imparables sont rapidement saluées par des applaudissements nourris et tiennent en haleine une foule qui n'en attendait peut-être pas tant. A défaut de réellement parvenir à proposer une once de nouveautés avec une musique un brin datée, Gush font preuve d'un certain talent pour singer leurs glorieux ainés sans leur porter préjudice. Sans doute ne faut-il pas chercher plus loin la raison de leur succès...
La quête de l'ombre se poursuit quelques mètres plus loin sur la scène Domino avec la québécoise
Ariane Mofatt, débarquée de Montréal la veille avec son groupe pour cette unique prestation. Las, les textes de la musicienne s'avèrent, à l'image de ceux d'Olivia Ruiz, peut-être trop enfantins et pénibles pour être appréciés dans le cadre d'un festival, aussi ouvert d'esprit puisse-t-il être. L'énergie de la pétillante chanteuse de poche ne fait pas tout et les amateurs de rock passent rapidement leur chemin, tous comme les plus jeunes à la recherche de sensations plus vives, ne subsistant ainsi au final que les curieux cherchant avant tout un divertissement sans grande prétention ou les amateurs d'une musique peut-être trop proche de la variété pour nous convaincre.
Au Caesar Circus, ce sont les américains de
Local Natives que nous retrouvons dans la foulée. La petite tente est comble et l'arrivée des cinq musiciens se veut des plus chaleureuses avec un public réagissant dès les premières notes des titres les plus populaires, notamment
Wide Eyes ou
Airplanes pour ne citer que les plus appréciés Si les quelques intermèdes plus folk peinent à retenir l'attention durant ce set d'une courte heure, les Local Natives démontrent cet après-midi que leurs qualités principales résident dans d'autres domaines : le couplage des voix, le sourire affiché sans discontinuer par Taylor Rice sous sa moustache, l'ajout de percussions addictives mais aussi cette afro-pop entrainante et ensoleillée popularisée dans un passé récent par Vampire Weekend. A la vue de l'accueil leur ayant été réservé aujourd'hui, après deux passages à la Maroquinerie ces derniers mois, c'est à l'évidence dans une salle d'une autre dimension que nous retrouverons Local Natives cet automne.
Alors que l'après-midi touche à sa fin, la musique laisse un temps sa place aux discours et cérémonies. Si la conférence de presse assurée par Luc Barruet en compagnie d'Antoine de Caunes et Marco Prince permet de revenir brièvement sur le succès rencontré par cette édition 2010 avec 168000 spectateurs payants, l'heure est à l'émotion sur la scène Paris avec le Patchwork des Noms et la lecture, une heure durant, des noms des nombreuses victimes du Sida, alors que la messe des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence apporte un éclairage avec un humour de plus ou moins bon goût sur clichés touchant la cause homosexuelle.
Il est à présent 19h et les français de
Pony Pony Run Run prennent possession de la scène Bagatelle face à une foule très dense et prête à exploser face au quatuor. Si le groupe connaît ses classiques, enchaîne les titres avec une efficacité évidente et satisfait un public à la recherche d'un terrain de jeu propice au défoulement, son manque d'originalité est malgré tout trop évident pour ne pas être mentionné. Les rythmiques post-punk couplées à un clavier new wave semblent ainsi avoir plusieurs années de retard sur le revival initié outre-Manche dans un passé proche par les Bloc Party, Maxïmo Park ou autres The Rakes, et si les nantais n'ont certainement pas usurpé leur succès suite à plusieurs années de labeur, il est difficile de ne pas voir ici un succès éphémère que même l'imparable single
Hey You et une Victoire de la Musique obtenue en début d'année ne sauront entretenir sans une nécessaire évolution.
La concurrence est rude pendant que la nuit tombe progressivement sur le site de l'hippodrome de Longchamp, et alors que Nneka s'assure sans coup férir l'un des succès populaires du week-end, c'est face à une assistance clairsemée que les protégés du label Kitsuné,
Delphic., tentent de tirer leur épingle du jeu. Appliqués comme à leur habitude, les trois anglais et leur batteur font une fois encore preuve d'une belle application en mêlant leurs sonorités électroniques à une guitare plus discrète. Après une entame de concert solidement portée par l'ensemble de leurs singles (
Counterpoint, This Momentary, Doubt...), les libertés prises avec une tournure plus expérimentale et dansante homogénéisent progressivement la prestation et convainquent un public de plus en plus réceptif au fil des minutes. En dépit d'un horaire peu propice à l'appréciation de leur musique, Delphic. ont une nouvelle fois fait la preuve de leurs capacités à faire évoluer leurs compositions mais surtout d'une aisance grandissante dans les conditions du live.
A une dizaine de mètres de là, l'attente de tous est palpable alors que
Florence And The Machine est attendue dans quelques minutes. Le public, majoritairement féminin dans les premiers rangs du Dôme, explose dès l'arrivée de Florence Welch pour les premiers couplets de
Howl. Dans sa robe blanche, toute en retenue, l'anglaise fait admirer ses aptitudes vocales avant de se laisser la place au brin de folie la caractérisant. La rouquine joue avec ses fans, les harangue, les pousse à lever les bras au ciel et se manifester bruyamment... sans jamais oublier de souligner son plaisir de se produire en France. Si le concert, très proche de ses dernières prestations, peut sembler stéréotypé,
Drumming Song, Dog Days Are Over et même un
You've Got The Love acclamé constituent ce soir encore des temps forts d'un set admirable maitrisé.
Sans concurrence de par son statut de tête d'affiche du festival, Mathieu Chedid, alias
-M-, est bien l'artiste le plus attendu du week-end à en voir les quelques dizaines de milliers de spectateurs massés face à la scène Paris sur le coup de 22h. L'ambiance, parfois électrisée par le maître de cérémonie et portée par une mise en scène visuelle impressionnante, demeure malgré tout bon enfant et c'est avant tout à une communion générale entre l'un des musiciens français les plus populaires du moment et son public à laquelle nous assistons durant près de deux heures à peine entrecoupées par un hommage aux bénévoles du festival durant une poignée de minutes. Une prestation à la hauteur de l'événement dont
Je Dis Aime et
Machistador, lors du rappel prolongé durant de longues minutes, auront constitué les principaux temps forts.
Désormais fortement ancré dans le paysage musical français, Solidays est bel et bien devenu l'un des festivals incontournables de l'été !