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Le Rock Dans Tous Ses Etats

Evreux, du 25 au 26 juin 2010

Live-report rédigé par Ludovic le 5 juillet 2010

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vendredi 25
Avec 27 ans d'existence, le festival Le Rock Dans Tous Ses Etats s'impose comme un véritable ovni dans le paysage des festivals rock français. Alors que Solidays ou les Eurockeennes jouent la facilité avec Charlotte Gainsbourg, les BB Brunes, -M- et autres magnifiques têtes d'affiches, Evreux fait l'effort de nous proposer chaque année ce qui se fait de mieux actuellement sur la scène rock indépendante. Pour preuve, cette année encore, une programmation des plus alléchantes aussi bien au niveau des têtes d'affiches (Babyshambles, The Black Keys, Suicidal Tendencies, Infectious Grooves, Chokebore...) que des révélations et découvertes (Monotonix, Dark Horses, The Phantom Band...).

 

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Sous une météo des plus clémentes, nous arrivons sur le site en fin d'après midi pour ne pas manquer la performance de Dark Horses. Premier constat : avec une moyenne d'âge ne dépassant pas la vingtaine, l'ambiance ressemble plus à une fête de fin d'année pour jeunes bacheliers qu'à un festival rock. Devant le peu de tee-shirts à l'effigie de groupes dans le public, et le nombre de pistolets à eaux, on sent bien que la belle programmation n'est malheureusement pas la raison principale de l'affluence de ce vendredi.
C'est donc devant une grande scène, encore faiblement remplie, que nous assistons à la montée sur scène des six britanniques et de leur délicieuse chanteuse Lisa Elle. Dès le premier morceau, des sonorités mystérieuses et envoûtantes dignes d'Ennio Morricone nous transportent dans leur univers psychédélique, amplifié par la voix aérienne de leur chanteuse dissimulée sous une cape péruvienne. A chaque nouveau titre, la rythmique lente et saccadée nous hypnotise un peu plus. L'utilisation d'instruments différents (harmonica, mandoline, chaîne...) apporte de la variété à une musique qui garde cependant toujours son identité blues. L'attitude des musiciens est assez nonchalante, mais ne manque pas de captiver l'attention des rares auditeurs qui ont fait l'effort de les découvrir, plutôt que de profiter de l'heure de l'apéro. La voix de Lisa pleine de mélancolie, portée par des guitares aériennes et des samples ambiants, nous transporte dans un monde proche de celui de Blonde Redhead. L'ensemble étant parfaitement structuré et interprété, il ne manque sans doute que peu de choses pour leur permettre de toucher un public plus large. Nous espérons vivement pouvoir les revoir prochainement dans une salle parisienne, dans des conditions qui seront beaucoup plus adaptées à leur musique.

 

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Après cette mise en bouche plus qu'agréable, changement d'ambiance avec le hip hop électronique de Brother Ali. Le jeune public semble plus réceptif à ce genre de sons rentre-dedans et parfaitement adaptés au festival, même si cinq minutes suffisent pour être lassés.
Après un rapide passage devant Jeff Lang et sa folk classique mais efficace, les adolescentss peuvent se faire à nouveau plaisir avec la prestation efficace des Tambours du Bronx. Si l'on ne peut pas considérer leur show de percussions comme un véritable concert, force est de reconnaître que l'énergie déployée par la vingtaine de musiciens permet au festivaliers de se lâcher pour la première fois de la journée.
Pour ma part, je suis beaucoup plus sensible au rock garage des Black Box Revelation sur la Scène B devant un public beaucoup plus clairsemé. Les belges n'ont rien inventé, mais leur duo guitare/batterie percute directement nos tympans sans fioriture. La voix de Jan Paternoster à mi-chemin entre Liam Gallagher et Billy Corgan nous prend aux tripes sans nous laisser la moindre envie de les quitter des yeux. Certains morceaux tirent plus vers une pop classique inspirée, mais c'est avec des morceaux les plus rock'n roll teintés de blues que le combo est le plus efficace. En quarante-cinq minutes d'une efficacité sans faille, les belges nous auront apporté la première grande révélation de la journée.

 

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Pas de temps à perdre pour assister à l'événement de la soirée : la présence de Peter Doherty et de ses Babyshambles, attendus comme il se doit par plusieurs milliers de jeunes filles en ébullition. Après deux annulations de dernière minute, c'est la première fois que j'ai l'occasion de voir ce « phénomène de la pop ». Après ses nombreux déboires avec la justice, l'anglais semble enfin heureux d'être sur scène, et cela se voit dès les premières notes du tube Delivery durant lequel il harangue la foule à de nombreuses reprises. Les musiciens font leur travail, et le leader assure le spectacle.
Pour une fois, il semble dans un état normal et ne massacre pas tous ses morceaux. Malheureusement, le son est tellement mal réglé qu'il est très difficile de rentrer dans le concert et les chansons des Babyshambles ne sont pas assez efficaces pour réellement passer au delà de ces problèmes techniques. En effet, chaque titre ressemble au précédent et le concert perd de son efficacité au fur et à mesure que le temps passe. Pourtant, Peter semblait vraiment vouloir en découdre avec le public ce soir, en témoigne son court slam, qui a du ravir les nombreuses demoiselles ayant pu enfin toucher leur idole. Malgré des efforts, et le choix d'une setlist faisant la part belle aux succès du groupe, avec notamment Fuck Forever, les compositions sont trop faibles pour faire de ce live un concert-évènement. Cette prestation ne restera donc pas dans les annales, mais si « Sir Doherty » se décide à revenir dans la musique comme il l'a fait ce soir, le meilleur est peut être à venir le concernant. Pour ce faire, il lui faudra certainement s'entourer de musiciens un peu plus talentueux que ceux qui l'accompagnent aujourd'hui.

 

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Dans un tout autre registre, Infectious Grooves investissent la deuxième scène avec l'objectif de tout balayer sur leur passage, une semaine après une prestation d'anthologie au Hellfest. En quelques secondes, la plaine est envahie d'un groove dansant et funky à souhait, ne laissant pas insensible tous les festivaliers ayant fait le choix de prendre leur pied avec Mike Muir et ses acolytes. Si leur musique n'a pas bougé depuis plus de vingt ans, les californiens n'ont pas leur équivalent pour réveiller un public quelque peu endormi par Pete Doherty. Des titres ravageurs tels que Punk It Up ou Violent And Funky mettent en avant les qualités musicales exceptionnelles des américains, et notamment la rythmique incroyable du batteur Eric Moore, véritable métronome imperturbable.
Malheureusement pour nous, pas le temps de s'attarder devant la prestation sur-vitaminée du groupe que Dan Le Sac Vs Scroobius Pip enflamment la petite scène de la Gonzomobile au son de leur electro hip-hop ravageur. Le flow hypnotisant de Scroobius, à la manière d'un Mike Skinner, entraîne les festivaliers dans un show totalement euphorisant et naturel. En effet, les deux lascars, sans aucun artifice, envoient un son direct et efficace dans la droite lignée de LCD Soundsystem, pour un show qui semble ravir les lycéens et autres jeunes adultes débordant d'énergie.

 

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Après cet enchainement de prestations immanquables, le set fade et sans aucune personnalité de Pony Pony Run Run nous permet de nous désaltérer avant « la » claque du festival. Un an après leur folle démonstration dans les jardins de la Villette Sonique, les israéliens de Monotonix reviennent animer nos contrées. Comme à leur habitude, moins d'une minute après le début de leur show, ils délaissent la scène pour installer leurs instruments au milieu de la fosse. Musicalement, leurs compositions n'ont rien d'extraordinaire, mais ce soir ce n'est pas le plus important. L'énergie déployée par les quatre barbus/chevelus au look kitch est telle que l'on oublie tout le reste. Le chanteur déploie tous les artifices pour instaurer une ambiance à l'ancienne sentant bon la sueur : slams à répétition sur un matelas gonflable, accrochage aux grilles à plusieurs mètres de haut du sol, batterie portée par le public... Ils n'économisent pas leurs forces et nous offrent un show qui risque de rester dans les mémoires de tous les festivaliers présents. Même les musiciens de Dark Horses se laissent prendre au jeu et prennent part à ce grand « n'importe quoi » maitrisé. Il est indispensable pour tout fan de musique ouvert d'esprit d'assister une fois dans sa vie à un live de Monotonix : that's rock'n Roll !

 

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Après tant d'énergie déployée, il est impossible d'aller se coucher. Nous en profitons donc pour aller nous défouler devant l'électro ultra simpliste et rentre-dedans de Danger, malheureusement interrompu par une coupure de courant. Après y avoir laissé nos dernières forces, il est temps d'aller se reposer avant la journée du samedi qui s'annonce intense avec The Jim Jones Revue, Suicidal Tendencies ou encore Chokebore. De cette première journée, nous retiendrons la prestation hallucinante de Monotonix et le rock efficace de The Black Box Revelation.
artistes
    Babyshambles
    Pony Pony Run Run
    The Black Box Revelation
    Infectious Grooves
    Les Tambours Du Bronx
    Dark Horses
    Bang Bang Eche
    Brother Ali
    dan le sac Vs Scroobius Pip
    Monotonix
    Jeff Lang
    Danger
    Triggerfinger
    Jamaica
    Quadricolor
    No Records
    OXP