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Le Rock Dans Tous Ses Etats

Evreux, du 25 au 26 juin 2010

Live-report rédigé par Ludovic le 5 juillet 2010

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samedi 26
Alors que notre nuit s'est avérée plus qu'agitée avec les cris des jeunes étudiants en pleine fête de fin d'année, nous devons reprendre des forces avant une journée au programme plus que chargé : The Jim Jones Revue, The Black Keys, Chokebore...

Après avoir exploré les rues d'Evreux, plus jolies que prévu, et rechargé nos batteries, au sens propre comme au figuré, nous retournons sur le site pour écouter l'une des sensations du moment : Caribou. Le buzz qui se crée autour du canadien n'est en effet pas usurpé. Sa pop électronique envoûtante se révèle être le parfait warm up d'une journée chargée, malgré la faible assistance en cette fin d'après-midi. Chaque arrangement vient se rajouter au précédent et apporte à l'ensemble une richesse sonore rare. Il ne manque plus que la plage et un cocktail pour se croire sur une île paradisiaque. Les quatre musiciens ne communiquent pas avec leur public, mais la musique se suffit à elle-même pour nous transporter dans un autre monde.

 

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Afin de rester dans les musiques atmosphériques, nous nous rendons ensuite devant The Phantom Band. Dès le début de leur set, nous sommes subjugués par la construction intelligente de leurs morceaux : tous les instruments, aussi atypiques soient-ils (clavier à souffleries, bâtons en bois...), s'ajoutent progressivement à chaque morceau. On sent que les six écossais sont des perfectionnistes. Aucune sonorité ne vient en perturber aucune, tout étant calculé au millimètre, pour nous donner une pop progressive influencée par de nombreux courants (folk, grunge, post-rock...). La scène de Glasgow émane de leur musique, mais avec une pointe plus personnelle. Malheureusement pour eux, le public amateur de musique simple et efficace présent ce soir là n'adhère pas à leur complexité et la fosse se vide petit à petit. Les musiciens semblent désabusés par cette désaffection du public, mais ils tiennent leur poste jusqu'au bout. Il est vrai qu'il manque peut-être de la puissance à leur musique pour qu'ils puissent s'imposer en festival, mais malgré tout, ces gaillards, qui ne font que dans la simplicité, méritent une scène plus taillée à leur talent, pour prouver à tous que leur musique technique vaut le détour.
Vient alors le retour tant attendue de la journée avec Chokebore. Quel plaisir de pouvoir voir sur scène un groupe qui a bercé ma jeunesse au même titre que Nirvana, Silverchair ou encore Pearl Jam . Bien sûr, les quatre hawaïens n'ont plus la même fougue qu'antan, qui plus est peu aidés par un son brouillon au niveau de la voix. Mais c'est un véritable plaisir d'entendre à nouveau certains titres tels que Thin As Clouds, It Could Ruin Your Day, ou encore la mythique Coat. Si on peut leur reprocher de ne plus bouger autant que de par le passé, ils semblent heureux d'être là ce soir. Encore une fois, nous ne pouvons que regretter la faible assistance devant ce concert mythique... mais après tout, la plupart des festivaliers n'étaient que des nourrissons quand Chokebore tournait encore avec Nirvana.

 

 

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Grâce à la présence (dispensable) de « Renan Luce » sur la scène principale, une pause nous est enfin offerte pour reprendre des forces avant la dernière ligne droite nous attend, notamment avec The Jim Jones Revue. C'est en effet un réel plaisir de revoir les CINQ anglais sur les planches. Dès les premières notes de leur fameux « rock'n'roll old school », le public entre en transe. Leur rockabilly teinté de punk, des plus efficaces, fait mouche auprès de toutes les générations de festivaliers. Pour la première fois du week-end, l'ensemble du public prend un plaisir partagé. Le groupe le lui rend bien en enchainant les morceaux à une vitesse folle. Rupert Orton, à la guitare, en profite allègrement en nous gratifiant de nombreuses poses épiques, contribuant largement à faire monter la température d'un cran. Rarement un concert se sera écoulé si vite. Les principaux détracteurs du groupe leur reprochent de copier Little Richards, et s'il est vrai que Jim Jones et ses compères n'ont rien inventé, ils le font extrêmement bien. Réussir à faire revivre une musique que tout le monde croyait morte, et faire danser dessus des milliers de personnes de tous les âges est déjà une belle performance en soit.

 

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Pas le temps de se remettre de cette performance de haut niveau que The Black Keys attaquent leur set, attendus de pied ferme par une assistance compacte. Après avoir pris successivement une leçon de grunge et de rock'n'roll avec Chokebore et The Jim Jones Revue, il est temps à présent de se plonger dans le blues. Les deux américains proposent en effet un set accrocheur nous rappellant les White Stripes, et pas uniquement en raison de la formation batteur/guitariste-chanteur . Si leur show n'est entaché d'aucune fausse note, il manque cependant un brin de folie et d'improvisation pour nous scotcher vraiment. La configuration festival avec une grande scène en plein air ne leur convient pas forcément, peut-être serait-il préférable de pouvoir les découvrir vraiment dans une ambiance plus intimiste.

 

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Nous délaissons la fin de leur set pour découvrir Invasion et leur rock heavy made in UK. Premier constat difficile pour les trois anglais : pour leur entrée sur scène, nous ne sommes pas une dizaine pour les accueillir. Pas l'idéal pour se mettre dans le bain, d'autant plus que le son est tellement mal réglé qu'il est impossible de découvrir la voix pourtant prometteuse de la charismatique chanteuse Chan. Cette dernière, cachée sous une tunique rouge, se donne du mal pour se faire entendre, mais la puissance de la guitare couvre ses cordes vocales. Leur musique semble pourtant plutôt originale mais, agacé par cette frustration de ne pouvoir l'entendre, j'abandonne la scène après deux titres, espérant pouvoir les revoir prochainement dans de meilleures conditions pour confirmer ce potentiel prometteur.
Déçu de cette prestation, une dernière jouissance musicale m'attends avec Suicidal Tendencies. Après une réussite totale la veille avec Infectious Groove, Mike Muir et ses camarades reviennent nous assomer une seconde fois avec plus de violence. Seul un guitariste change avec ce line-up, mais le son est complètement différent : si les musiciens dégagent la même énergie, celle-ci se fait plus agressive et rentre-dedans. Les californiens nous servent un punk hardcore sans surprise mais toujours aussi jouissif. Les hits s'enchaînent, à l'image de You Can't Bring Me Down, War Inside My Head ou encore We Are Family. Fidèles à leurs habitudes, ils font monter sur scène une centaine de fans, provoquant un dernier remue-ménage dans la fosse, déchainée pendant tout le concert.

 

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C'est sur cette dernière folie que s'achève cette 27ème édition du Rock Dans Tous Ses Etats. Grâce à une météo parfaite et une programmation de bon goût, le festival confirme sa position dans le peloton de tête en France en conservant sa ligne de conduite et sans tomber dans la facilité d'un line-up commercialement rentable mais sans aucune originalité. Espérons que la présence de Renan Luce sur l'affiche ne soit pas un signe annonciateur des années à venir !
artistes
    The Bloody Beetroots Death Crew 77
    The Black Keys
    Renan Luce
    Chokebore
    Suicidal Tendencies
    The Jim Jones Revue
    Caribou
    The Phantom Band
    Curry And Coco
    FM Belfast
    Shining
    Invasion
    Vismets
    TV Glory
    The Patriotic Sunday
    Les Boeufs Troquistes
    Orchester