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Dour Festival

Dour, du 15 au 18 juillet 2010

Live-report rédigé par Thibaud le 30 juillet 2010

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Dernière journée, derniers concerts, dernières ambiances : le festival de Dour se termine et déjà l’on se prend à rêver d’une 23ème édition du même acabit, les trois premières journées ayant été de véritables aventures entre découvertes, retrouvailles et concerts savoureux. Bien sur, de nombreuses déceptions auront été de la partie, mais cela fait partie du jeu. Mais le bilan n’est pas pour tout de suite, puisqu’il reste cette dernière journée.
Un dimanche radieux, avec un soleil de plomb, voilà en quelques mots l’ambiance du festival aujourd'hui qui voit de nombreux festivaliers s’en donner à cœur joie après deux journées plutôt couvertes et pluvieuses. Les sourires sont partout, on joue au football et on s’asperge d’eau, en bref, c’est une véritable ambiance bon enfant et conviviale qui s’empare du site de la Machine à Feu.

 

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Mais revenons aux concerts, qui débutent pour ma part avec celui de Curry & Coco. Après avoir énormément entendu parler ces derniers mois de ce groupe qui, sur les versions studio, ne m’avait au final pas vraiment emballé, trouvant que le son était de l’ordre du déjà entendu, le set des deux lillois fût une réussite. Mis à part quelques problèmes techniques qui au final finiront par la mort pure et simple de la batterie, nous aurons assisté à une conquête d’un public belge qui ne semblait pas réellement connaître les deux comparses. Si les compositions ne sont jamais renversantes, le son du groupe est tel qu’il vous donne irrémédiablement envie de danser, surtout lors d'une excellente reprise du Girls Just Wanna Have Fun de Cyndi Lauper. Un très bon set pour démarrer la journée.
Et comme j’ai déjà pu le dire, Dour est un festival de découvertes. C’est donc avec curiosité que je me décide à suivre mes amis désireux de voir Nessbeal, parfait inconnu pour moi. Je comprends rapidement mieux pourquoi tant sa musique est éloignée de mes goûts. Nessbeal, c’est du rap français, mais qui se prend pour du rap US. Ça ne va pas chercher très loin, les textes sont assez pauvres, et le monsieur se fait appeler Monsieur Amnesia. On a tout compris. Néanmoins, l’ambiance est là, et un large public de fans est conquis par la prestation, qui verra la participation inattendue d’Orelsan, un rappeur que j’affectionne déjà plus, sur une chanson plutôt bonne parlant d’ébats avec des femmes aux rondeurs imposantes… Un bon moment de rigolade, même si ce n’est pas l’instant le plus intellectuel du festival.

 

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Très vite, je délaisse mes amis pour rejoindre Errors à la Petite Maison de la Prairie. A l’image de leur musique, j’assiste à un set hypnotique et fougueux à la fois. L'ensemble est à la fois apaisant et entraînant après la musique éreintante de Nessbeal, et le public est là aussi sous le charme, avec un groupe très talentueux qui semble tout donner. Notons d’ailleurs que le son était très bon, a contrario de Curry & Coco où le son était parfois un peu assourdissant. Le set semble limpide, logique, et c’est en dégustant une bière que je passe un moment de pur repos avec une musique pleinement de circonstance. Un très bon concert donc, sûrement pas le plus mémorable du festival, mais parfaitement adapté à la chaleur qui s’empare du site et à la fraîcheur de la Hoegaarden.

Toutefois, il faut se remotiver pour bouger et retraverser une foule compacte, très nombreuse lors de cette dernière journée. C’est sous un soleil de plomb que se produit un groupe dont j’attendais beaucoup, Tinariwen, groupe de touaregs venus du Mali. Une formation qui, de par son apparence, attire déjà, mais c’est surtout pour sa musique empreinte de blues que celle-ci se révèle des plus intéressantes. Un concert dans de parfaites conditions, avec ce soleil, une foule captivée et visiblement impressionnée. De plus, les musiciens se révèlent être plus que sympathiques, communicatifs et on se laisse bercer au son de cette musique venue de très loin, envoûtante et transcendante.

 

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Pourtant, je reste les pieds sur terre, et constate qu’il faut faire vite pour assister dans les meilleures conditions au concert des Dum Dum Girls. Et j’ai bien fait de me remuer, puisqu’au final j’assiste au concert au premier rang, juste face à la chanteuse. Une place de choix, surtout lorsque l’on voit ces quatre femmes séduisantes arriver dans des tenues qui ne les couvrent que d’un fil. Pourtant, sous ces aspects de charmeuses, les Dum Dum Girls se révèlent être plutôt des diablesses à l’image de leur set court mais très intense, pendant lequel ces beautés froides vont asséner au public les meilleurs titres de leur premier album, comme Jail La La ou Bhang Bhang. On assiste à un mur du son brillant et percutant, et difficile de ne pas en vouloir plus lorsque vingt minutes avant la fin programmée le concert se termine. Dommage, mais cela fait sûrement partie du jeu de ces femmes tentatrices, mais qui ne laissent décidément pas dompter si facilement. A revoir impérativement…
Je reste dans le même univers lorsque je me dirige un peu plus loin vers la Last Arena, pour le concert des Raveonettes. Petite plaisanterie du présentateur, qui rappelle à certains que lors de la dernière venue du groupe, la chanteuse n’avait pas pu être là et avait été remplacée. Cette fois-ci, c'est un groupe au complet pour un concert sans prise de risques, avec les titres que l’on retrouve habituellement dans leurs concerts. Toutefois le décor et l’ambiance sont au rendez-vous : une plaine ravagée, un soleil de plomb, et un public très réceptif et hypnotisé par le son noise du duo (qui se mue d’ailleurs en quatuor sur certains titres). On imagine ainsi où les Dum Dum Girls on dû piocher une partie de leur inspiration, tellement les sonorités des deux groupes se ressemblent.

 

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Un rapide détour par le camping s’impose, tellement la chaleur nous assomme en cette fin d’après-midi. J’ai du mal à finir ces frites brûlantes, et j’appréhende cette dernière soiré... Nous retournons sur le site doucement, profitant des dernières odeurs de déchets séchés au soleil. C’est Ghinzu qui joue à ce moment là sur la grande scène de la Last Arena. Un groupe qui ne m’a jamais déplu, mais qui ne m’a jamais vraiment intéressé non plus, si ce n’est à travers quelques reprises jouées bien souvent avec brio. J’avoue avoir été très déçu lorsque en entendant les premières notes de Killing In The Name Of de Rage Against The Machine. D’accord, cette chanson est le genre de titre à mettre une ambiance du tonnerre en quelques instants, et c’est surement l’un des meilleurs titres de Zach de La Rocha. Néanmoins, l'impression de vu et revu s'impose. Il faut avouer que ce titre est très souvent pris et repris, sans doute aurait-il été préférable que Ghinzu fassent preuve d'un peu plus d’audace, ou du moins d'un peu plus d’originalité.
A la fin du concert nous décidons d'aller vérifier ce qu’est devenu l’ex de Nathalie Portman, je veux bien sur parler de Devendra Banhart. Un artiste un brin étrange que je n’ai jamais pu très bien cerner : artiste de génie ou escroc sans talent ? Poète hippie ou bourgeois bohème ? Qu’importe, il reste que cette nuit-là, Devendra Banhart version cheveux courts, a brillé avec son groupe, en jouant set très calme, sans doute beaucoup plus pop que ses productions antérieures. Une vraie bouffée d’air frais après cette journée infernale. Pour le coup, j’en redemande.
Changement d’atmosphère lorsque je me dirige vers Sexy Sushi, sorte de Kap Bambino ou Crystal Castles du pauvre. Il faut comprendre par là que les compositions sont plates, proposant pour le coup l’éternel cliché techno du « boum boum boum », et les textes ne sont clairement pas des plus fins… Pourtant, si l’on se prend au jeu et que l’on se détache quelques neurones, Sexy Sushi est un formidable remède à la morosité et à l’ennui. La foule en tout cas apprécie un concert bourrin, tapageur, outrancier, et réellement efficace, grâce à une chanteuse qui fait véritablement corps avec le public. A voir, pour s’amuser.

 

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La fin se fait sentir, mon dos se lamente et les festivaliers saouls finissent de s’écrouler sur une terre sèche où l’herbe a totalement disparu. Les bières se renversent, les ramasseurs de gobelets ont presque l’air de lutins maléfiques en quête de trésors, et au final, les végétariens se mettraient presque à manger un hamburger. C’est la fin, mais il me reste encore un artiste à couvrir, il s’agit de Calvin Harris... pour un concert vraiment étrange.
Disons le tout de suite, ce fût un set de qualité, malgré un son un peu trop assourdissant. Les principaux titres de l’anglais sont présents, et la foule plus que réceptive à cette electro délicieusement kitsch. Pourtant, le fait que ce ne soit pas un DJ set mais bien un concert live se révèle choquant. Si l'on pouvait s'attendre à ce que Calvin Harris joue ses titres phares comme Acceptable In The 80’s d’une manière très conventionnelle, avec ce clavier entêtant et ce refrain fantastique qui serait nettement mis en avant, les morceaux sont en réalité joués par un groupe d’une manière très différente. Malheureusement pour Calvin Harris, la conversion fait perdre beaucoup de qualité à ses tubes. Reste un I Created Disco du tonnerre, qui aura véritablement captivé l’ambiance.

Au final, que penser de cette édition ? Elle fût éclectique, prenant le pari d’inviter de nombreux PMG (petits et moyens groupes), et jouant la carte de la découverte. Si sur le papier l’idée n’est pas forcément convaincante, il faut avouer que Dour trouve là une caractéristique qui en fait une certaine exception dans le paysage des festivals européens. Pour ce qui est de l’ambiance, cette année aura été par certains aspects beaucoup plus « trash » (l’ivresse, la drogue omniprésente), avec, en même temps, des festivaliers plus respectueux. Et puis, parlons d’un point important : les toilettes pour lesquelles un véritable effort a été fait par rapport à l’année précédente.

C'est ce que l'on retiendra globalement : le festival n’a pas régressé, et s’est au contraire amélioré, proposant quatre jours de concerts dans une excellente ambiance et sur un site de qualité. Il n’y a pas de doute, je ferais partie de la prochaine édition.
artistes
    Isola
    Family Jammin
    Notre Cause
    Gandhi
    Larko
    M.H.D.
    Balthazar
    Shining
    Curry & Coco
    Baddies
    Danakil
    Moon Duo
    Nessbeal
    Skarbone 14
    Melissa Auf Der Maur
    Errors
    The Van Jets
    Alonzo
    Bushman
    Tinariwen
    Brother Ali
    Monotonix
    Lee Perry + Congos
    Anti-Pop Consortium
    Dum Dum Girls
    The Raveonettes
    Balkan Beat Box
    Steve Von Till / Harvestman of Neurosis
    Capleton & David House Crew
    Medine + Collectif Din Records
    Giant Stand
    Ghinzu
    Buraka Som Sistema
    Sinik
    Archie Bronson Outfit
    Mr. Vegas & The Thugz Band
    Devendra Banhart
    Sexy Sushi
    The Sonics
    Calvin Harris
    Foreign Beggars
    Vermin Twins
    The Glitch Mob
    DJ Kentaro
    Satanic Mamba
    Fagget Fairys
    Dub-Timus Soundsystem feat. Divine MC & MC V
    DJ Elephant Power