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For Noise Festival

Pully, - 20 août 2010

Live-report rédigé par Amandine le 22 août 2010

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vendredi 20
On attaque ce deuxième soir de festival sous un magnifique ciel bleu et un grand soleil. Décidément, cette édition 2010 est vraiment placée sous les meilleurs auspices après avoir appris un peu plus tôt dans la journée que les caisses n’ouvriraient pas ce soir car il n’y a plus aucune place à vendre, événement inhabituel pour le For Noise. L’affiche a tout pour attirer un public éclectique : The Kissaway Trail, The National et une fin de soirée qui promet d’être déjantée avec Peaches.

Début de week-end oblige, on remarque que le public est différent de la veille ; beaucoup de familles sont attablées et partagent une pizza. Une fois encore, il est facile de se dire les festivals helvétiques ont une fréquentation et une approche différentes de celles que l’on pourrait avoir en France. On passe faire un tour au Human Jukebox qui hurle un « I wanna be your dog » ; cette trouvaille est excellente : un homme, enfermé dans une cabine, nous propose une longue liste de titres, de Beck à Dylan en passant par Kraftwerk et Renaud. On insère une pièce dans ce jukebox improvisé, on tape le code de la chanson qu’on a envie d’entendre sur une vieille calculatrice et le tour est joué. A peine le temps d’écouter quelques minutes que le premier concert commence déjà sur la grande scène.

Les Lausannois de Ventura ouvrent le bal. En discutant avec quelques personnes autour de moi, je réalise que tout le monde a encore en tête la prestation exceptionnelle de la veille avec Jónsi ; autant dire que la chute sera terrible et ce sera un choc de passer de sa musique éthérée au son brut de Ventura. Ce groupe, après avoir récemment tourné avec David Yow, leader de The Jesus Lizard, nous offre un rock dur qui transpire la testostérone et leur musique a des accents de The Gun Club et de Pixies. Malgré tout, le volume est beaucoup trop élevé et leurs compositions semblent trop bruitistes avec un manque de nuances malgré une bonne énergie dégagée.
La suite se veut quant à elle prometteuse avec les danois de The Kissaway Trail, révélation personnelle de ces derniers mois. Je me réjouis car j’espère avoir la réponse à la question qui me taraude depuis des semaines : en live, seront-ce les sonorités Arcade Fire, Mercury Rev ou Mew qui ressortiront le plus ? Après un soundcheck sous forme de blindtest, le concert peut commencer. Pour situer un peu ce groupe encore peu connu, The Kissaway Trail cite comme influences premières The Beach Boys, Sonic Youth et Daniel Johnston. On les a découverts en première partie de Editors, The National ou encore Interpol. Les six membres du groupe sont aujourd’hui mis à contribution au chant et très rapidement, le public comprend ce qui est en train de se passer : personne ou presque n’est venu pour eux et pourtant, tout le monde se rapproche, frappe des mains et hurle à la fin des morceaux. Un « Mr. Tambourine Man » tapant frénétiquement sur ses deux tambourins fait le show à lui tout seul mais rien ne peut nous faire oublier les mélodies soignées et entraînantes que nous propose le groupe ce soir et l’énergie attractive qui s’en dégage.
Leur pop lyrique ne cesse de monter en puissance, on retrouve de vieux morceaux ainsi que les perles de leur dernier album, Sleep Mountain. On entend les premières notes de Where Is My Mind? et tout le monde se dit « Une énième reprise des Pixies »... pourtant, il est tellement beau d’entendre cet hymne rock scandé par tout le public. Le finale est grandiloquent : le chanteur frappe de toutes ses forces sur la batterie et l’homme aux tambourins écume la scène en les tapant par terre tandis que le bassiste et les deux guitaristes maltraitent leurs instruments. C’est déjà terminé, ce set restera sans aucun doute l’un des grands moments du festival.

Le prochain groupe à s’installer sur la grande scène est aussi probablement le plus attendu de ces trois jours ; Matt Berninger et les musiciens de The National prennent place et c’est à ce moment que l’on réalise que le site est bondé. Les spectateurs se pressent pour être aux premières loges du phénomène rock actuel. Les gentlemen en costume nous livrent un concert propre, avec des cuivres beaucoup plus présents qu’en studio. Malgré tout, je peine à adhérer : c’est du Nick Cave sans la gravité et le chant est souvent trop faible lorsqu’il part dans les aigus. Tout cela manque de profondeur et de variations, même s’il faut avouer que, musicalement, les membres maîtrisent jusqu’au bout des ongles, mélangeant titres des premiers albums à ceux de leur dernier High Violet. Ils parviennent à instaurer une très bonne interaction avec le public mais je ne serai jamais envoûtée. Le public a l’air médusé à la vue de la prestation… peut-être suis-je hermétique à leur émotion.

Qu’à cela ne tienne, il est maintenant temps de danser sur les rythmes electroclash de Peaches. Les musiciens arrivent dans leurs tenues sado-maso et une créature issue d’un croisement entre Chewbacca et Pollux entonne un premier morceau ; à la fin de celui-ci, Peaches fait irruption en fauteuil roulant et on comprend que notre bestiole n’était qu’un imposteur. Le pied bandé, elle nous nous explique s'être blessée mais que rien ne l’empêchera de mettre le feu à Pully. Le public est en transe et le set est un vrai spectacle : un travesti peint de croix rouges danse nu, Peaches n’a de cesse de nous provoquer avec ses gestes plus que suggestifs (elle secoue une bouteille de bière qu’elle balance sur les premiers rangs) mais la mise en scène est millimétrée et c’est autant du théâtre que de la musique. Le symbolisme de l’identité sexuelle et sa quête sont omniprésents, sur scène et dans les paroles. On se demande comment ce petit bout de femme peut déployer une telle énergie et avoir une telle aura. Elle nous apprend que ce soir, c’est le dernier de ses concerts après une tournée de plus de dix-huit mois et qu’elle veut un finale à la hauteur de l’événement ; elle demande donc au public de retirer les tee-shirts et de les balancer pour se libérer du joug sexuel qui nous oppresse tous.

C’est dans cette ambiance frénétique que se clôture la deuxième journée du festival. Demain, les attentes seront fortes avec les anglais de The Eighties Matchbox B-Line Disaster et ceux de The Fall. Ça va pogoter !
artistes
    Peaches
    The National
    The Kissaway Trail
    Ventura
    The Jackets
    Boogers
    Your Fault
    Make The Girl Dance
    Magic Mixers (Electrofraise)