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For Noise Festival

Pully, - 21 août 2010

Live-report rédigé par Amandine le 24 août 2010

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samedi 21
La température augmente crescendo au fil des jours et c’est donc sous une chaleur caniculaire avoisinant les 30°C que l’on se rend sur le site de Pully pour ce dernier jour de festival. L’ouvreuse nous indique qu’un record d’affluence a été enregistré hier soir avec 2350 entrées, c’est dire à quel point ce festival est intimiste. On sait déjà que la programmation de ce soir amènera moins de monde, même si, pour nous, c’est l’une des plus intéressantes et des plus attendues.

Ce sont les américains de Fool’s Gold qui ouvrent aujourd’hui les hostilités, présents pour remplacer Villagers initialement prévus. On essaie d’essuyer notre regret en pensant que leur musique du monde collera à merveille à la météo. Souvent comparés à Vampire Weekend, Fool’s Gold font pourtant preuve de sonorités beaucoup plus étoffées, mêlant percussions afros et instruments traditionnels nord-africains à un chant en Hébreu. Se dessinent tour à tour les paysages du Maroc, du Mali, d’Ethiopie et d’Erithrée.
Le tout sonne très actuel et ce Melting Pot musical ne ressemble à rien que l’on ait déjà entendu. A l’entame de leur tube, Surprise Hotel, on a l’impression d’avoir été transporté très loin. Autant je n’étais pas convaincue par le son studio, autant la musique de Fool’s Gold prend toute sa dimension et toute son ampleur en live avec ses longues plages instrumentales qui nous permettent de savourer les mélodies ethniques. L’entrée en matière aura donc été plus qu’agréable.
Changement de décor pour le deuxième groupe, Get Well Soon, et ses mélodies enivrantes. Konstantin Gropper, à l'image d'un Neil Hannon pour The Divine Comedy, est le membre fondateur et à part entière du groupe ; multi-instrumentiste et parolier, il a décidé de s’entourer de musiciens pour la tournée promotionnelle de son deuxième album, Vexations. C’est donc avec des cordes, des cuivres, des xylophones, un piano, une batterie et une basse en plus de la guitare de Gropper que l’on retrouve Get Well Soon pour un concert qui promet de nous emmener dans des contrées oniriques et lointaines. En plus des mélodies lyriques et majestueuses, le chanteur nous propose des textes intelligents faisant référence à Sartre, à la psychanalyse ou encore au Stoïcisme et au siècle des Lumières. La musique est intense et on parcourt le chemin de croix de Gropper avec bonheur et délectation. Cette heure aura décidément passé beaucoup trop vite à mon goût.

Je ne peux désormais réfréner mon excitation à l’évocation du prochain concert ; The Fall : les mancuniens sont attendus par une poignée de festivaliers tel le Messie. Ils n’auront assuré aucune conférence de presse, n’auront donné aucune information pour les photographes et auront joué leurs stars capricieuses jusqu’au bout, punk attitude oblige. Le terrible Mark E. Smith arrive sur scène dans sa tenue de papy, accompagné d’un guitariste, d’un bassiste, d’un batteur et de son épouse, tirée à quatre épingles et tenant ses trois sacs à main sous le bras. C’est donc une formation minimaliste loin de l’orchestre de Fool’s Gold en début de soirée qui débute sur le premier titre éponyme de leur dernier album Your Future, Our Clutter. La mise en scène est loin des Peaches de la veille ; les spectateurs sont là pour entendre du gros son et personne ne sera déçu en ce sens.
Les puristes retrouvent de nombreux titres ayant éclairé la carrière du groupe. Mark E. Smith, comme à son habitude, arbore une attitude dédaigneuse et je-m’en-foutiste et hurle ses paroles misanthropes dans les trois micros qu’il jette sur scène ou dans le public. Il passe son temps à dérégler les amplis, à tapoter sur le clavier, à tenter vainement de s’enregistrer sur un dictaphone. L’énergie est brute, la musique nous pétrit le cerveau. J’ai brûlé mes dernières cartouches à coups de headbang et la fin de soirée risque d’être difficile.

Le deuxième groupe anglais du festival fait son apparition ; The 80's Matchbox B-Line Disaster occupe le devant de la scène après avoir fait les premières parties de System Of A Down ou Queens Of The Stone Age. Ils nous offrent un rock puissant sur un chant sombre et une voix très grave. Les guitaristes sont déchaînés, le chanteur se jette dans le public dès le premier morceau et on peine alors à croire les récentes déclarations du groupe selon lesquelles ils auraient arrêté les drogues depuis leur conversion au bouddhisme. Leur attitude se veut loin des principes de sérénité propres à la philosophie extrême-orientale, avec un show musclé sous les lumières des stroboscopes.
Une heure et quart plus tard, la scène est investie par de nombreux roadies pour mettre en place le dispositif visuel de Moderat, concert de clôture de cette édition. La réunion des deux groupes allemands Modeselektor et Apparat risque de trancher avec le rock délivré plus tôt dans la soirée. Les berlinois ont imaginé un album concept et ont pour cela collaboré avec une troupe de graphistes ayant réalisé les visuels de leurs sets live. Les beats de Modeselektor se radoucissent tandis que l’electronica planante d’Apparat est vivifiée par la collaboration avec ses compatriotes ; le public se voit même proposer le chant de Sascha Ring (leader d’Apparat) sur plusieurs titres.
Néanmoins, au bout d’une trentaine de minutes, le site de Pully se transforme en club en plein air et les beats sont de plus en plus présents, le son est lourd, les basses en avant plan. Nous décidons de nous diriger vers l’Abraxas pour les derniers morceaux de Mmmh!, petit groupe local. Une chanteuse au piano est accompagnée d’une violoncelliste, d’une batterie feutrée et d’une guitare jazzy mais le tout est assez peu convaincant. Retournons donc sur la grande scène pour la fin de Moderat...

Voilà, le For Noise 2010 est déjà terminé. Une fois encore, nous aurons été éblouis par la diversité de la programmation. Sur le chemin du retour, nous essayons d’établir un classement des trois concerts les plus marquant de cette année ; « Jónsi, The Fall, Local Natives ? », « Non, tu oublies The Kissaway Trail et Get Well Soon quand même ». Tout ça pour vous dire que ce festival trop peu connu vaut le détour.
artistes
    Moderat
    The Eighties Matchbox B-Line Disaster
    The Fall
    Get Well Soon
    Fool's Gold
    Leclerc
    Mmmh!
    Callmekat
    Buvette
    Styro2000
    Limic Aka Liom