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Rock en Seine

Paris, - 27 août 2010

Live-report rédigé par Fab le 30 août 2010

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vendredi 27
Devenu l’un des festivals français majeurs en l’espace d’une décennie, le festival Rock en Seine affichait complet avant même l’ouverture de ses portes en cette année 2010. Une performance inattendue mais méritée à la vue d’une programmation saluée de toutes parts comme l’une des plus alléchantes de la période estivale.

 

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En ce vendredi 27 août, alors que le ciel se veut de plus en plus menaçant au fil des minutes, c’est aux américains de Minus The Bear qu’incombe la lourde tâche de lancer les hostilités. Il n’est que 15h mais plusieurs centaines de spectateurs se massent déjà face à la scène de la Cascade alors que la première averse du jour se déverse sur le Parc de Saint-Cloud, faisant fuir les curieux vers les zones boisées et divers stands. Les cinq musiciens, quant à eux, font preuve d’un bel entrain mais leur rock peu original, typiquement américain et teinté de claviers, peine à convaincre, tant et si bien que les regards se tournent rapidement vers la scène principale du site.
Là encore, le public est au rendez-vous pour un groupe que l’on imaginerait aisément assurer la première partie de la tête d’affiche du jour, Blink 182. Le punk teinté d’emo d’All Time Low provoque les premiers remous dans une fosse encore humide, quand bien même le set s’avère rapidement monotone et d’un intérêt discutable tant le manque de subtilité dans les compositions et des mélodies répétitives tendent à provoquer l’ennui des non initiés après quelques titres. Si l’ensemble se veut à l’évidence « fun » et suffisamment rythmée pour provoquer pogos et remous, difficile pour les non initiés de trouver ici une quelconque raison pour ne pas passer son chemin.

 

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C’est ainsi grâce aux très appréciés Band Of Horses que démarre réellement cette journée alors que le soleil est enfin parvenu à chasser – temporairement – les intempéries craintes par beaucoup. Certes l’ambiance n’est pas réellement au rendez-vous, mais les cinq musiciens sont copieusement applaudis par des premiers rangs enthousiastes et les sonorités indie, folk ou inspirées de l’americana offrent de belles possibilités de diversification. Un certain manque d’énergie et des temps morts peu captivants sont à relever malgré tout, et il est ainsi difficile de résister à l’envie de partir en direction de la Grande Scène pour ne rien manquer du premier concert en solo de Kele, un an après l’ultime prestation françaises des déjà regrettés Bloc Party.
A l’image du nouvel univers dévoilé sur son premier album, The Boxer, le concert du jour repose principalement sur des compositions taillées pour les dancefloors à grands renforts de sonorités synthétiques plus ou moins subtiles. A ses cotés, trois musiciens préposés aux percussions, samplers et synthétiseurs, alors que Kele arbore lui une chemise colorée du plus bel effet et un sourire de circonstances. Distant durant les premières minutes, le public semble enfin s’éveiller et répondre aux encouragements de l’anglais lorsque deux reprises de Bloc Party successives se font entendre, Blue Light, remaniée de manière grossière et décevante, puis One More Chance, retranscrite somme toute fidèlement. Enfin lancée, la prestation prend son envol avec le single Tenderoni, alors qu’une nouvelle reprise de Flux, proche de sa version originale, conclut avec réussite un set dont l’intensité aura grimpé progressivement au fil des minutes… mais sans faire oublier la précédente formation de l’anglais, plus inventive et marquante que son leader au sein d’un nouveau territoire.

 

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Un nouvel aller-retour nous amène vers la scène de la Cascade où Foals s’apprêtent à proposer l’une des performances les plus convaincantes de la journée en dépit d’un Yannis Philipakis en petite forme tant physique que vocale. Si leurs plus récentes compositions, bien que repoussant les limites de leur math-rock originel, semblent faire baisser l’intensité générale à l’image de Miami ou Total Life Forever, qui plus est en raison d’une acoustique discutable, Cassius, Balloons ou Electric Bloom, mené à grands coups de percussions, font la part belle à une fureur maitrisée alors que l’air s’emplit d’électricité. Salué par une foule enthousiaste alors qu’une nouvelle averse rafraichit l’atmosphère, Spanish Sahara constitue une fois encore le temps fort du concert conclu avec le détonnant Two Steps, Twice. A quelques semaines de leur prochaine tournée française, Foals ont tenu leur rang sans sourciller l’espace quarante-cinq minutes, notamment de par la débauche d’énergie mise en œuvre sur leurs plus anciens compositions, explosives comme au premier jour.
L’heure est alors au comeback de l’une des formations rock britanniques les plus marquantes des 90s, Skunk Anansie. Séparés durant de longues années, les quatre anglais menés par une Skin intenable et bien décidée à se voir portée par le public livrent un set débordant d’énergie et misant sur de nombreux effets de lumières. Le poids des années semble en effet ne pas avoir de prise sur la tigresse, parfaite tant au chant que dans son rôle de leader, alors que les titre s’égrainent sans temps morts. Si certaines compositions récentes et inédites ne reçoivent qu’un accueil mitigé, d’autres plus immédiates et accrocheuses à l’image du single My Ugly Boy et de God Only Loves You font monter l’ambiance d’un cran alors que le très attendu Hedonism recueille ce soir tous les suffrages de la part des nombreux trentenaires nostalgiques. Une prestation de très bon augure dans l’optique de la sortie d’un nouvel album le mois prochain… déjà digne de ses prédécesseurs !

 

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Avec une foule devenant plus compacte concert après concert, approcher de la scène sur laquelle The Kooks officient déjà depuis plusieurs minutes devient à cet instant une mission impossible. Avec un line-up renouvelé à 50%, les anglais conservent à l’évidence toujours les clés de la réussite : Luke Pritchard, chanteur et guitariste, harrangue son jeune public et se voit salué par une réaction euphorique lorsque Ooh La, le sucré Shine On ou She Moves On Her Own Way sont interprétées, alors que la poignée d’inédits dévoilés ce soir laisse entrevoir une influence blues plus marquée avec l’utilisation de deux pianos : on citera notamment Sabateur, plus original, face à un Strange One direct mais peu mémorable. Point de surprise ou de prise de risque toutefois, le set est calibré et mené avec sagesse pour satisfaire un large public peut-être moins exigeants que les puristes venus esquisser quelques sourires ou proférer diverses moqueries avant de poursuivre son chemin sans réel souvenir marquant.
Sur la Grande Scène, l’heure est venue d’assister à la véritable messe hip-hop de cette édition. Les vétérans de Cypress Hill font parler la poudre une heure durant avec un son dur et agressif alors que la foule se prend rapidement au jeu jusqu’à devenir hystérique durant un In Your Brain repris en chœur avec une belle conviction. Le show à l’américaine fonctionne à plein régime, mais la forte attente envers leurs compatriotes de Black Rebel Motorcycle Club nous pousse rapidement à un déplacement stratégique en vue de l’arrivée du trio quelques minutes plus tard.

 

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Si le décès du père de Robert Been la semaine précédente a légitimement laissé planer un temps le doute sur la présence de la formation, c’est un groupe fidèle à son image et concentré sur sa tâche que le public parisien retrouve sur le coup de 21h. Les jeux de lumières mêlés à la fumée éblouissent la fosse tandis que la communication se voit réduite au strict minimum par les trois musiciens enchaînant classique sur classique, notamment les récents Conscience Killer et Bad Blood tirés de Beat The Devil's Tattoo, sans la moindre baisse de tension. Le son est à la fois puissant et envoûtant, complété par une impeccable Leah Shapiro derrière les fûts, avant que la place ne soit faite à l’émotion en fin de set. Dédié à la mémoire de Michael Been et chaleureusement applaudit en réponse par la foule, Whatever Happened To My Rock & Roll fait l’effet d’une bombe avant que Spread Your Love ne conclue brillamment une cinquantaine de minutes mémorables.
Sur la Grande Scène, place à un show à l’américaine pour le retour de Blink 182. La foule a fait le déplacement, et si les fans s’en donnent à cœur joie en multipliant les slams et pogos durant plus d’une heure, les curieux des premières minutes tournent rapidement les talons à la vue du spectacle proposé. Approximatif voire brouillon, très limité vocalement, le groupe justifie la piètre réputation scénique le précédent. Seul le remuant Travis Barker à la batterie, monstre de précision et de puissance, semble tenir son rang alors que ses deux camarades, éternels adolescents, multiplient les blagues d’un goût douteux et les pseudo-provocations de cours d’école.

 

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A l’exception de ce couac prévisible, cette première journée aura tenu toutes ses promesses avec un enchaînement incessant de prestations de qualité face à un public souvent plus spectateur qu’acteur. Une entrée en matière à la hauteur de la programmation du jour !
artistes
    Underworld
    Deadmau5
    Blink 182
    Black Rebel Motorcycle Club
    French Cowboy
    The Kooks
    Beast
    Skunk Anansie
    Foals
    King Of Conspiracy
    Kele
    Band Of Horses
    Roken Is Dodelijk
    All Time Low
    Minus The Bear