En ce vendredi 27 août, alors que le ciel se veut de plus en plus menaçant au fil des minutes, c’est aux américains de Minus The Bear qu’incombe la lourde tâche de lancer les hostilités. Il n’est que 15h mais plusieurs centaines de spectateurs se massent déjà face à la scène de la Cascade alors que la première averse du jour se déverse sur le Parc de Saint-Cloud, faisant fuir les curieux vers les zones boisées et divers stands. Les cinq musiciens, quant à eux, font preuve d’un bel entrain mais leur rock peu original, typiquement américain et teinté de claviers, peine à convaincre, tant et si bien que les regards se tournent rapidement vers la scène principale du site.
C’est ainsi grâce aux très appréciés Band Of Horses que démarre réellement cette journée alors que le soleil est enfin parvenu à chasser – temporairement – les intempéries craintes par beaucoup. Certes l’ambiance n’est pas réellement au rendez-vous, mais les cinq musiciens sont copieusement applaudis par des premiers rangs enthousiastes et les sonorités indie, folk ou inspirées de l’americana offrent de belles possibilités de diversification. Un certain manque d’énergie et des temps morts peu captivants sont à relever malgré tout, et il est ainsi difficile de résister à l’envie de partir en direction de la Grande Scène pour ne rien manquer du premier concert en solo de Kele, un an après l’ultime prestation françaises des déjà regrettés Bloc Party.
Un nouvel aller-retour nous amène vers la scène de la Cascade où Foals s’apprêtent à proposer l’une des performances les plus convaincantes de la journée en dépit d’un Yannis Philipakis en petite forme tant physique que vocale. Si leurs plus récentes compositions, bien que repoussant les limites de leur math-rock originel, semblent faire baisser l’intensité générale à l’image de Miami ou Total Life Forever, qui plus est en raison d’une acoustique discutable, Cassius, Balloons ou Electric Bloom, mené à grands coups de percussions, font la part belle à une fureur maitrisée alors que l’air s’emplit d’électricité. Salué par une foule enthousiaste alors qu’une nouvelle averse rafraichit l’atmosphère, Spanish Sahara constitue une fois encore le temps fort du concert conclu avec le détonnant Two Steps, Twice. A quelques semaines de leur prochaine tournée française, Foals ont tenu leur rang sans sourciller l’espace quarante-cinq minutes, notamment de par la débauche d’énergie mise en œuvre sur leurs plus anciens compositions, explosives comme au premier jour.
Avec une foule devenant plus compacte concert après concert, approcher de la scène sur laquelle The Kooks officient déjà depuis plusieurs minutes devient à cet instant une mission impossible. Avec un line-up renouvelé à 50%, les anglais conservent à l’évidence toujours les clés de la réussite : Luke Pritchard, chanteur et guitariste, harrangue son jeune public et se voit salué par une réaction euphorique lorsque Ooh La, le sucré Shine On ou She Moves On Her Own Way sont interprétées, alors que la poignée d’inédits dévoilés ce soir laisse entrevoir une influence blues plus marquée avec l’utilisation de deux pianos : on citera notamment Sabateur, plus original, face à un Strange One direct mais peu mémorable. Point de surprise ou de prise de risque toutefois, le set est calibré et mené avec sagesse pour satisfaire un large public peut-être moins exigeants que les puristes venus esquisser quelques sourires ou proférer diverses moqueries avant de poursuivre son chemin sans réel souvenir marquant.
Si le décès du père de Robert Been la semaine précédente a légitimement laissé planer un temps le doute sur la présence de la formation, c’est un groupe fidèle à son image et concentré sur sa tâche que le public parisien retrouve sur le coup de 21h. Les jeux de lumières mêlés à la fumée éblouissent la fosse tandis que la communication se voit réduite au strict minimum par les trois musiciens enchaînant classique sur classique, notamment les récents Conscience Killer et Bad Blood tirés de Beat The Devil's Tattoo, sans la moindre baisse de tension. Le son est à la fois puissant et envoûtant, complété par une impeccable Leah Shapiro derrière les fûts, avant que la place ne soit faite à l’émotion en fin de set. Dédié à la mémoire de Michael Been et chaleureusement applaudit en réponse par la foule, Whatever Happened To My Rock & Roll fait l’effet d’une bombe avant que Spread Your Love ne conclue brillamment une cinquantaine de minutes mémorables.
A l’exception de ce couac prévisible, cette première journée aura tenu toutes ses promesses avec un enchaînement incessant de prestations de qualité face à un public souvent plus spectateur qu’acteur. Une entrée en matière à la hauteur de la programmation du jour !