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Eurockéennes

Belfort, du 1er au 3 juillet 2005

Live-report rédigé par David le 14 juillet 2005

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Après avoir digéré l’excellente journée de la veille, on retourne sur ce bon vieux site de Malsaucy en ce samedi pour découvrir la suite de ces 17eme Eurockéennes de Belfort avec à priori (et ce sera confirmé!) un programme beaucoup plus allégé que celui du vendredi.

L’ouverture de la grande scène est aujourd’hui promise aux américains de Cake qui , malgré la mauvaise humeur du chanteur dont la guitare fut perdu dans le voyage par Air France ( !), distilleront leur mix country/funk/rock devant un public encore peu nombreux mais visiblement content. Devant le coté un peu répétitif de leur sympathique prestation, nous décidons de migrer vers le Chapiteau qui va accueillir ce qui sera au final l’une des grandes révélations de ce festival.

The National débarquent donc sur scène en cette fin d’après-midi et même si l’horaire et la température ne s’y prêtaient pourtant à priori pas vraiment, la mélancolie énivrante des new-yorkais va captiver l’assistance et leur concert, emmené par les plus beaux morceaux de leur dernier et somptueux album Alligator, sera magistral d’implication et de sensibilité.
D’ailleurs le mal-être du chanteur Matt Berninger fait presque de la peine tellement on ressent son incapacité à se sentir bien sur une scène (un seul petit sourire sur la fin !) mais accentue encore plus le coté émotif transpirant des perles Secret Meeting ou Cherry Tree. Les new-yorkais se payent même le luxe de durcir leur dernières compos les plus rock (Abel ou l’énorme Mr November que Matt hurlera à s’en péter les cordes vocales) et ainsi de faire bouger une foule plus que ravie par ce concert à la fois intimiste et bouillonnant d’émotion.
Quel dommage qu’on ne leur ait pas laisser jouer le dernier morceau prévu sur leur set-list alors que l’assistance ne demandait que ça mais peu importe, The National ont, à coup sur, gagner de nombreux fans grâce à leur performance de cet après-midi. C’est amplement mérité.

Sans transition aucune, on délaisse le Chapiteau pour La Plage où les brutaux Mastodon (et oui, ça ne s’invente pas!) ont déjà pris d’assaut la scène a grands renforts de riffs et de cheveux gras. Quasiment seul groupe purement métal du week-end (et même si je n’écouterais pas ça toute la journée!), il faut avouer que le combo américain a «envoyer du bois» pour le plus grand bonheur des oreilles frustrées de décibels et ce, malgré un son un peu brouillon.
De plus, malgré les apparences tendant à les faire passer pour de gros bourrins, la musique de Mastodon est beaucoup plus recherchée qu’elle n’y paraît et même si elle reste puissante et dévastatrice de bout en bout (réservée aux initiés quoi!), de nombreuses subtilités instrumentales (aussi bien aux guitares/basses qu’à la batterie) ont du ravir les connaisseurs.

Petit détour ensuite par La Loggia où Bonnie Prince Billy (Will Oldham de son vrai nom) va délivrer une bonne prestation de country/folk accompagné pour l’occasion par l’excellent Matt Sweeney (ex-Chavez/Zwan). Un show un peu répétitif sur la longueur mais quand même ponctué de moments de grâce tant les accompagnements de guitare acoustique vont avec merveille avec la voix chaude et accueillante de Bonnie Prince Billy qui sera acclamé par une Loggia fort bien remplie.

Le public commence à se masser devant la grande scène impatient de voir à l’œuvre les valeurs montantes actuelles que sont Ghinzu. Débarquant sur la musique accompagnant Dark Vador dans les Star Wars, les cinq belges (un bon nombre de drapeaux auront pu être remarqués dans la fosse pour l’occasion!) délivreront un set correct avec des hauts (notamment grâce à leur entêtant single Do You Read Me ? ou les très énergiques Dragster Wave et Mine) et des bas (quelques baisses de régime notamment sur les deux reprises Blue Suede Shoes et Purple Rain).
Prestation à prendre impérativement au second degré (tant le chanteur par exemple peut apparaître comme arrogant avec ses poses préparées à l’avance et pas franchement rock n’ roll dans l’esprit quoi !), les belges auront remplit leur contrat même si je persiste à penser que la grande scène était un peu trop grande pour eux cette année.

Alors que de nombreux observateurs ressortiront impressionné du Chapiteau par la prestation commune de Nosfell et Ez3kiel (qui ont ponctué leur show par une reprise de Bowie, I’m Afraid Of Americans), il est temps d’aller voir ce que donne ce jeune Tom Vek qui commence à se faire une belle réputation dans son pays.
Et bien malgré un set un peu court et un son (une nouvelle fois sur La Plage!) un peu brouillon, le très jeune britannique (23 ans) a réussi a captivé l’attention du maigre public venu pour lui (et oui, pendant ce temps sur la grande scène, il y avait Cali!) et surtout à le faire danser et se remuer au rythme de ses chansonnettes electro-pop qui ne sont pas sans rappeler celles de The Rapture, l’année passée au même endroit.
Avec son style musical vraiment particulier (deux basses pendant plus de la moitié des morceaux) et son attitude fort sympathique (un peu «à la Ben Kweller») à l’opposé des caricatures rock que l’on croise parfois («c’est du vin whouge» lança t’il au public en trinquant avec lui!), Tom Vek fit vraiment plaisir à voir et à entendre avec en point d’orgue son excellent single C-C ou Set The Fire In Me.

Retour ensuite devant la grande scène où Cali termine une prestation à moitié nu (suite à un slam énorme dans la fosse jusqu’à la régie, une «Mathias» comme on dit ici depuis 2003!) devant un public conquis et la plus grosse affluence du week-end (32000 personnes). Il joue en exclusivité un nouveau morceau en incitant le plus de personnes à «l’enregistrer sur leur téléphone!» puis termine en apothéose avec C’est Quand Le Bonheur repris en chœur par l’immense foule présente.
Pas vu assez longtemps pour avoir une opinion réelle mais en tout cas le monsieur s’est bougé pour faire un show digne d’une grande scène aux Eurockéennes.

La clôture de cette grande scène était ce soir réservé à Garbage dont la seule véritable surprise de leur show résidait à découvrir la scène… entièrement vide hormis la batterie! Car oui, avec Shirley et sa bande, terminé l’ère des fils, des amplis à lampe et des retours qu’on balance dans la fosse à la fin du show puisque chez eux, tout est numérique et il faut avouer que la vision de la grande scène dénudée à ce point fait franchement bizarre.
Le concert proposé fut donc à l’image de celle-ci, propre, carré, efficace certes mais dénué de la moindre émotion. La set-list pioche pourtant, pour le plus grand bonheur des fans, dans les deux premiers (excellents) albums (Queer, Stupid Girl ou I Think I’m Paranoïd) mais hormis un Push It franchement emballant (qui reste de loin le meilleur single jamais écrit par Garbage à ce jour), le reste semblait, à l’image du discours «Vous êtes incroyables / Notre cœur est au Live8 ce soir / … » de Shirley beaucoup trop stéréotypé pour passionner réellement.
Mais bon, le public a adoré et la journée «Europe2» (Ghinzu / Cali / Garbage) a explosé en affluence la journée «pointue» de la veille donc… je vous laisse tirer les conclusions qui s’imposent…

Kasabian ayant été annoncé comme annulés un peu plus tôt, direction le repos avant la dernière journée, avec le sentiment persistant que ce samedi fut en grande partie réussi grâce aux petites découvertes étonnantes qu’auront été The National, Mastodon, Tom Vek et Bonnie Prince Billy
artistes
    Elkee
    Cake
    The National
    Torm
    Mastodon
    Amadou & Mariam
    ETHS
    Bonnie Prince Billy
    Morgan Heritage
    Ghinzu
    Nosfell & Ez3kiel
    Common
    Tom Vek
    Cali
    Kas Product
    Les Chroniques Bumcello 1.2
    Raphaël Saadiq
    Garbage
    Raw-T
    Moodymann
    The Perceptionists
    Rhythm & Sound
    Vitalic
    Dälek