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Eurockéennes

Belfort, du 1er au 3 juillet 2005

Live-report rédigé par David le 15 juillet 2005

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Dernier jour donc de ces 17eme Eurockéennes de Belfort avec un soleil écrasant qui s’abat sur le site dès l’ouverture et qui achèvera certains festivaliers plus fervents de la boue habituelle (qui, si elle salit un peu les pompes et le reste, ne démonte pas une tête fragile qui tente de résister à quelques jours d’excès en tout genre!) que de la chaleur écrasante.

Comme d’habitude, la journée commence légèrement plus tôt le dernier jour, l’occasion de découvrir sur La Plage Toxic Kiss, un groupe strasbourgeois fort sympathique, issu du tremplin, qui nous fera débuter agréablement la journée grâce à leur pop-punk étrange, très influencée sixties mais débordante d’énergie communicative sur scène.

Direction Le Chapiteau ensuite pour découvrir enfin l’énigmatique Nosfell qui avait enchanter tant de monde la veille grâce à sa création avec Ez3kiel; malheureusement, la programmation douteuse de Marcello D2 (hip-hop salsa brésilienne) dont le set devait se terminer 10 minutes seulement avant le début de celui de Nosfell entraîna forcément une bonne demi-heure de retard dans le programme.
Mais bon, encore plus dommage fut mon incapacité à «pénétrer» dans le monde si particulier de Nosfell: bizarrement, alors que l’écoute de son disque m’est agréable et même si son registre vocal est impressionnant techniquement parlant en live, impossible de rester attentif à ses chansons qui me plongent dans un ennui des plus profonds.

Changement de style radical direction The Killers qui ont déjà pris d’assaut la Grande Scène sous un soleil de plomb. Les tubes (Mr Brightside, Somebody Told Me) défilent, quelques nouvelles chansons exclusives sont jouées, le public est ravi mais il manque indéniablement aux américains le petit quelque chose qui pourrait amener un réel déclic dans l’intérêt qu’on peut leur porter.
Pourtant, certaines chansons pourraient vraiment «donner» autre chose en live mais le son adopté par The Killers apparaît comme beaucoup trop inoffensif et synthétique; autant ce parti prit passe relativement bien sur leur honnête premier album, autant en concert, il leur faudrait clairement «revigorer» l’ensemble pour arriver à insuffler un élan nouveau à leurs ritournelles pop sympathiques au demeurant.
En même temps soyons honnète, au milieu de la chaleur écrasante de ce dimanche après-midi, leur show fut un moment relativement sympa (comme quoi, le soleil atténue un peu les velléités!)

Il est temps maintenant de rejoindre La Loggia pour profiter du petit phénomène pop qu’est Andrew Bird. Ne connaissant que son petit dernier (…The Mysterious Production Of Eggs) et encore découvert sur le tard, je ne savais pas trop à quoi m’attendre en allant le découvrir sur scène. L’effet fut garanti.
Ce multi-instrumentiste (Violon/Guitare surtout) hors-pair va arriver à faire frissonner d’émotion La Loggia entière grâce à ses petites mélodies sinueuses d’une richesse infinie cumulées à une voix somptueuse qui n’est pas sans rappeler celle de dieu Jeff Buckley. L’artiste est fantastique mais l’homme apparaît comme tout aussi touchant comme lorsque il s’arrête lors de l’introduction de deux chansons parce qu’il a raté l’enregistrement du violon (comme M ou Nosfell le font, Andrew Bird utilise une pédale-séquenceur lui permettant d’enregistrer un instrument puis de le faire tourner en boucle pendant tous le reste du morceau et donc de «rajouter» des couches d’autres instruments par dessus).
Son show fut magnifique d’émotions et l’on peut presque regretter l’absence d’un réel groupe entier à ses cotés qui lui permettrait de prendre alors plus d’application à son seul violon et à sa voix et surtout de permettre quelques improvisations bienvenues sans avoir à rester «en phase» avec les séquences préenregistrées auparavant…
Mais grande découverte en tout cas que ce Andrew Bird en live.

Alors que Le Tigre ont enflammé le Chapiteau et que les français (remplaçant de dernières minutes de Sum41) de Mass Hysteria assurent très honnêtement le boulot sur la Grande Scène dans leur domaine de prédilection qui est le «jumpage de djeuns dans la fosse» sous une chaleur accablante (de loin, à l’ombre, en buvant une mousse, ça passe plutôt bien!), on s’éclipse alors à nouveau vers La Loggia pour découvrir l’énigme Isis et leur post-rock-métallique si particulier.

Alors donc, la curiosité de la journée va délivrer un set impressionnant dans le sens où il s’avère très difficile de «ranger» ce groupe dans une catégorie musicale précise: en effet, les longs morceaux atmosphériques de ces américains d’Isis pourraient très bien se rapprocher du post-rock de Mogwaï voire de certains anciens morceaux des Pink Floyd si ce n’est que de furieuses décharges métalliques viennent assez souvent exploser l’ensemble pour aboutir à un mix post-métal ravageur car remplit d’émotion.
Il s’avère quand même assez difficile de «rentrer dans leur univers» mais une fois qu’on y est, on a franchement plus aucune envie d’en sortir: un show original, une musique intriguante et donc un voyage passionnant, merci Isis!

Alors que The Bravery ont également rameuté pas mal de monde sous Le Chapiteau, la soirée arrive ensuite avec plaisir pour tous les festivaliers cramés par le soleil de ce dimanche après-midi et coïncide avec le débarquement sur la Grande Scène des mythiques (plus de vingt ans de carrière!) Sonic Youth qui nous proposerons un show (comme souvent avec eux) déconcertant car très bruitiste et déstructuré mais avec un travail sur les guitares assez hallucinant.
Difficile pour le grand public de pénétrer la sphère Sonic Youth (et ce même si des chansons comme Teenage Riot s’imposent assez aisément!) et pourtant le combo new-yorkais impressionne réellement par leurs bidouillages incessants et leur volonté farouche de refuser les compromis et la facilité d’un concert en roue libre. Le résultat est donc parfois sidérant (le «duel de guitare», au sens propre, de Thurston Moore et Lee Ranaldo au milieu du set!), parfois poussif (l’impro finale qui mit du temps à «décoller») mais toujours sur la corde raide.
Un petit bémol sur le son global (pas assez «puissant» dans son ensemble et avec une belle coupure totale d’amplification pendant une bonne vingtaine de secondes!) mais sinon rien à redire du plaisir à retrouver ces Sonic Youth dont le show se conclura dans l’hallucination la plus totale avec Lee secouant des clochettes sur le corps de Thurston, allongé entre la scène et la fosse, hurlant dans son micro-guitare!

La fatigue commençant franchement à imposer sa loi, il ne nous restait plus qu’à attendre la tête d’affiche du jour, le grand groupe de clôture (sic !)… Louise Attaque!
Alors certes l’événement était de taille et le public semblait trépigner d’impatience quand à entendre à nouveau le groupe qui marqua la chanson/rock française il y a quelques années mais une fois le concert commencé, avec un peu de recul, il apparaît comme évident que nos quatre frenchies étaient un peu «légers» pour clôturer comme il se doit le festival (comme l’avaient si bien fait Korn l’année dernière ou Massive Attack l’année d’avant, ce n’est bien évidemment pas une question de «style musical» mais de carrure!).
Alors oui, c’est quand même avec plaisir qu’on ré-entend des tubes comme Amours et surtout Les Nuits Parisiennes mais, contrairement à ce que la presse nous avait un peu vite annoncé, aucun changement (même minime !) n’est apparu dans le show des Louise Attaque. J’espéraient au moins que le groupe tenterait quelques paris risqués du style ré-arranger entièrement les anciennes chansons ou faire l’impasse sur J't’emmène Au Vent, histoire de prouver à tout le monde que leur retour n’est pas pour fructifier les efforts passés mais plutôt un nouveau départ pour aller de l’avant…
Hélas, les versions proposées ce dimanche étaient absolument identiques aux anciennes versions studios et la poignée de nouveaux morceaux proposés ne me sont pas apparues comme particulièrement emballantes…
Déception personnelle donc pour cette clôture… mais l’ovation du public fut énorme!

Alors que les plus curieux / moins fatigués se jetaient sur les derniers groupes à l’affiche (TTC ou Röyksopp), il était temps pour nous de clore l’épisode Eurockéennes pour cette année 2005 qui fut, avec ses 85000 entrées en 3 jours un succès (même si, légèrement en retrait par rapport aux deux précédentes éditions), mais qui aura «rameuter» le plus de public samedi lors de la journée la plus «grand public» musicalement parlant…
Nous verrons l’année prochaine si cela aura une incidence sur le comportement des programmateurs…
artistes
    Toxic Kiss
    Marcelo D2
    Nosfell
    Monsieur Z
    The Killers
    Le Tigre
    Andrew Bird
    Tom Zé
    Mass Hysteria
    Plant Life
    Isis
    The Bravery
    Sonic Youth
    Slum Village
    Balkan Beat Box
    Kraftwerk
    TTC
    Louise Attaque
    Amon Tobin
    Les Chroniques Bumcello 1.3
    Röyksopp
    Turbo Trio