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Roskilde Festival

Roskilde, du 30 juin au 3 juillet 2011

Live-report rédigé par Kris le 8 juillet 2011

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Pour ce dernier jour de Roskilde, le beau temps est revenu, mais le fort orage de la veille a laissé maintes séquelles sur le site du festival. Suite aux trombes d'eau tombées le samedi, puis la valse des festivaliers allant de scène en scène, la terre a été labourée de part en part, faisant remonter les vapeurs alors bien enfouies. Le soleil venant ironiquement poindre son nez dès la matinée donne à l'ensemble du site une odeur rance, qui vient s'incruster dans les profondeurs de la cloison nasale, atteignant même l'intérieur de la gorge. Heureusement qu'il s'agit du dernier jour...

 

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Malgré la fatigue et la saturation, il restait encore du beau monde à se produire en ce dimanche. Notamment les Américains de Surfer Blood, qui investissent la scène Odeon. La première vision du groupe est... surprenante. On connaît leur musique, sorte de rock mélodique aux influences californiennes, à la fois pop et rêche. On imagine des rockeurs, un peu poseurs, un peu dandys, à l'allure travaillée, et au look aussi « cool » que le laisse miroiter leur musique. On ne s'imagine pas alors voir débarquer de jeunes garçons (à vue d'oeil vingt-et-un ans d'âge moyen maximum) paraissant très inoffensifs, sages et propres sur eux.
Mais les doutes se dissipent très vite, alors que s'enchaînent les tubes de leur premier album Astro Coast. Le côté très laid-back du rythme se marie parfaitement à la lourdeur de l'impact des guitares criantes, chantantes. La musicalité de Surfer Blood passe également par la puissance tout en retenue de leur chanteur John Paul Pitts, qui fait du groupe floridien une parfaite mixture aux infusions de Built To Spill et de Vampire Weekend. Il y a chez Surfer Blood une facilité et une énergie infectieuse, dans la parfaite lignée du rock américain de ces quinze dernières années.

 

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De l'autre côté de cette frange néo-rock américaine, on retrouve les vétérans de Bad Religion, déjà passés par le Danemark l'année passée, à Copenhague, pour la tournée de leur trente ans. C'est sur la scène Orange que se fait entendre le punk des Californiens, devant un parterre où l'on trouve fans, reconnaissables au premier coup d'oeil, et curieux qui se seront faufilés dans la fosse principale. Il faut être honnête, le rock de Bad Religion a quelque peu mal vieilli. Malgré une vitalité toujours intacte, être une des sources principales de toute la vague néo-punk-rock du début des années 2000, permet l'amalgame en leur défaveur. On ne restera que l'espace de quelques chansons, car commence The Walkmen, et la foule s'entasse déjà.

La musique de The Walkmen, bien que rarement radicale ou obscure, est parfois difficile d'accès, car exigeante. Les mélodies se mettent en place, souvent sans suivre de format bien établi, mais selon une certaine mouvance, virevoltant autour d'Hamilton Leithauser, voix sèche et intrinsigeante, à l'identité vocale unique dans le rock actuel.
Sur scène, c'est une toute autre paire de manches. La musicalité, parfois effacée, se retrouve au premier plan, tandis que le chant de Leithauser agit comme catalyseur ponctuel, enflammant rythme et cohésion à chacune de ses sorties. Les arrangements également se retrouvent mis en avant, ajoutant un groove brut aux chansons des Walkmen. Mais ce qui ressort est évidemment cette tension, palpable, imposante. Angela Surf City, meilleur titre de leur dernier album Lisbon, s'enveloppe dans un ensemble rugueux, d'où ne transparaissent que chaleur fièvreuse et aliénation maladive. Pour ceux qui ne connaissaient pas les Walkmen, cette prestation restera gravée un long moment dans les mémoires.

 

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C'est vers l'Arena que converge désormais la foule car se produit l'événement Big Boi, dont le dernier album Sir Luscious Left Foot : The Son of Chico Dusty avait créé la sensation. Avec une mise en scène minimale – Big Boi, un autre MC pour l'accompagner et son DJ –, c'est parti pour une heure et demie de show. Big Boi n'est pas à proprement parler un showman, il interagit avec le public, mais de manière mesurée ; il est plutôt du genre travailleur de fond, artiste impliqué et accompli. Ainsi, son flow impeccable et inégalable n'aura d'écho qu'une setlist idéale. Et pour commencer en beauté, et se mettre son public dans la poche, il n'hésite pas durant la première demi-heure à interpréter quelques-uns des gros succès d'Outkast – raccourcis évidemment – provoquant une émulsion folle dans l'Arena. Mrs. Jackson, So Fresh So Clean, B.O.B. sont entonnés par 30 000 personnes, comme des hymnes avec lesquels chacun a grandi. Puis vient le tour de Big Boi de se mettre en avant, comme l'imposant artiste qu'il est. Sans temps mort, attisant et haranguant la foule, faisant monter des filles pour danser sur scène, le spectacle est maintenu par son acolyte, tandis que Big Boi faisait défiler ses tubes, de Shutterbug à Shine Blockas, probablement deux des meilleurs titres de rap de ces dernières années. Une génération a grandi avec Outkast, faisant de Big Boi l'une des stars de la musique mondiale. Ce concert sans faute à Roskilde n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.

 

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Galvanisé par ce concert de Big Boi, c'est avec une attente non dissimulée que l'on rejoint la tente Cosmopol pour la venue de Janelle Monáe. A l'inverse opposé du show précédent, celui de Janelle est un spectacle haut en couleurs, aux effets scéniques et lumières à leur maximum. Rien n'est assez grandiloquent pour la jeune Américaine, à l'image de sa musique, hybride de soul, de pop de r'n'b et de culture hip-hop.
Avec Janelle Monáe, le spectacle est partout, cherchant à faire s'émerveiller son public à chaque instant : musiciens dansants et partie intégrante des chorégraphies, mise en scène travaillée, et évidemment, un talent à ne plus démontrer. Janelle saute, danse et chante. Et parvient à garder cette grande classe qui la caractérise. Elle délivrera même une reprise d'I Want You Back des Jackson 5, de facture certes très classique, mais interprétée à la perfection. Surtout, on avait espéré. Jusqu'au dernier moment, jusqu'aux premiers retentissements de tambours de Tightrope. On attendait l'apparition surprise de Big Boi sur scène pour rejoindre Janelle Monáe sur leur tube. Occasion manquée, prévisible, mais qui n'aura en rien gâché un spectacle resplendissant, fait pour en mettre plein la vue. Objectif atteint.

C'est en manquant Kings Of Leon que se clôt désormais cette édition 2011 de Roskilde, qui aura tenu une bonne majorité des promesses assurées. Rendez-vous l'année prochaine pour réclamer notre dû.
artistes
    I Was A King
    Daniel Adams-Ray
    Bring Me The Horizon
    Johan Sara Jr
    Thulebasen
    Tremor
    Tarrus Riley & The Black Soil Band
    Surfer Blood
    Chancha Via Circuito
    Bad Religion
    Tu Fawning
    Pulled Apart By Horses
    Curren$y
    Afrocubism
    The Walkmen
    My Chemical Romance
    Julianna Barwick
    Screaming Females
    Anibal Velasquez Y Los Locos Del Swing
    Big Boi
    Yemen Blues
    Gold Panda
    L.O.C.
    Graveyard
    Janelle Monae
    Justin Townes Earle
    Battles
    Desolate
    Kings Of Leon