Malgré la fatigue et la saturation, il restait encore du beau monde à se produire en ce dimanche. Notamment les Américains de Surfer Blood, qui investissent la scène Odeon. La première vision du groupe est... surprenante. On connaît leur musique, sorte de rock mélodique aux influences californiennes, à la fois pop et rêche. On imagine des rockeurs, un peu poseurs, un peu dandys, à l'allure travaillée, et au look aussi « cool » que le laisse miroiter leur musique. On ne s'imagine pas alors voir débarquer de jeunes garçons (à vue d'oeil vingt-et-un ans d'âge moyen maximum) paraissant très inoffensifs, sages et propres sur eux.
De l'autre côté de cette frange néo-rock américaine, on retrouve les vétérans de Bad Religion, déjà passés par le Danemark l'année passée, à Copenhague, pour la tournée de leur trente ans. C'est sur la scène Orange que se fait entendre le punk des Californiens, devant un parterre où l'on trouve fans, reconnaissables au premier coup d'oeil, et curieux qui se seront faufilés dans la fosse principale. Il faut être honnête, le rock de Bad Religion a quelque peu mal vieilli. Malgré une vitalité toujours intacte, être une des sources principales de toute la vague néo-punk-rock du début des années 2000, permet l'amalgame en leur défaveur. On ne restera que l'espace de quelques chansons, car commence The Walkmen, et la foule s'entasse déjà.
C'est vers l'Arena que converge désormais la foule car se produit l'événement Big Boi, dont le dernier album Sir Luscious Left Foot : The Son of Chico Dusty avait créé la sensation. Avec une mise en scène minimale – Big Boi, un autre MC pour l'accompagner et son DJ –, c'est parti pour une heure et demie de show. Big Boi n'est pas à proprement parler un showman, il interagit avec le public, mais de manière mesurée ; il est plutôt du genre travailleur de fond, artiste impliqué et accompli. Ainsi, son flow impeccable et inégalable n'aura d'écho qu'une setlist idéale. Et pour commencer en beauté, et se mettre son public dans la poche, il n'hésite pas durant la première demi-heure à interpréter quelques-uns des gros succès d'Outkast – raccourcis évidemment – provoquant une émulsion folle dans l'Arena. Mrs. Jackson, So Fresh So Clean, B.O.B. sont entonnés par 30 000 personnes, comme des hymnes avec lesquels chacun a grandi. Puis vient le tour de Big Boi de se mettre en avant, comme l'imposant artiste qu'il est. Sans temps mort, attisant et haranguant la foule, faisant monter des filles pour danser sur scène, le spectacle est maintenu par son acolyte, tandis que Big Boi faisait défiler ses tubes, de Shutterbug à Shine Blockas, probablement deux des meilleurs titres de rap de ces dernières années. Une génération a grandi avec Outkast, faisant de Big Boi l'une des stars de la musique mondiale. Ce concert sans faute à Roskilde n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Galvanisé par ce concert de Big Boi, c'est avec une attente non dissimulée que l'on rejoint la tente Cosmopol pour la venue de Janelle Monáe. A l'inverse opposé du show précédent, celui de Janelle est un spectacle haut en couleurs, aux effets scéniques et lumières à leur maximum. Rien n'est assez grandiloquent pour la jeune Américaine, à l'image de sa musique, hybride de soul, de pop de r'n'b et de culture hip-hop.