Le réveil fut difficile, la matinée tout autant. Et pour cause : il faut se battre pour trouver une place à l’ombre sous une chaleur pas forcément agréable tout en planifiant le programme de la journée. Un regard par ici, un regard par là et notre première décision est prise, Anna Calvi sera celle qui ouvrira le bal. A l’écoute de son album éponyme, on savait que son concert s’annonçait déjà magnifique, mais une fois la performance terminée, le résultat est bien au-dessus toutes les espérances. Avec un rock maitrisé, gracieux et complexe par instants, Anna Calvi tient toutes ses promesses et nous tend les bras vers son très joli timbre de voix à la fois solide et intemporel. Ce n’était que notre premier concert de la journée, et pourtant c’est déjà une démonstration.
Changement de scène, changement d’ambiance. Gaëtan Roussel et sa pop synthétique à l’anglo-saxonne réussit son pari : faire sonner des mots simples mais réfléchis sur un rythme aux tendances plus électriques. Et le plus impressionnant est que cette volonté fédère les spectateurs. Il est 20h et on se dit que la journée commence plutôt bien. Malheureusement, la donne va complétement changer. En un triptyque d’un peu plus de trois heures, la programmation s’essouffle : Raphael Saadiq, Motörhead et House Of Pain (véritable papys du hip-hop qui ont visiblement oublié de prendre leur soupe pour être en forme).
Plus de trois heures durant lesquels seuls les trop rares soubresauts des moustachus de Motörhead feront raisonner les festivités. On se dit alors que Drums Are For Parades et Funeral Party auraient mérité un peu plus d’attention. Car s’ils ne bénéficient pas du rayonnement international ni de la puissance symbolique d’un groupe comme Motörhead, ces deux formations, injustement reléguées sur de plus petites scènes, ont prouvé que seule l’énergie comptait.
Qu’importe comment certaines choses en viennent à s’inverser, après tout, les choses sérieuses redémarrent en trombe avec la bande à Josh Homme : Queens Of The Stone Age. A coup de grosses guitares, de voix roque et de charisme, les californiens démontent tout sur leur passage. Porté par un Josh Homme sublime et un ciel étoilé en toile de fond, tout est là. Personne ne s’y trompe : Queens Of The Stone Age vient de donner l’un des meilleurs concerts de cette nouvelle édition des Eurockéennes.
Vols, provocations, dégradations, des attitudes clairement aux antipodes des fondements d’un festival et qui pourtant affichent au premier plan les dessous méconnu de ces festivités. Dommageable, voire regrettable, mais ne vous y trompez pas, l’ambiance reste à la solidarité et à l’amour, certains n’hésitant pas à le pratiquer dans les allées.
La gifle terminale de cette soirée riche en rebondissement.