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Main Square Festival

Arras, du 1er au 3 juillet 2011

Live-report rédigé par Anne-Line le 20 juillet 2011

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Troisième jour de festival, le réveil se fait un peu plus difficile. Le soleil brûle toujours le sol aride de la Citadelle.

Sur la Grande Scène, les festivaliers transpirent au son de la soul sensuelle de Charles Bradley. Sur la deuxième scène, un fond blanc est installé, avec la photo d'un énorme rasoir de barbier à demi ouvert, et un nom : I Blame Coco. L'image est assez bien choisie. La demoiselle, quelque peu garçon manqué, est une jeune fille à fleur de peau. Elle entre en scène, les cheveux pas tout-à-fait propres, une chemise informe sur le dos, la gestuelle pas encore entièrement débarrassée de la gaucherie adolescente. Elle harangue la foule d'un air décidé, l'encourage à applaudir. Celle-ci s'exécute poliment.
À mesure que défilent les morceaux électro-pop de l'album The Constant dont trop peu de refrains se distinguent – à part peut-être Quicker et Self Machine – on se met à rêver au jour où la petite Coco deviendra grande et réalisera tout son potentiel.

Pour ce dernier jour de festival, le Main Square nous a réservé une fin en apothéose sur la Grande Scène avec quatre des meilleurs groupes et artistes britanniques en activité à la suite : Elbow, PJ Harvey, Portishead et Coldplay.

 

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Tout d'abord Elbow, groupe vu trop peu souvent en France, qui s'émerveillent devant le cadre d'exception de la Citadelle, et sont accompagnés pour l'occasion d'un quatuor à cordes. On ne peut pas dire que le public arrageois leur fasse un accueil de stars, ce qu'ils sont désormais en Angleterre, mais Guy Garvey s'applique à interagir avec la foule, lui faire lever les bras, lui faire chanter un refrain. Il n'est pas vraiment un showman né donc la démarche mérite d'être appréciée. Les ballades d'Elbow réussissent l'exploit d'être à la fois lyriques et modestes, et d'une beauté fulgurante, une beauté qui ne se révèle qu'aux oreilles initiées, ce qui n'est pas vraiment l'idéal dans le cadre d'un festival. Un jour viendra, où la France succombera au culte du Coude.

 

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Après cela, l'un des moments forts du festival arrive, avec l'entrée en scène de la prêtresse PJ Harvey. Revêtue d'une longue robe blanche et d'une coiffe à plumes démesurée, elle apparaît accompagnée de trois musiciens, sans décor de fond, aucune autre fioriture que son costume de prêtresse des bois. Elle commence ses incantations avec Let England Shake et pendant une heure, le public est subjugué. Munie tantôt d'une guitare acoustique, tantôt d'une guitare électrique, mais surtout de sa fameuse autoharpe, elle célèbre sa messe païenne dans une atmosphère solennelle de bout en bout. Très peu de bla-bla entre les morceaux, et pourtant la communication avec le public n'est pas inexistante, son sourire diaphane irradiant la foule d'une sérénité bienveillante. Un moment suspendu dans le temps.

 

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Comme si cela ne suffisait pas, juste après PJ Harvey sont programmés les Portishead. Dans un effet de contraste total, Beth Gibbons fait son entrée vêtue d'une parka et d'un jean, et se fond au milieu de ses musiciens. Ici, pas d'ego surdimensionné ni de charisme à couper le souffle, uniquement le confort des mélopées cotonneuses des Brightoniens. Les milliers de festivaliers assistant au récital retiennent leur souffle de peur de briser ces mélodies fines comme du cristal qui se répandent dans l'atmosphère. Celle-ci se rafraîchit au fur et à mesure que le soleil disparaît derrière les arbres. Un dimanche soir comme il en arrive trop peu.

 

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Pour le bouquet final, Live Nation ont dégainé leur plus gros missile : Coldplay. Dans la plus droite lignée des Flaming Lips, énorme influence de Chris Martin s'il en est, des ballons de baudruche démesurés, immenses et multicolores, sont balancés dans la foule. Les ballons rebondissent dans la joie et la bonne humeur. Ils sont remplis de confettis qui se répandent lorsqu'ils éclatent. Avant même l'entrée en scène, il règne dans la Citadelle une atmosphère de carnaval. Puis, c'est le moment de fébrilité : les lumières s'éteignent, et les multiples décors de scène s'illuminent : ils arrivent.
Courageux, ils entament immédiatement des nouveaux morceaux, l'instrumental MX et Hurts Like Heaven, qui repose beaucoup sur la guitare de Jonny Buckland. En troisième morceau, ils commencent à jouer Yellow sous les vivats, mais malheureusement, à peine le premier couplet entamé, les voilà forcés d'interrompre la chanson à cause d'un ennui technique. La magie est brisée. Chris Martin se confond en excuses, rejette la faute sur le batteur Will Champion, et c'est reparti de plus belle, pour un set comprenant de nombreuses nouvelles compositions (à peu près six au total).
Le public applaudirait bien à tout rompre mais il a les mains occupées à taper dans les ballons. Le groupe porte des tenues militaires peinturlurées, similaires à celles qu'ils portaient à l'époque de Viva La Vida. Ils jouent une version très rock de God Put A Smile Upon Your Face, et n'hésitent pas à proposer des morceaux très anciens, tels Everything's Not Lost ou Life Is For Living, souvenirs d'une époque où personne ne se serait douté qu'un jour ils joueraient devant 40,000 personnes... Viva La Vida a presque volé le titre de « Morceau le plus attendu du set » détenu jusqu'à présent par Clocks. Des lasers dessinent des figures géométriques dans les arbres. Sur scène, la chemise de Chris Martin est plus que trempée, et il nous dit que nous sommes « fantastiques ».

Et sans mentir, l'espace d'un instant, tandis que les dernières notes de Every Teardrop Is A Waterfall résonnent, nous le croyons.
artistes
    Rival Sons
    Manceau
    Charles Bradley
    Evaline
    Bruno Mars
    I Blame Coco
    Puggy
    Julian Peretta
    Cold War Kids
    Magnetic Man
    Elbow
    PJ Harvey
    Portishead
    Coldplay
    Underworld