A peine arrivés sous le chapiteau du Club Circuit Marquee que résonnent les premières notes de Think & Feel et son refrain fédérateur. Les Écossais, toujours aussi fougueux, sont prêts à tout donner aux spectateurs survoltés. Les deux chanteurs descendent dans la fosse, ils entonnent alternativement des titres poppy et d'autres plus hardcore. La mayonnaise prend dès le début et nous sortons ravis et humides de ce premier concert de la journée.
En festivaliers consciencieux que nous sommes, nous avons étudié la météo avant notre départ et savons donc que ce temps clément sera de courte durée ; nous sommes donc bien décidés à en profiter un minimum : une sieste au soleil, dans le peu d'herbe qui subsiste de la première journée de déluge : parfait, même si nous tentons de ne pas nous focaliser sur Les Hurlements D'Leo qui ont de sérieux problèmes de son sur la grande scène. En effet, tout au long du festival, nous assisterons à des balances mal réglées, des enceintes qui sont prises de caprices. L'humidité trop importante sur la seule scène outdoor ? Le reste de la journée nous prouvera que ce n'était vraisemblablement pas la seule explication.
Nous décidons de continuer l'après-midi en compagnie du duo américain Two Gallants ; Adam Stephens et Tyson Vogel nous livrent un set intimiste, fort en émotions et leur americana teintée de folk et de rock ravit l'ensemble des spectateurs, même si force est de constater que ce n'est toujours pas ce genre d'affiche qui attire les foules, et tant mieux !
Une grande respiration et nous reprenons noter journée marathon qui réserve encore beaucoup de surprises. Comme une tradition à Dour, nous décidons de nous rendre au concert des Belges de Das Pop et comme quelques années auparavant, nous en ressortons avec le sourire : une pop acidulée, certes, mais diablement efficace. Des dés gonflables géants qui sont lancés dans le public, des mélodies qui vous font dodeliner de la tête sans même que vous vous en rendiez compte, voilà à quoi ressemble un moment avec les trop sous-estimés Das Pop.
A ce moment, premier gros dilemme de cette édition de Dour 2011 : choisir entre le métal tripant de Kylesa ou la folie de Stupeflip. Nous optons, remplis de regrets, pour la deuxième option. Le chapiteau du Dance Hall est plein comme un œuf et tout le monde attend impatiemment le CROU. Mc Salo fait d'abord son apparition dans une ambiance enfumée et mystérieuse puis le groupe entame sur une bande racontant l'histoire du CROU pour ensuite enchaîner sur Les Monstres, titre issu du premier album.
Nous changeons de registre pour la suite avec Mogwai : le soleil se teinte de rouge et se couche derrière la Last Arena tandis que le groupe nous envoie un set qui ira crescendo. Le décor est parfait pour le post-rock de nos Écossais, même si une heure, pour une telle musique, c'est trop court.
Un rideau noir est tendu sur l'avant-scène et Jarvis communique avec le public grâce à des messages instantanés. Il introduit le moment et au bout de quelques minutes, le rideau tombe et d'immenses lettres lumineuses, typographie Different Class, révèle le nom du groupe tant attendu : Pulp. Le charismatique et excentrique Jarvis Cocker nous rappelle que leur premier concert ici date de juillet 1994 et sur ces quelques mots, le groupe entame le bien nommé Do You Remember The First Time ?. A partir de cet instant, il n'y aura aucun temps mort pendant plus d'une heure et demie. Les Anglais enchaînent les tubes (Disco 2000, This Is Hardcore) dans une setlist revêtant des allures de Best Of.
Pour finir cette journée marathon en beauté, nous nous dirigeons vers La Petite Maison Dans La Prairie pour le show de Deerhoof. Là aussi, aucune déception : les Américains, toujours aussi barrés, nous proposent leur rock expérimental et parfois bruitiste, avec le chant feutré de mademoiselle Satomi Matsuzaki.