Le dernier jour du festival est déjà là et comme nous en prenons désormais l'habitude, nous avons revêtu notre tenue automnale. Rapidement, il faut se résoudre à replier les tentes et se dire qu'attendre une accalmie de la météo serait inutile et idiot.
Chargés comme des mules, nous parcourons notre désormais jogging quotidien jusqu'au site, un petit tour au parking et nous voilà dans l'apocalypse de la grande scène en compagnie du rappeur
Soprano : bien mauvais début de journée, on vous l'accorde ! Nous peinons à avancer dans le champ, nos bottes s'enfoncent dans plus de dix centimètres de boue et être accompagné du rappeur marseillais n'est pas ce qu'on imaginait de mieux pour cette ultime journée à Dour.
Nous constatons que l'horaire du set d'
Airship est passé et que le prochain concert intéressant est en début de soirée, il va donc falloir s'occuper un peu jusque là.
Nous décidons de nous rendre sous le chapiteau de ce qui est devenu notre Q. G. au fil des jours : le ClubCiruit Marquee pour assister à la représentation des Reimois de
The Bewitched Hands. Leur pop redondante et monotone ne saura à aucun moment attirer suffisamment notre attention ; nous nous retranchons dans un coin plus calme pour discuter un moment avec les festivaliers éreintés et surtout éméchés.
L'heure suivante ne sera pas plus prolifique : le choix entre
Gaëtan Roussel sous la pluie et
Rohff sous un chapiteau ne s'avère pas bien compliqué : nous optons pour le statu quo, à savoir aucun des deux.
C'est donc tardivement que la véritable journée de musique commence ce dimanche avec
Metronomy. Leur électro pop réussit à nous mettre en jambes et ce sont des spectateurs motivés qui se font entendre pour encourager les Anglais. Grosse ligne de basse, clavier hypnotique, nous voilà enfin d'aplomb. Nous décidons néanmoins de partir pendant la seconde moitié du set afin de ne pas manquer une seule minute de
Karma To Burn sous la tente de La Petite Maison Dans La Prairie.
Le trio entame ce qui sera un moment d'anthologie : une heure de stoner lourd et oppressant. Nos tympans vrillent sur les riffs de William Mecum. Rob Oswald, derrière ses fûts, a décidé de lâcher jusqu'à ses dernières forces pour nous tenir en haleine de bout en bout. Karma To Burn ne font pas dans la demi-mesure et dans le compromis ; ils nous font comprendre que le chant et les paroles ne sont définitivement pas nécessaires pour faire passer un message. De longs morceaux instrumentaux qui éloignent beaucoup de curieux et laissent place aux amateurs ravis. Ce sera sous les acclamations que Karma To Burn quitteront la scène et nous laisseront estomaqués.
On chope une bière à un stand au passage et pas de temps mort, nous enchaînons dans un tout autre registre avec
Blood Red Shoes. Le duo venu d'Outre-Manche entame pied au plancher son rock certes binaire mais efficace et entraînant. On s'étonne à chantonner
It's Getting Boring By The Sea mais malgré tout, même le joli minois de Laura-Mary Carter ne parviendra à faire prendre la mayonnaise. Il faut dire qu'après le moment que l'on vient de passer, il est difficile de se réjouir devant autre chose.
Le timing jouant en notre faveur, nous filons afin de nous placer pour les deux sœurs de
CocoRosie. A ce propos, question ouverte aux organisateurs du Dour Festival : Pourquoi avoir programmé un groupe aussi attendu sur l'une des plus petites scènes du site ? A dix mètres autour du chapiteau, impossible de se frayer un chemin. Les festivaliers se sont tous rués vers La Petite Maison Dans La Prairie. Nous tentons tout de même de nous rapprocher : rien n'y fait ! Déçus et d'humeur maussade, nous décidons donc de ne pas rééditer la même erreur pour le concert suivant.
Seulement, pour
The Drums, le public n'estt pas au rendez-vous ; certes, la première moitié de la fosse est bien remplie mais pour le reste, c'est plutôt un public clairsemé et peu enthousiaste qui attend les Américains. Cela n'a pas l'air de perturber le groupe. Si 2010 avait été pour eux l'année de tous les espoirs et des premières parties (Florence And The Machine, Kings Of Leon), il semble que Jonathan Pierce et sa bande soient décidés à occuper le devant de la scène cette année. Impossible de ne pas penser à Morrissey lorsqu'on l'on observe les attitudes du chanteur et lorsqu'on entend les guitares au copyright Johnny Marr. The Drums nous remémorent la grande époque des Smiths et des Boo Radleys et leur pop si intelligente.
Si ce dimanche aura été moins riche quantitativement que les jours précédents, il aura aussi été l'occasion de très bons moments.
Un petit tour vers la Grande Scène pour le show « Son et Lumière » de
Pendulum. Visuellement, c'est extrêmement impressionnant : insectes géants en 3D sur un écran couvrant toute l'arrière-scène. Musicalement, on pense obligatoirement aux Chemical Brothers ou autres Prodigy (qu'ils reprendront d'ailleurs). Le son est étonnamment bon et le show est bien parti pour battre son plein mais pour notre dernier concert de l'édition 2011 du Festival de Dour, nous avons décidé de pogoter au
Bal des Enragés.
Le projet, initié par le chanteur de Tagada Jones est excitant : regrouper les membres de groupes de renom tels que Parabellum, Punish Yourself ou encore Black Bomb A pour des représentations burlesques, relevant du show autant que du concert. Au menu, des reprises de Rage Against The Machine, The Hives, Motörhead ou MC5 et sur scène un joyeux bordel et surtout, un esprit punk comme on les aime. Ça slame de tous les côtés, ça pogote, ça chante, bref, ce concert aura un côté spontané et authentique qui restera comme la meilleure fin possible à ce festival.
Encore une fois, Dour aura tenu ses promesses : malgré une météo capricieuse et de petits soucis techniques, nous en aurons pris plein les mirettes et plein les esgourdes. Les jeunes talents comme The Drums nous auront bluffés alors que les vieux briscards comme Pulp ou Suede nous auront scotchés par leur maîtrise. Comme chaque année, la bonne humeur n'aura jamais été ternie... Vivement l'an prochain !