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Paléo Festival

Nyon, du 19 au 25 juillet 2011

Live-report rédigé par Aurélien le 17 août 2011

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Nous voilà jeudi au Paléo Festival. Un jeudi estival comme il ne s'en fait plus pour un 21 juillet. Pluvieux, frileux, boueux, le temps a plutôt des airs de début de mois d'octobre. Il ne manquerait plus que la neige pour nous propulser une fois pour toutes deux saisons en avant et pour nous faire douter dans la foulée de la définition même du mot été. Ceci dit, dans ce cas-là, rien de mieux qu'une bonne affiche musicale pour nous requinquer. Chose faite, en ce jeudi soir, avec la venue, entre autres et dans l'ordre, d'Anna Calvi, de PJ Harvey, de The Dø et biensûr, clou du spectacle, de The Strokes jusqu'au bout de la nuit.

Après avoir bataillé dans les transports publics jusqu'aux portes du festival, nous voici enfin arrivés juste à temps pour le concert de la belle Anna Calvi. Sous les derniers accords d'un Jean-Louis Aubert dégoulinant d'intentions et survolté à la guitare, au loin, sur la Grande Scène, nous prenons place sous le Club Tent. Ce soir, il faudra jouer des coudes pour voir la belle chanteuse. Des coudes pas aussi efficaces que l'on souhaiterait vu notre position excentrée, à droite de la petite scène. Coincé entre un fan invétéré qui filmera de bout en bout la prestation de la talentueuse anglaise sur son appareil photo numérique et une perche sur pattes de deux mètres de haut, il faut faire travailler les pointes des pieds pour mettre une image sur la fabuleuse voix de la jeune artiste.
Chemise rouge, veste blazer noire et talons hauts, la belle aux cheveux attachés joue définitivement la femme fatale. Dominatrice à la guitare et au chant, cette dernière s'avère pourtant être plutôt très timide lorsqu'il lui faut saluer son public entre le titre Suzanne And I et l'incontournable Blackout, très acclamés. Sous les applaudissements, la demoiselle enchaîne par I'll Be Your Man, transcendée, puis First We Kiss, bien accompagnée par sa musicienne percussionniste, son guitariste et son batteur, avec toujours en prime cette timidité charmante lorsqu'il lui faut lâcher un petit remerciement à la foule. Ensuite, vient le tour de jouer ses deux reprises préférées que sont Surrender d'Elvis et Jezabel d'Edith Piaf. Belles redécouvertes de deux standards oubliés pour les festivaliers. Les deux chansons se prêtent bien à l'univers de l'anglaise, présentant un bon aperçu de ses influences artistiques les plus proches.
Ajoutez à cela, cette forte impression d'avoir en face de nous une sorte de réincarnation de Jeff Buckley au féminin pendant toute la prestation de la jeune artiste et vous aurez grossièrement cerné le joli cas Anna Calvi. Une heure, tout juste le temps d'offrir le désirable Desire et son solo ténébreux, ainsi que l'endiablé The Devil, ses vagues de guitare et son apothéose explosive, que la belle Anna Calvi est déjà repartie en loge, sous les acclamations du Club Tent dans son entier.

Pas le temps de souffler que l'on file déjà s'agglutiner devant la Grande Scène où la prêtresse PJ Harvey débute sa cérémonie musicale avec l'excellent The Words That Maketh Murder. Tout de noir vêtue, des pieds à la tête, l'anglaise est sombrement coiffée de plumes de corbeau pour l'occasion. Côté gauche de la scène, prêtresse des ténèbres, Polly Jean arbore un style vestimentaire en adéquation avec les tonalités sombres de son dernier Let England Shake, mystiques. Épaulée par trois musiciens expérimentés aux cheveux poivre et sel, PJ Harvey déroule. On reconnaît par ici la piste The Glorious Land, par là d'anciens titres aux noms oubliés, sous une pénombre grandissante. Le public, massé devant l'artiste, apprécie son jeu de harpe portative, fort original et singulier. Effets sur sa voix, il y a comme un petit côté possédé à l'écoute de certains titres de la ténébreuse. Avec Written On The Forehead, Bitter Branches ou On Battleship Hill, on commence cependant à se détacher. S'étant extasié à l'écoute de l'artiste qui jouait sur une plus petite scène couverte au début de l'été au très danois Roskilde Festival, le facteur Grande Scène a rapidement raison de nous et de la magie naturelle de l'artiste. Lassés, nous quittons donc les festivaliers les plus fidèles avant la fin de ce concert au final un peu mou, afin de bien nous positionner au Chapiteau, où nous attend The Dø, l'étonnante formation franco-finlandaise qu'on ne présente plus.

Il est passé 22h sous la grosse tente, dans son costume de princesse souillon qui aurait grandi trop vite, ballerines rouges, bas résille, la jolie voix blonde du groupe entonne le premier titre, puis le deuxième, accompagnée des cinq autres musiciens. Le public, lui, compact, répond tout de suite présent. Une section cuivre retentissante nous offre un saxophone lumineux pour introduire le troisième titre du soir, le déroutant single Slippery Slope, tiré de leur dernier album Both Ways Open Jaws, dont le titre, écrit en fond de scène, ne se loupe pas.
a foule, elle, déchaînée, se désarticule joyeusement sur le son tribal de l'excellent titre et de son homme conga, visiblement tout deux très efficaces en concert. Le poilu de batteur lui harangue la foule avant que la formation se mette à interpréter un autre single, le bouleversant Dust It Off et sa magnifique montée en puissance. Enfin, avant de conclure une demi-douzaine de titres plus tard, le public est gratifié d'un show dynamique incluant une semi-boule à facette éblouissante, un mégaphone lumineux et de nombreuses occasions de sauter de joie avant de voir filer la formation originaire de Paris.

Point de tristesse, car ce brusque au revoir fait place à l'arrivée sur la Grande Scène du groupe incontournable de ce jeudi soir, The Strokes. Les américains, blouson en cuir, pull léopard, Ray-Ban sur le nez et autres attributs vestimentaires de rock star, sont là pour dérider une foule des grands soirs assaillant littéralement la fosse. Three, two, one, go ! Introduction musicale sur le thème de Scarface, écran lumineux rouge clignotant : dès New York City Cops, on assiste à une hystérie collective dans la masse de festivaliers. C'est parti pour un gros concert rock comme on les aime. Petits réglages de son pour Julian Casablancas en manque de feedback voix sur scène et excuses pour leur retard sur la Grande Scène, puis plus de répit, les morceaux s'enchaînent et on se déchaine, avec bien sûr cris et acclamations du public entre chaque piste. Alone Together et sa pluie de lumières jaunes, bleues, violettes, Reptilla et ses couleurs verdâtres, l'ambiance monte d'un cran pour ne plus redescendre. Visiblement en forme, The Strokes sèment un vent de folie dans la fosse, récoltant une pluie de bras en l'air approbateurs et d'applaudissements en retour. Ensuite, arrive le premier titre tiré de leur dernier opus, l'exotique et très plaisant Machu Picchu et son déluge de cordes étouffées. Celui-ci est toutefois un peu poussif en live, peut-être la faute à un Casablancas vocalement fatigué. Une lumière rose fluo, jaune et bleu azur pour couvrir le tout. C'est parfaitement dans les teintes de la pochette de leur dernier effort Angles.
Dans la foulée, The Modern Age, Is This It et Under Cover Of Darkness récoltent au passage quelques pogos des premiers rangs. Ce dernier morceau semble plus que combler la foule, malgré les polémiques stériles qui ont pu émousser sa parution, il y a déjà des mois de cela. S'ensuit le toujours aussi efficace What Ever Happened?, Life Is Simple In The Moonlight et ses lueurs bleu nuit, puis Someday et ses animations de fond géantes façon jeux vidéo d'arcade. Plutôt drôle pour des rock stars. Les gars de The Strokes seraient-ils des geeks revendiqués ? Pourquoi pas. Puis, c'est reparti pour l'étourdissement sonore. You Only Live Once, le génial You're So Right, ses mini chœurs sur les refrains et sa fin riche en grattes et Boys Don't Cry. Cherchez l'erreur, une reprise de The Cure ? Non, juste une dérive alcoolisée de la part des membres amusés de The Strokes, déconnant avec ces festivaliers venus en masse pour enfin les voir.
Ensuite résonne faiblement Under Control en pseudo a cappella, récoltant une vague de mains dans le public en réponse. A ce moment, on se dit qu'il se fait tard. Pour du Strokes c'est très calme, trop calme. Additionnez à cela notre fatigue grandissante et on oublierait presque d'écouter la piste suivante qu'est Gratification. Pour nous réveiller le temps de quelques minutes, il faudra attendre l'annonce faite par un Julian Casablancas très causant nous expliquant que cette soirée constitue le point d'orgue de la tournée européenne du groupe, puis surtout le génialissime Juicebox et sa ligne de basse légendaire dans la foulée. Un pur moment. Et finalement, entre fatigue et souvenirs troubles de fin de soirée, tout se mélange dans nos têtes, tout se précipite. Des échos de Last Night, des remerciements au crew en bonne et due forme, Hard To Explain, Automatic Stop, Take It Or Leave It, c'est terminé.

Spots aveuglants sur la foule et lumières bleues rouges épileptiques sur scène, il en est fini des légendaires américains sur sol européen, quittant furtivement la Grande Scène sous les cris incessants du public.
artistes
    The Strokes
    PJ Harvey
    Jean-Louis Aubert
    The Dø
    Congotronics vs Rockers
    Anna Calvi
    Mama Rosin & Hipbone Slim
    Avi Buffalo
    King Charles
    Tarrus Riley & Duane Stephenson
    Queen Ifrica & Tony Rebel
    Kara Sylla Ka
    Mosquito
    Professor Wouassa
    Afrocubism
    Raúl Paz
    Los De Abajo