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Nox Orae

La Tour-de-Peilz, du 13 au 14 août 2011

Live-report rédigé par Amandine le 17 août 2011

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samedi 13
Pour changer des grandes machines que peuvent être les Dour, Werchter ou le Paléo Festival, nous nous sommes décidés à tester le minuscule Nox Orae, celui-là même qui fait paraître le For Noise (autre petit festival suisse de musique indépendante débutant dans quelques jours et dont nous vous reparlerons très prochainement) pour gigantesque.
Situé dans le Jardin Roussy de Vevey (à une trentaine de kilomètres de Lausanne si vous n'êtes pas au point sur la géographie de la Suisse), au bord du Lac Léman, le Nox Orae, dont on ne sait finalement que très peu de choses, accueillait pour sa deuxième édition des groupes de taille ; sur les deux soirées, on pourra en effet assister en exclusivité suisse au set de Connan Mockasin mais nous aurons aussi l'occasion de voir Crystal Stilts, Electrelane ou encore Destroyer. Plutôt alléchant sur le papier, mais voyons un peu ce qu'il en retourne dans les faits...
Lorsque l'on débarque sur le site aux alentours de 19h, le contraste avec notre dernier festival en date est saisissant : face au monstre de Dour et ses sept scènes, nous nous retrouvons aujourd'hui chez les Liliputiens. Ici, une petite scène en fond de site, quelques stands de nourriture, un bar, des chaises longues et des parasols et surtout, un gazon bien vert, dru et tout doux où nous pouvons nous allonger sous le soleil pour assister aux premiers concerts de cette première soirée.

Tradition oblige, nous commençons avec un groupe local, Wolf & Rhino. Ces quatre jeunes garçons tout droit sortis des 70's avec leurs marcels blancs dégueulasses, leurs jeans slim et leurs tignasses frisées réglementaires ne se sont pas seulement abreuvés de la mode vestimentaire de l'époque. Ils nous livrent un rock psyché instrumental, de longues plages où les riffs planants côtoient le clavier/orgue façon Doors. Sans être le point culminant de la soirée, Wolf & Rhino n'auront pas démérité.
Le temps d'une petite pause pour constater une nouvelle fois, comme à chaque saison de festival, à quel point la Suisse est différente de la France ou encore de la Belgique : ici, beaucoup semblent se connaître, l'ambiance est familiale et bon enfant, les parents buvant une bière pendant que les gamins se roulent dans l'herbe. La population est bigarrée. A peine le temps de terminer nos rêveries solitaires que déboulent sur scène les Zurichois de Fai Baba.

Fai Baba, c'est avant le projet solo d'un jeune homme, Fabian Sigmund, passionné de blues et de folk, qui décide, depuis peu, de se faire assister par un bassiste et un batteur. En résulte un set très hétéroclite, mêlant l'americana dans les compositions les plus acoustiques à un rock crasseux et bruitiste lorsqu'il se penche vers les titres plus récents de son répertoire. Le groupe ouvre donc sur une première partie intimiste et on savoure la voix haut perchée du Suisse ; la pop lo-fi nous rappelle un Troy Von Balthazar, charismatique leader de Chokebore, aux premières années de sa carrière solo.
Bientôt, au format chanson standard viennent se greffer de longs morceaux expérimentaux. Le groupe nous propose beaucoup de choses et semble avoir voulu rendre hommage à tous les styles ayant pu l'inspirer, de la folk au blues en passant par le garage ou le post-punk. On se perd donc parfois en chemin à force de changer d'inspiration à presque chaque titre. Néanmoins, nous ressortirons ravis de ce concert d'une petite heure.

A partir de maintenant, les talents ne sont plus à confirmer et on commence avec le Neo-Zélandais désormais exilé en Angleterre, révélation de cette année avec son album Forever Dolphin Love, Connan Mockasin. L'ambiance se veut plus enjouée et les spectateurs se manifestent pour accueillir le blondinet qui vient donner son premier concert en terre helvétique. On espère qu'il ne se formalisera pas du peu de monde présent pour l'acclamer.
Connan Mockasin nous emmène dans son monde un peu dingue et sa pop psychédélique raisonne sous la pleine lune. Bien qu'un peu brouillon et surtout un peu court (quarante-cinq minutes pour l'une des têtes d'affiche, on aurait aimé un peu plus), le Néo-Zélandais ne perd jamais le Nord, réussissant toujours à rendre magique la moindre petite mélodie et la tourner en une mélopée onirique. Sa voix de tête si particulière se pose entre la douceur et la crispation, entre l'engouement et, au contraire, la noirceur.
Ce soir, la prestation est anormalement conventionnelle : pas de costume ni d'auto-harpe ou tout autre instrument issu de l'imagination fertile de Connan. Malgré tout, il fait vibrer et grincer sa guitare. Il se fait également chef d'orchestre et on comprend alors le chemin pris aujourd'hui par Mockasin et ses musiciens : le batteur joue pour la première fois dans la formation et semble ne même pas connaître certains des titres que Connan lui demande de jouer. Ne croyez cependant pas que le bougre démérite, bien au contraire ; il est bluffant de dextérité et surtout, qualité attendue pour jouer auprès du maître de la pop psyché, de sensibilité.
Le personnage est bavard, explique qu'il sent que c'est un moment propice pour tester une nouvelle composition, visiblement pas du tout au point, mais il fait participer le public dans une ambiance chaleureuse et nous ne pouvons donc que confirmer les éloges entendues à propos du jeune prodige ces derniers mois.

Enfin, voici le moment du groupe de clôture de cette première journée du festival Nox Orae. Alors que Connan Mockasin vient se faufiler dans le public le plus naturellement du monde pour ne pas perdre une miette de ce qui va suivre, les cinq gars de Brooklyn arrivent sur scène sous les applaudissements et les cris des fans venus les acclamer.
Crystal Stilts, forts d'un deuxième album, In Love With Oblivion , sorti cette année, viennent nous démonter les oreilles à coups de noise pop et de new-wave dont eux seuls connaissent la recette. Brad Hargett, l'un des seuls membres encore présent du line-up originel, délivre son chant nonchalant, mains derrière le dos, un peu mode Liam Gallagher. La comparaison s'arrête cependant là avec les Mancuniens. Fidèle à sa réputation de Mecque de la musique indépendante, Brooklyn nous propose encore une fois un groupe à l'équilibre précaire, délivrant sans aucune pause ou presque, des titres tous plus inspirés les uns que les autres.

Décidément, cette première journée du Festival Nox Orae aura été une bonne surprise de bout en bout. Et dire que le lendemain, Electrelane et Destroyer nous attendent !
artistes
    Wolf & Rhino
    Fai Baba
    Connan Mockasin
    Crystal Stilts