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Nuits Secrètes

Aulnoye-Aymeries, du 5 au 7 août 2011

Live-report rédigé par Thibaud le 21 août 2011

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vendredi 5
Quel plaisir de retrouver Aulnoye-Aymeries, sa gare, son centre-ville pas très attirant et sa route interminable vers le camping ! Me voilà donc paré pour la dixième édition des Nuits Secrètes, un festival resté assez secret en effet jusqu'à ces dernières années où une programmation de plus en plus prestigieuse lui a permis de se faire une belle petite réputation. Mais étrangement, pour cette dixième édition, date anniversaire donc, on aurait pu attendre de la part du festival de proposer quelque chose d'encore plus incroyable que l'année dernière, où des grosses pointures du reggae (Toots & The Maytals) ou encore l'immense George Clinton étaient présents, avec à leurs côtés des artistes plus récents et au succès naissants.
Cette année 2011 ne propose donc en tête d'affiche que LKJ, Philippe Katerine et Peter Hook & The Light, pour les principaux noms. Des groupes et artistes intéressants, même si l'on est loin des programmations précédentes, alors qu'un chanteur comme Katerine a par exemple tourné trois fois dans la région cette année ; on ne parlera pas donc d'un concert immanquable comme celui de George Clinton en 2010.
Néanmoins, quelques groupes m'ont attiré, en plus de cette envie de découvrir de nouvelles choses, une envie qui, vous le verrez au fil des compte-rendus, sera pleinement satisfaite. Mais il y a surtout cette ambiance particulière aux Nuits Secrètes qui donne envie d'y retourner, et de passer une nouvelle fois un bon moment sur un festival de petite taille mais grandement sympathique.

Des nouveautés il y en a cette année avec l'arrivée d'une nouvelle scène, le Drugstore. Celle-ci est une salle fermée, très petite, mais volontairement intimiste où de nombreux artistes vont se relayer pendant tout le festival. Une bonne initiative puisque certains groupes qui y sont passés sont quasiment faits pour ce genre de scène proche du public. Et puis, avec la météo exécrable de cet été qui a des airs d'automne, le Drugstore a aussi sans doute fait office de refuge très plaisant pour certains festivaliers...
A contrario, exit la fête foraine qui régnait en plein milieu du festival les années précédentes : elle a tout simplement disparu ; en soit ce n'est pas très grave, mais c'était un élément plutôt agréable à voir, et cela donnait un côté beaucoup plus festif et vivant à une ville qui reste dans l'ensemble assez terne. A la place, des Stereo Car Parade, sorte de défilés et expositions de voitures selon des thèmes bien précis, avec notamment du lowride ou des véhicules des années 50. Amusant, mais plutôt anecdotique.

L'installation au camping quant à elle est plutôt contraignante : si l'on comprendra certaines nouvelles règles de sécurité, on reste assez perplexe devant le staff obligeant les festivaliers à se parquer dans des zones du camping, celles-ci devant être remplies pour en ouvrir une autre : si ce système est assez normal pour des festivals de plus grosse envergure comme à Dour, les organisateurs n'avaient certainement pas besoin d'appliquer ce genre de règles ici, sachant qu'elles seraient de toute manière très vite violées. Si les festivaliers veulent bien obéir aux règles, il s'agit en retour d'accorder certaines libertés...

Mais ce qui nous intéresse, c'est avant tout la musique ! Et c'est donc après quelques heures passés au camping à (re)prendre ses repères que l'on débarque sur le festival. Avec le recul, cette première journée fût assez courte : des concerts longs, une programmation qui devient ensuite peu intéressante, et une fatigue naissante m'ont poussé à ne voir que quelques concerts... mais qualitativement assez remarquables.
On commence donc à 20h30 avec le concert de Bernard Lavilliers, l'une des têtes d'affiches du festival. J'étais bien le seul parmi mon groupe à vouloir y aller, mais j'assume toujours mon côté fan l'artiste, même si celui-ci s'est fortement dégradé au niveau musical ces dernières années. Avant tout amateur du Lavilliers de la fin des années 70, le contestataire aux paroles acérées, avec derrière lui des musiciens de qualité qui ont marqué de leurs empreintes le rock français. le live T'es Vivant ? reste ainsi un haut fait du personnage Lavilliers, bien loin de ces récentes escapades exotiques qui l'ont rendu plutôt sage... C'est ce que je croyais, puisque ce live aux Nuits Secrètes va s'avérer particulièrement bon et long.
En effet, ce sont près de deux heures de concert que Bernard Lavilliers nous offre, avec un set largement orienté sur les récentes années de sa carrière et un groupe livrant une prestation de qualité, dépassant bien souvent le ton un peu trop mielleux des derniers albums pour s'adonner à des jams plus chauds, beaucoup plus prenants. Lavilliers, quant à lui, reste plutôt au point vocalement, et on apprécie sa proximité avec le public auquel il parle de nombreuses fois lors d'un concert riche et enthousiasmant. Certes, je n'ai pas entendu ne serait-ce qu'un titre que je désirais, mais, au fond, reste un agréable moment, comme lorsque l'on revoit un vieux pote qui a bien changé, mais qui au fond vous fait toujours autant marrer.

Je ressors donc de ce concert satisfait, et avec l'espoir que la suite soit encore meilleure. Il faut dire que la suite de mon programme se déroule au Jardin, la scène payante du festival au décorum plus naturel, avec Peter Hook & The Light. Le bassiste de Joy Division s'est en effet constitué un groupe avec lequel il parcourt les festivals pour rejouer Unknown Pleasures, premier album de Joy Division. Même si l'initiative donne l'impression que Peter Hook a bien besoin d'argent, en tant que fan du groupe et de New Order, on ne peut qu'être curieux de découvrir ce que valent les titres en live. Et il y avait de quoi être satisfait en ce vendredi soir : le concert de Peter Hook et ses compères est un véritable bonheur pour les fans, même si le plaisir vient sans doute d'abord des compositions intemporelles du groupe ; Peter Hook faisant bien souvent figuration les bras autour de sa basse.
Un peu rageant tant on aimerait logiquement voir le bassiste de Joy Division... jouer de la basse ! Quant au chant, écrasé par le groupe, la comparaison avec celui de Ian Curtis est délicate. Mais de toute manière, le fan n'était pas tellement là pour ça, et voulait surtout entendre un album devenu culte avec les années. Dans l'ensemble le concert est redoutablement efficace, avec un public nombreux et déjà conquis, mais surtout là en grande partie dans l'attente d'un Best Of. C'est surtout à la fin du concert, durant les principaux classiques du groupe, que le public au devant de la scène se lâche complètement. Avec Transmission, Love Will Tear Us Apart et Ceremony, l'ambiance au Jardin devient vraiment prenante et le temps de pogoter dans la fosse avec Carl Barat (et il est fragile, le pauvre), le concert se termine avec une large partie du public totalement exténuée. Pour ma part je note surtout une excellente version de Shadowplay, nerveuse au possible. Un concert à retenir donc sur l'ensemble du festival malgré l'attitude « j'affiche un brin mon ennui » de Peter Hook..

On ressort donc du concert complètement fatigué, et avec difficulté tellement la foule est compacte. Le temps de prendre une bière, les Born Ruffians montent sur scène, et entament le concert avec leurs premiers titres. Mais fatigué, avec un mal de tête, je décide plutôt de rentrer au camping, sachant que le groupe a qui plus est la malchance de jouer avec un son exécrable. Ma première journée s'achève donc avec peu de concerts, mais quelques heures de plaisirs intenses augurant le meilleur pour la suite. En attendant, c'est la première nuit au camping, l'ambiance est à la fête... et il sera difficile de dormir !
artistes
    Balthazar
    Bernard Lavilliers
    The Excitements
    Congopunq
    Rocky
    Gruff Rhys
    Gablé
    Carl Barat
    Peter Hook & The Light
    Born Ruffians
    Curry & Coco
    Scott H Birham
    Healer Selecta
    Bob Log III
    Publicist