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Nuits Secrètes

Aulnoye-Aymeries, du 5 au 7 août 2011

Live-report rédigé par Thibaud le 22 août 2011

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Ah les nuits au camping... Ce qu'on aime surtout, c'est le réveil efficace à base de cris de festivaliers (Apéro !) et mal de dos qui démarre fort. Heureusement les Nuits Secrètes offrent un service de petit déjeuner efficace : pour quelques deniers, vous voilà avec un plateau garni d'une demi baguette, d'un croissant, de jus d'orange, d'un café ou d'un chocolat... Bref, rien de mieux pour se redonner un peu de force et attaquer une journée qui sera beaucoup plus chargée, avec de nombreux concerts intéressants à voir.

Je démarre donc avec ma troupe vers le milieu d'après-midi du camping pour rejoindre un festival peu peuplé : les scènes ne vont ouvrir que dans quelques heures, et le public est donc plutôt en vadrouille ou en train de festoyer sur le camping. D'ailleurs, en parlant de fête, c'est du côté de mon ventre que les soucis arrivent. Hé oui, votre envoyé a sans doute mangé ou bu quelque chose d'un peu trop étrange... les risques du festival. Mais en attendant je décide de prendre sur moi, et nous partons donc pour le Drugstore, où quelques concerts vont démarrer : c'est tout d'abord Eliote And The Ritournelles qui annoncent les festivités, même si le groupe n'est pas forcément très enchanteur. Ce trio français nous livre en effet une sorte de pop-folk avec un fort goût de déjà vu, sorte de pot pourri de Cocoon, Alela Diane, Moriarty... mais en moins bon. Même si leur musique est du genre à donner le sourire en cet après-midi un peu gris, on ressort du concert en ayant l'impression de ne rien avoir retenu, tellement les compositions du groupe et leur présence scénique ne sont pas encore au point et manquent sacrément de vie.

Tandis qu'une guerre mondiale semble se préparer dans les profondeurs de mon estomac, je reviens vers le drugstore après m'être aéré pour voir quelques titres de l'un des phénomènes du festival, Bob Log III. Pour les novices, sachez que Bob Log III est un guitariste rageur affublé d'une combinaison moulante disco et d'un casque de moto avec combiné téléphonique intégré servant de micro. N'oublions surtout pas de préciser que le bonhomme se sert également de ses pieds pour diverses percussions. Bref, ce type est soit un dingue, soit un génie, mais il n'empêche que dès les premières notes, on est complètement subjugué à la fois par le charisme hallucinant du personnage, et par ses compositions rugueuses, furieusement entrainantes ; ce rock primal, qui vient des tripes comme dirait l'autre, n'a certainement pas apaisé les miennes mais me scotche tant l'ambiance et la musique sont de qualité.

N'étant visiblement pas en forme, je décide de prendre un peu de répit au camping. Une bonne idée, car même en ayant perdue une précieuse demi-heure de concert, je reviens sur le site en pleine forme, et d'attaque pour découvrir à nouveau un artiste multi-fonctions, The Legendary Tigerman. Il suffit de reprendre la description de Bob Log III mais en enlevant toute connoation de « costume loufoque ». Alors, ne connaissant pas vraiment le personnage, je m'interroge : ne serait-ce pas Bob Log III ? Non, Bob est droitier, le Tigerman est gaucher. Serait-il ambidextre ? Beaucoup de questions donc, même si, autant vous le révéler tout de suite si pour vous le suspense est insoutenable, ce sont deux personnes différentes. Pourtant leur musique n'est pas fondamentalement opposée : on est toujours face à un rock mâtiné de blues, même si l'on note chez The Legendary Tigerman des influences plus modernes, avec l'utilisation par exemples de sons typiquement électroniques. A l'image de la photo que le site officiel du festival propose de l'artiste, il y a également une touche un peu plus glam à la musique du Tigerman, un côté moins « suant » et beaucoup plus charmeur. Avec le recul, un très bon concert, notamment car les versions studios du légendaire homme tigre sont beaucoup plus calmes que ce live énergique et hypnotique dans son final.

L'attente fût de courte durée avant l'arrivée sur la scène du Jardin à 22h40 du Jon Spencer Blues Explosion. Un concert particulièrement attendu, vu les nombreuses affiches disposées dans l'enceinte du festival et une foule compacte présente devant la scène à quelques minutes du commencement. A peine le temps de se placer correctement que le concert démarre plutôt fort, le groupe laissant peu de temps morts au public. Toutefois, ce qu'un fan âgé confirmera par la suite, le groupe semble en un sens avoir... vieilli. La performance est efficace, mais rien de plus : on attend le petit grain de folie qui va faire déborder tout ça, il manque une certaine énergie... bref, on attend une véritable explosion. On en ressort avant la fin avec une légère déception, et sans retenir quelque chose de particulier. Un mauvais soir, sans doute.

On quitte le Jardin un peu avant la fin du concert puisque débute sur la Grande Scène le concert de... Philippe Katerine. Oui, deux mondes opposés entre les deux artistes, mais surtout une envie pour ma part de voir sur scène un artiste loin d'être sérieux mais dont le dernier album m'a enchanté dès la première écoute. Je me dirige donc avec des amis vers la scène, et nous arrivons pile-poil pour Des Bisous, une sacrée entrée en matière. Le temps de se faufiler de manière à être assez proche de la scène, je remarque de nombreux visages stupéfaits, surpris ; sans doute l'effet Katerine, qui ne laisse pas indifférent. Malgré tout, bien qu'une bonne partie du public semble se demander ce qu'il fait là, l'ambiance générale du concert est plutôt agréable, Katerine étant doué pour la convivialité. Le set, quant à lui, brasse les deux derniers albums du chanteur, avec un public particulièrement friand de La Banane ou de Au Louxor et son fameux « j'adooooore ». On en ressort avec une bonne impression dûe à un groupe scénique vraiment doué, qui donne un ton catchy à l'ensemble, partant même sur des terrains punk. Un vrai bon concert qui n'est pas seulement une sorte de drôlerie comme l'on pourrait se l'imaginer mais un vrai petit bonheur musical, un brin loufoque certes, mais d'une grande maîtrise. Et puis, après tant de groupes sérieux, cela fait du bien de se marrer, franchement.

Malheureusement, la suite ne sera pas du même accabit. En effet, le concert de Katerine étant terminé, nous nous décidons à rejoindre Mondkopf à 01h50 au Jardin. L'occasion de découvrir ce qu'il y a avant, c'est à dire Red Snapper. Nous n'en avons vu finalement qu'un petit bout, et celui-ci est loin d'être resté dans les mémoires. Si la musique reste agréable, nous arrivons sans doute trop tard pour rentrer dans le trip, et attaquons donc à des premiers bilans entre amis autour d'une bière plutôt que nous focaliser sur le groupe, qui laisse très vite place à Mondkopf. Comprenez par là que le groupe s'en va... Mais l'attente pour Mondkopf lui-même est d'une longueur ahurissante. Le pire étant sans doute que nous en connaissions la raison : le DJ et son staff étaient en train de faire en sorte que la vidéo qui allait parcourir tout le concert en arrière plan s'affiche en grand et non dans un format réduit. Un ordinateur qui fait des siennes donc...
Si l'on peut comprendre que l'artiste veuille assurer le côté visuel du show, on ne peut être que décontenancé lorsque, après une très longue attente, le set démarre avec une simple succession de lignes qui vibrent, s'entrecroisent et flottent au rythme de la musique. Celle-ci étant d'ailleurs d'un ennui sans nom, avec des montées qui retombent toujours mal, une utilisation plus qu'abusive des distorsions et un manque de variété confondant. En clair, Mondkopf est terriblement ennuyeux (pour être poli), et seule une partie très branchouille du public se laisse dominer par une electro clairement basique, sans âme.

Je décide donc de rentrer, les concerts se terminant pour ce samedi plus qu'agréable : un climat plutôt clément, une programmation assez variée et réservant quelques surprises, et surtout des moments qui marquent un festival (la découverte de Bob Log III, le très bon Katerine...). Et ce sera encore mieux le lendemain...
artistes
    The Mamys And The Papys
    Puta Madre Brothers
    Neneh Cherry
    Katerine
    Obsolete Radio
    The Dragtones
    The Legendary Tigerman
    The Jon Spencer Blues Explosion
    Red Snapper
    Mondkopf
    Healer Selecta
    Scott H Biram
    Eliote And The Ritournelles
    Bob Log III