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Paléo Festival

Nyon, du 19 au 25 juillet 2011

Live-report rédigé par Aurélien le 21 août 2011

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Il est samedi au Paléo Festival. Ici, le weekend est généralement synonyme de musique touche-à-tout, d'ambiance familiale ou de beuveries programmées entre jeunes. Il semblerait que ce samedi ne déroge point à la règle. Côté musique, allant des sonorités cubaines du talentueux pianiste Chucho Valdés, en passant par le blues de l'ancien Led Zeppelin Robert Plant et finissant par la pop bonbon de l'extravagant Mika, toutes les dérives sont permises.
Côté festivaliers, ces derniers ne sont visiblement pas venus en masse en ce samedi 23 juillet. La faute à une météo des plus capricieuses, déversant pluie et soufflant le froid sur nos oreilles frileuses, les clans familiaux ont visiblement privilégié la soirée télé tandis que les jeunes poivrons en devenir ont préféré la chaleur des bars. Tant pis pour eux. Car malgré tout, pour celui qui sait creuser dans la programmation du soir, le déplacement en vaut toutefois la chandelle.

Il est 22h45. Après avoir bourlingué à gauche à droite, entre l'exotisme d'une assiette angolaise, la musique cubaine et les doigts prodiges de Chucho Valdés et le concert sans fioritures du vieux Robert Plant aux cheveux longs, il est enfin temps d'accueillir le groupe Noisettes sous le grand Chapiteau. Foule compacte des grands soirs, un solo de guitare électrique en guise d'introduction retentit sous la toile bleue de la plus grande scène couverte, suivi par l'entrée magistrale de la belle Shingai Shoniwa, s'extrayant avec la grâce d'une diva d'un décor plumé façon carnaval brésilien. Une fois sortie donc de ces deux grandes plumes blanches, cette dernière entame avec beauté la touchante ballade Sometimes sous les yeux charmés des festivaliers.
Buste sexy doré et longue cape blanche, la belle énergique et extravertie s'emploie rapidement à charmer son public en jouant du regard avec les premiers rangs, ainsi qu'avec les sécurités. Applaudissements nourris, les premières notes du tube Don't Upset The Rythm mettent le feu aux cœurs et aux corps d'une foule joyeuse. Sur cette dernière, l'anglaise travaille sans relâche pour chauffer son public, qui ne se fait pas prier pour reprendre en chœur l'entraînant refrain. Hyperactive, mademoiselle Shingai s'évertue à transmettre son punch aux festivaliers, gesticulante sur scène, positions lascives, beaux sourires et serments emplis de positivité entre deux titres. Puis, vient le morceau éponyme Wild Yound Hearts discrètement dédié à l'autre diva du soir, perdue elle depuis longtemps et tragiquement décédée en ce même jour. R.I.P Amy Winehouse. Le public, dans un instant de communion nocturne, reprend avec douceur les chalalala d'une piste accrocheuse. Une fois terminé, sous les chaleureux encouragements de l'auditoire, la jeune chanteuse dédie encore une fois le prochain morceau, mais cette fois-ci aux amoureux, attrapant sa basse au passage pour nous offrir le délicat 24 Hours, sous une lumière rouge passion.

Avec six musiciens sur scène, dont deux membres permanents du groupe et deux choristes dansantes au style certain, le Paléo Festival n'a pas le temps de s'ennuyer. Cris de joie, visiblement à l'aise sur scène, Noisettes semblent vouloir personnaliser au mieux leur prestation du soir en communiquant continuellement avec le public suisse et tester par la même occasion du nouveau matériel avec une nouvelle chanson très rythmée à la clé. Sonorités bien plus électroniques que la moyenne de leur discographie passée, refrains fédérateurs et poings en l'air, la piste a du répondant. Le public est présent, ce qui satisfait d'autant plus la géniale formation anglaise. Déclarations d'amour de la chanteuse à ses festivaliers, avant que ne résonne la magnifique Every Now And Then. Le cœur de l'auditoire chavire avec Noisettes et leur suite de perles musicales tirées de leur album Wild Young Hearts. Curieux, ils aiment. Connaisseurs, on adore.
Tout le public est conquis par ce mélange de justesse et d'énergie dépensée par le groupe sur scène. Ce dernier, très généreux comme depuis le début, joue un deuxième inédit. Ukulélé électrique et chœurs gospel, ça réchauffe. Joie communicative, vague de mains en l'air, l'instant musical est magique. Pas le temps de souffler, la formation continue le spectacle avec l'explosif Don't Give Up et ses solos de clavier rétro, puis de cinq cordes survoltée, jetant un vent de folie sur les festivaliers. On apprécie la douceur de la ballade Atticus, les fleurs en papier en guise de présents offerts par le premier rang pour la belle diva, toujours sous une lueur violette apaisante. Sourires et rigolades dans la foule lorsque l'extravagante Shingai se met à chevaucher soudainement un membre de la sécurité pour aller au contact de ses fans. Scène originale et attendrissante, vu la gêne du grand costaud.
Finalement, arrivent les derniers instants musicaux passés avec Noisettes sur Never Forget You où plusieurs milliers d'âmes chantent joyeusement en chœur. Salutations générales et incitations à acheter leur nouvel album qui ne devrait plus tarder dans les bacs, sous une trombe d'applaudissements et de cris satisfaits mérités, le groupe s'en va. Grand succès donc pour Noisettes et leur heure de concert décoiffant qui nous fera facilement oublier la venue du fade Mika sur la Grande Scène.

Quelques dizaines de minutes plus tard, sur le coup des 1h, un autre groupe anglais de qualité doit faire son entrée dans l'arène du Paléo. Au nombre de quatre, Metronomy sont programmés sous le Chapiteau, décidément le lieu où il faut être en ce samedi 23 juillet. Tout juste auréolé d'un troisième album studio qui a enfin offert un succès large et mérité à la formation de Devon, cette dernière voyage intensivement de festival en festival pour présenter les subtiles sonorités de The English Riviera à son public sur scène. En choisissant le Paléo ce soir, la formation ne s'attendait sûrement pas à se retrouver face à une foule pareille, à une heure déjà si avancée dans la nuit. Pleine à craquer, surmotivée, la grosse tente est comble pour l'occasion. Et lorsque retentit le titre introductif We Broke Free et son atmosphère planante, la foule se déhanche immédiatement.
Ensuite, il suffit du très rythmé Love Underlined pour que la température monte et d'un ancien titre anonyme excité pour que le pogo démarre aux premiers rangs. Les jeunes se régalent, les moins jeunes également. Entre deux morceaux, on essaye de récupérer en observant le fond de la scène où se dresse fièrement une caricature géante pour chaque membre du groupe. Une pour le bassiste au pantalon rouge et une pour la batteur au chemisier turquoise. Une pour Joseph Mount et une pour Oscar Cash, les deux fondateurs. Tous arborent une lampe blanche sur la poitrine. Ils ont fière allure, continuant avec quelques anciens titres inconnus pour la plupart de leurs récents fans. Quant aux plus fervents, aux plus anciens, ils remuent de plus belle.

La foule tangue, nous aussi. Il faut jouer des coudes. Heureusement, She Wants et sa rythmique posée sont là pour calmer un instant les esprits. Mais ce n'est que de courte durée, les gigotements du public reprennent encore plus de vigueur sur l'excellent The Bay. Sa basse, son clavier entêtant et ses refrains motivent une foule heureuse. Sans relâcher la pression, plus tard c'est au tour de l'immanquable Corinne de mettre le diable aux corps des festivaliers. Effet direct de cette frénésie, dans le public, les minuscules demoiselles se déchaînent sur le dancefloor terreux improvisé ce soir, faisant de l'ombre aux quelques pogos musclés qui ne cessent guère et reprenant à tue-tête les paroles du titre incontestablement le plus dansant du dernier album des Metronomy. Belle ambiance sous le Chapiteau, il est déjà 2h. Soudain, clou du spectacle, les premières notes de l'enivrant The Look se mettent à retentir dans la nuit. Les festivaliers, brûlants de joie et d'envie, sautent péniblement au rythme de ce titre parfait.

Préservatifs gonflés volant au dessus de nos têtes, tournesols dansants à nos côtés, la masse de festivaliers ose toutes les folies pour clore en apothéose ce samedi soir surprenant, dans le cadre de ce 36ème Paléo Festival qui, par la même occasion, prend fin pour tous adeptes de musique indé anglaise. Le sourire aux lèvres évidemment.
artistes
    Mika
    Robert Plant & The Band of Joy
    Metronomy
    Moriarty
    Noisettes
    William White
    The BellRays
    Selah Sue
    The Bewitched Hands
    Irma
    Madjo
    Ventura
    Captain Moustache & Fredo Ignazio
    Welington Irish Black Warrior
    Great Black Waters
    Chucho Valdés
    Renegades Steel Orchestra
    Joaquin Diaz