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Rock en Seine

Paris, du 26 au 28 août 2011

Live-report rédigé par Fab le 1er septembre 2011

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Après une première journée achevée tambour-battant avec les Foo Fighters, c'est sous la pluie que ce samedi 27 août débute dans le Parc de Saint-Cloud. Si les Arctic Monkeys font figure de point culminant du jour, l'alléchant programme en vue va vite s'avérer à la hauteur des espérances.

Supposé clémente tout au long du week-end, la météo se veut capricieuse alors que les deux jeunes belges de The Black Box Revelation sont chargés d'ouvrir les hostilités sur la Scène de la Cascade. Malgré toute leur bonne volonté, Dries Van Dijck et Jan Paternoster, respectivement à la batterie et la guitare, peinent à faire cesser la première averse de la journée. Sur scène, le spectacle est satisfaisant à défaut d'être totalement convaincant, l'énergie du duo ne parvenant pas à faire oublier le manque de variété d'un répertoire tout aussi fortement marqué par le blues que par le rock américain. Diffus, le public semble quant à lui y trouver son compte, les plus jeunes installés dans les premiers rangs répondant favorablement aux brûlots courts et directs.
Une demi-heure plus tard, le constat est sensiblement identique alors que les Hushpuppies prennent place sur la Grande Scène. Sous un ciel dégagé, les lunettes de soleil sont officiellement de sortie et la prestation offerte fait honneur à la réputation des parisiens. Passé un premier titre instrumental en guise d'introduction, le quintet se débarrasse immédiatement de son hymne devenu quelque peu embarrassant au fil du temps, You're Gonna Say Yeah. La suite du concert ne dément pas un savoir-faire certain dans l'écriture de chansons rock teintées d'une discrète touche électronique, l'énergie étant cette fois encore au cœur d'une prestation efficace pour chauffer le public en ce début de journée.

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Sur la scène Pression Live, Gruff Rhys s'apprête quelques minutes plus tard à assurer l'une de ses trop rares performances françaises, quelques mois après la sortie de son dernier album solo en date, Hotel Shampoo. Durant quarante-cinq minutes, accompagné des quatre musiciens de Y Niwl sous un beau ciel bleu, le gallois va s'attacher à partager et transmettre la bonne humeur le caractérisant, oscillant entre mélodies pop et envolées rock plus relevées. Face à lui, le public gagne progressivement en densité, nombreux étant ceux à apprécier les anecdotes contées par le leader des Super Furry Animals ou à sourire lorsque ce dernier choisit d'interpréter une poignée de titres dans sa langue natale.
Si la base de sa musique tourne autour des instruments traditionnels, nombreuses sont les touches personnelles du chanteur à se faire entendre ci et là : flute, harmonica, xylophone ou percussions, mais aussi une platine vinyle en fin de set, se fraient ainsi un chemin aux cotés des multiples pancartes arborant divers messages à destination de l'audience. Une prestation chaleureuse et dynamique dont on retiendra notamment une version électrisée de In A House With No Mirrors (You'll Never Get Old).

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Sur la Grande Scène, Blonde Redhead ont quant à eux déjà débuté un concert amené à souffrir des mêmes maux que ceux souvent reprochés au trio, à savoir une certaine froideur dans l'interprétation que le comportement distant d'une Kazu Makino presque possédée tend à amplifier un peu plus encore. Derrière leurs instruments, les frères Amedeo et Simone Pace font quant à eux preuve d'une grande justesse et justifient les louages relatives à l'intensité des compositions du trio, qui plus est lorsque le premier nommé prend place au chant.
Une demi-heure plus tard, après que des trombes d'eaux ne se soient déversées sur le Parc de Saint-Cloud pour la dernière fois du week-end, c'est un Mike Skinner en très grande forme que l'on retrouve pour l'ultime concert en France de The Streets avant une séparation annoncée. Comme à son habitude, l'anglais s'est entouré de nombreux musiciens mais aussi de deux vocalistes de luxe : le fidèle Kevin Mark Trail ainsi que Rob Harvey (ex-The Music) pour ses compositions les plus récentes. Dans la foule, en dépit de l'annulation de Q-Tip, l'heure est au défoulement, les moindres commandements de Mike Skinner étant écoutés et suivis à la lettre par les milliers d'amateurs de musique au rendez-vous.
Clairement orientée vers des titres d'inspiration hip-hop, la première moitié du set laisse rapidement place aux compositions ayant marqué l'ensemble de la carrière de l'anglais, notamment Dry Your Eyes et Fit But You Know It mais aussi le récent single Going Through Hell, théâtre d'un circle pit initié avec un plaisir non dissimulé par le maître de cérémonie. En attendant qu'il ne se résigne à amorcer un retour nécessairement attendu avec un nouveau projet, Mike Skinner aura offert à son public français des adieux nécessairement réussis et dignes du personnage.

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Une autre forme de démonstration est en passe de se dérouler sur la scène Pression Live avec l'arrivée de The Jim Jones Revue. En véritables stakhanovistes du live, les cinq anglais fortement ancrés dans les 60s vont offrir une démonstration rock & roll pour le moins magistrale. Face à un public déchainé dès les premières secondes, les déhanchés d'un Jim Jones habité et à la voix dévastatrice provoquent de véritables vagues de plaisir et de pogos. Certes l'originalité n'est évidemment par au rendez-vous, mais avec une telle puissance de feu face à soi, impossible de rester impassible ou de tourner les talons.
Si le leader du quintet est la clé de voute du groupe, fort est de constater que chacun des musiciens est à la hauteur du frontman, notamment un Henri Herbert intenable derrière son clavier. Ce soir, blues et garage rock font bon ménage durant cinquante minutes sans la moindre baisse de tension, faisant de ce concert de The Jim Jones Revue l'un des temps forts de la journée.

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Cibles de nombreuses critiques durant les derniers mois à la suite de la sortie d'un album éponyme inégal mais aussi d'un concert médiocre au Zénith de Paris, Interpol avaient beaucoup à se faire pardonner pour leur retour dans la capitale. Sans déroger à leur réputation, Paul Banks et les siens vont rapidement nous offrir l'une des bonnes surprises du week-end avec un set principalement concentré sur les temps forts de leur discographie.
Si l'art de la communication ou la proximité avec le public ne seront jamais leurs principaux atouts, la justesse des interprétations toujours fidèles aux enregistrements studio sauve les apparences, qui plus est lorsque des compositions du calibre de Say Hello To The Angels et Obstacle 1 trouvent leur place aux cotés de celles tirées d'un Antics au cœur des préoccupations du soir (Slow Hands, Not Even Jail, Evil...). On regrettera tout de même la discrétion de l'ensemble des membres du groupe, à commencer par l'émérite Daniel Kessler à la guitare ou Dave Pajo à la basse, loin de faire oublier le charismatique Carlos Dengler.

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Il est à présent 21h05 et l'une des principales révélations de l'année 2011 s'apprête à faire son apparition sur la scène Pression Live face à un public copieusement garni : WU LYF. S'ils n'ont de cesse d'alimenter les conversations au sujet sur leur potentiel réel, avec un premier album qui aura tout autant divisé la critique que les fans lors de sa sortie, c'est en live que viendra sans doute le salut de la formation mancunienne. Si leur précédent passage dans la capitale en juin dernier avait laissé entrevoir de belles promesses, le concert du soir est la preuve que les jeunes musiciens ont appris de leurs expériences récentes et acquis une nouvelle aura.
Profitant d'une obscurité s'emparant progressivement des lieux, les jeux de lumière vont au court des minutes devenir omniprésents et amplifier l'impression de puissance et de maitrise se dégageant des titres phares du groupe. Propulsée par la paire constituée de L Y F et Cave Song, la prestation part sur de bons rails et devient plus envoûtante au fil des minutes, le point culminant du set étant atteint sur l'enchainement de Spitting Blood et Dirt durant lesquels Ellery Roberts semble pousser sa voix dans ses retranchements, voire au bord de la rupture à plusieurs instants. Que l’on apprécie ou non l’univers si particulier de WU LYF, impossible décidément de rester de marbre face à l’intensité du concert du soir.

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A peine le temps de traverser les quelques centaines de mètres nous séparant de la Grande Scène que les lumières se sont éteintes pour accueillir l’une des formations britanniques les plus populaires de la décennie passée : Arctic Monkeys. Si chacun de leurs albums a rencontré un succès indéniable aux quatre coins de la planète, jamais leurs prestations scéniques ne se sont montrées complètement à la hauteur de leur aura et plus encore de leur influence grandissante... ce que leur show du soir va une fois encore confirmer.
Face à eux se trouve pourtant amassée une foule plus compacte encore que la veille, mais surtout plus exigeante. Si Alex Turner, métamorphosé sous sa veste en cuir et une nouvelle coupe de cheveux, et ses petits camarades font preuve d’une belle assurance, leur attitude en deviendrait presque dédaigneuse et distante tant leur show passe pour une mécanique bien huilée mais dénuée d’âme. Les interactions se font rares, faisant perdre une part de l’humanité aux quatre musiciens originaires de Sheffield.
En l’espace d’une vingtaine de titres répartis sur près de quatre-vingt-dix minutes, nombreux sont les moments d’ennui à venir briser le semblant de dynamique imprégné par le quatuor, seules quelques compositions très populaires à l’image de I Bet You Look Good On The Dancefloor, Brick By Brick ou Fluorescent Adolescent venant sortir la foule d’une certaine apathie. Un constat que les fans, installés dans une fosse réactive, n’auront étrangement jamais semblé partager ce soir.

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Prometteuse sur le papier, cette seconde journée aura su combler les attentes du public avec bon nombre de concerts de qualité, seule le show en pilotage automatique des Arctic Monkeys venant au final ternir un tableau brillant.
artistes
    ARCTIC MONKEYS
    INTERPOL
    THE STREETS
    BLONDE REDHEAD
    HUSHPUPPIES
    SEXY SUSHI
    KEREN ANN
    AUSTRA
    BIRDY HUNT
    MYRA LEE
    ETIENNE DE CRECY
    DEATH FROM ABOVE 1979
    COCOROSIE
    BB BRUNES
    CAGE THE ELEPHANT
    THE BLACK BOX REVELATION
    THE WOMBATS
    WU LYF
    THE JIM JONES REVUE
    LE CORPS MINCE DE FRANCOISE
    GRUFF RHYS
    POLOCK