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Festival Marsatac

Marseille, du 29 septembre au 1er octobre 2011

Live-report rédigé par Olivier Kalousdian le 8 octobre 2011

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Sans Tim Burton mais avec une météo estivale en cette fin septembre à l'extrême sud de l'hexagone, nous nous apprêtons à vivre et survivre à la 13ème édition de Marsatac !

Marsatac, le festival qui aime surprendre, tant dans sa programmation (des débuts en 1999 en programmant la crème de la scène Hip-Hop Marseillaise, en pleine apogée d'IAM) que dans ses lieux de rendez-vous. Rappelons-nous de cette édition insulaire de 2002 où une tempête s'est abattue sur les îles du Frioul, espace idyllique pour un festival s’il en est, obligeant l'organisation à annuler le Festival, à ne pas gérer 3000 spectateurs transis, sous la pluie et à évacuer une île pour laquelle les navettes n’étaient pas programmées avant le milieu de la nuit.
Ce n'est jamais très agréable de le reconnaître, mais les autorités publiques peinent, apparemment, à fournir un lieu définitif ou en tout cas correspondant à ce festival, en dehors des années passées au J4, morceau du port autonome de Marseille, face à la mer où prit place Marsatac jusqu'en 2008. Trimballé de lieu en lieu depuis, l'association Orane, organisatrice de l'événement, s'est également risquée à un Winter Marsatac à l'espace Julien en 2010 et à un Marsatac Calling l’hiver dernier, proposant plusieurs concerts dans Marseille tout au long de l'année.

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À Marseille, rien n'est comme ailleurs. Football, rap, chaleur... tout ici est exagéré. Marsatac, en ça, est 100% made in planète Mars ! La Friche de la Belle de Mai où se tient l’édition 2011 est un quartier défavorisé de la ville abritant usines désaffectées et jungle de béton en guise d'espace vert. C’est l'ancien site de la Seita, distributeur national des tabacs du monde entier. Pénétrer sur ce site, c'est comme pénétrer sur le site de Peugeot à Sochaux en pleine grève de 68 ; une seule entrée barrée d'une grille latérale et ne s'ouvrant qu'au compte-goûte pour plusieurs milliers de festivaliers et quelques dizaines de journalistes ; un service d'ordre sans ordres et une absence remarquable et quasi anarchiste de tout uniforme municipal ou national. Résultat : une sacrée foire d'empoigne au milieu des canettes et des verres brisés pour se frayer un chemin jusqu’à la zone sous la juridiction de Marsatac.
Le quartier, le site et les installations, flirtant avec le happening arty comme le couloir sombre de béton abîmé menant de la scène du Cabaret Aléatoire aux autres salles... tout fait penser à un district glauque de Berlin dans « Christiane F, 13 ans, droguée… » ! Ce n’est pas pour déplaire d’ailleurs, mais on est loin, très loin même, des Festivals à caractère joyeux et bon enfant du domaine de Saint-Cloud, du Lac du Bourget ou des plages de Calvi !
Trois scènes fermées sont prévues pour les trois soirs à venir, mais seulement deux sont ouvertes pour le premier jour, tour de chauffe du festival qui verra arriver quelques 3000 personnes le jeudi, puis 9000 environ les vendredi et samedi.

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Sur la plus petite des scènes, Seita la bien nommée, contenant 500 personnes au maximum et par une nuit douce comme un câlin de Yoplait, Applause ouvre les festivités sous le signe de son Black Sand, hit programmé en boucle par Radio Nova depuis le début de l’été. Étrangement, et alors que le reste de son répertoire est un peu plus musclé, Black Sand sonne comme un titre d’Anthony And The Jonshons ; jouant d’un son synthétique à la modulation déformée d’une octave à l’autre et un tempo proche du dub, la voix de Nicolas Ly, né au plat pays, flirte avec les douces tonalités d’un Jeff Buckley qui aurait rencontré Metronomy.
Retour par le couloir anxiogène et ses messages subversifs « Rentrez chez vous ; Rentrez chez vous ; Rentrez chez vous... » pour, rapidement, se rendre à la scène du Cabaret Aléatoire avant qu’elle n’affiche complet. The Shoes commencent leur set trente minutes après le début d’Applause mais, même en courant, impossible d’avoir une place correcte dans cette salle où, de plus, quatre pylônes de béton bloquent la vue. Deux percussionnistes, côte à côte, voire trois parfois, deux bidouilleurs d’électronique et un bassiste chanteur ; le tout rafraîchit grandement l’atmosphère totalement enfumée de la salle (interdiction de fumer dans les lieux publiques ? Quelle interdiction !) et n’est pas sans rappeler New Order par la lourde présence d’une basse frappée et de percussions cristallines.

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On avait vu Concrete Knives, le groupe qui chante en cœur et en chœur via ses cinq membres partageant l’énergie positive de sa seule fille et chanteuse, Morgane Colas, au printemps de Bourges en avril et à Rock en Seine ensuite. 2011 fut l’année de leur découverte avec un titre tapageur et qui a longtemps mis le doute sur son origine, tant il sonne à l’identique des ballades les plus enjoués de The Joy Formidable, Brand New Start ; le morceau qui fait sauter à pied joint et donne envie de chanter avec Morgane et ses pantalons taille haute piqués à Janis Joplin ! La salle Seita s’en rappellera longtemps malgré son faible nombre d’admissions possibles.
Attendus par une bonne partie du public comme la consécration de l’été dernier avec un titre comme Slippery Slopes, ovni musical indéterminable en termes d’inspirations, The Dø, qui avaient commis l’encourageant On My Shoulders en 2010, reviennent avec un son et une énergie bien plus percutants. Olivia la finlandaise et Dan le Français ont pris de l’assurance et laissé de coté la pop électro un tantinet lassante pour aborder les terres plus arides d’un rock sauvage où les onomatopées confrontent les tambours brut de décoffrage. Il suffit de voir les transformations physiques et esthétiques du duo dans ces nouveaux clips pour comprendre que le blond platine arboré maintenant n’est pas qu’un hommage rendu à Jayne Mansfield !

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Pendant qu’Africa Hitech, le dernier projet de Warp Records, prend les rênes de la salle Seita pour un set dub électro aux infra basses balayant les mégots écrasés au sol, le gros du public restant se presse au Cabaret Aléatoire pour la tête d’affiche britannique de la soirée.
Ces soirées à thème - ce soir, c’est pop electro – de Marsatac ont le bon goût de donner le ton à ceux qui ne voudraient ou ne pourraient assumer les trois jours du festival. Mais, en retour, elles prennent le risque de voir une fréquentation faible pour une programmation délicate ou encore confidentielle. C’est ce qui semble s’être passé pour ce jeudi soir et l’horaire tardif des Friendly Fires.
Largement influencés par les sonorités 80s tropicales surexploitées par des formations comme Duran Duran à ses débuts, le groupe Anglais nous avait déjà séduit lors de son passage au Point Éphémère cet hiver. Rien de révolutionnaire dans la pop électro exotique proposée, mais une énergie et, surtout, une présence sur scène de MacFarlane irrésistible pour les amatrices de disco club et pour les amateurs de la Disco Queen des Champs Elysées. Il faut dire que le déhanchement d’Ed, le chanteur, met tout le monde d’accord ; ce n’est pas le style qui lui importe mais la pêche qu’il insuffle à son public et, en cela, il faut lui rendre hommage !

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N’hésitant jamais à pénétrer la foule, micro à la main, Ed s’offre un Lovesick recouvert des mains des plus motivés sur sa chevelure en bataille. Chemise hawaïenne et pantalon à revers, nous sommes là dans ce que la pop électro fait de plus fun. Une musique qui renonce à se prendre au sérieux, un groupe qui n’hésite pas à habiller le nouveau film de James Price, Les Trois Mousquetaires (encore ?) avec son titre Jump In The Pool. Pas de doute, Friendly Fires est le groupe phare de ce jeudi soir estampillé pop pour tous !

Il est temps de rentrer ; non sans quelques remontrances de notre photographe sur la lumière dramatique des deux scènes et non sans avoir, à mon tour, distillé quelques médisances sur le son très limite du Cabaret Aléatoire...
artistes
    THE SHOES
    THE DØ
    FRIENDLY FIRES
    APPLAUSE
    CONCRETE KNIVE
    AFRICA HITECH
    THE CREATORS PROJECT
    H5 / CAMILLE PETIT DBZ