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Festival Marsatac

Marseille, du 29 septembre au 1er octobre 2011

Live-report rédigé par Olivier Kalousdian le 9 octobre 2011

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vendredi 30
Rendez-vous pour la suite de Marsatac et un deuxième soir placé sous le signe du rap, de la fusion et des nouveaux maîtres du funk electro avec un site qui s’agrandit d’une nouvelle scène, celle de La Cartonnerie, bien plus vaste que ses adjointes. D’autant plus qu’en ce vendredi, dernier jour de septembre, sont attendus trois fois plus de festivaliers que la veille...

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« Je fume pu d'shit ! » : Si un groupe correspond à l’esprit Marsatac des débuts, c’est bien Stupeflip ! Son histoire, la personnalité de ses membres, sa présence en live, tout ramène à la scène hip-hop des années 2000. C’est donc dans une ambiance très bon enfant et à couper au couteau que se déroule le concert des trois habitués des déguisements incertains et des propos incongrus pas si insensés que ça. Stupeflip, c’est un truc... stupéfiant ! Il suffira d’un couplet d’IAM et d’un hommage aux Marseillais pour que le public dépose les armes devant ces trois hurluberlus du rap made in France au style théâtral ; c’est le moins qu’on puisse dire !
9000 personnes, environ, pour ce second épisode, il faut pouvoir les caser. Or, la Friche La Belle de Mai, ce n’est pas l’Hippodrome de Longchamp. Et il est plus compliqué ce soir de se faire une place au soleil ou dans la salle du Cabaret Aléatoire pour voir évoluer Pigeon John. Le rappeur US métis élevé au son des Beastie Boys et sur les roues d’un skateboard joue dans le registre de ce que les Californiens appellent le Christian hip-hop ou Gospel rap.

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Malheureusement, en même temps, sur la scène Seita, se produisent les champions du monde d’human beatbox 2009. Musiciens pratiquant la décroissance, ces quatre Français reproduisent pratiquement toute la gamme des instruments électroniques à la seule force de leurs muscles zygomatiques et de quelques micros. Il faut l’entendre pour le croire !
On remonte la pente ardue, ancienne rue de la Belle de Mai menant à la salle de la Cartonnerie, pour voir l’entrée d’Xzibit, notamment connu pour son rôle du présentateur du show Pimp My Ride de MTV. Voilà qui pose le personnage. Rappeur west coast repéré par Dr Dre qui lui offre, X, hit rap US par excellence. Carrure travaillée sur Venice beach, Hummer V8 à la maison et bitches de série, Marseille aime ça et le fait savoir ! Ça remue à l’arrière-train et pas seulement au féminin. Si bien qu’il faut courir directement d’Xzibit à Anthony Joseph jouant au Cabaret Aléatoire en manquant les Rennais de Psykikck Lyrikah à la Seita pour cause d’ambiance humide à la Cartonnerie.

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Seul Anglais de la soirée, Anthony Joseph conjugue les racines de l’Afrique à la soul et joue la carte du free jazz en s’accompagnant un saxophoniste blanc, tout sauf perdu au milieu de quatre musiciens noirs et latino maîtrisant leur sujet artistique comme sûrement personne pendant tout le festival. Musicalement proche de Gil Scott Heron – plus près, cela devient suspect – Anthony invite Keziah Jones sur son dernier album. Né a Trinidad, il s’est fait connaître par un public averti en écrivant des nouvelles et des poèmes qui l’ont mené petit à petit, racines obligent, à la musique. Mélangeant le dub à des herbes Africaines dont il a le secret, Anthony joue des recettes déjà très connues mais servies dans un style qui n’appartient qu’à lui ; il vit et scande ses chansons comme un danseur Peul Sénégalais. Ce sont d’ailleurs des attributs que vient chercher la foule dans ses concerts.
Allure de rasta en prime, Anthony est ce qu’on appelle un playboy noir. Carrure et barbe à la Dieudonné, il vit la musique comme une religion et donne durant le concert un prêche qui tend à rallier à sa cause le maximum de fans. Mission réussie en ce qui concerne l’osmose entre lui et le public ; mais gâchée par le son de la salle, toujours indigne d’un Festival et remarqué par de plus en plus de monde.

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Moins de vingt minutes après le début d’Anthony Joseph, joue l’autre tête d’affiche de la soirée, découverte US 2010, Theophilus London qui, comme son nom l’indique, est originaire de Brooklyn ! Sur la grande scène, le nouveau Prince, à en juger par ses mélanges de sonorités funky électro hip-hop, souvent cheap par ses beats synthétiques, est un showman qui ne rechigne pas à se la jouer Vanillia Ice ou MC Hammer dans son jeu de scène. Fan des années 90s donc (est-ce bien possible ?), Theophilus arbore un look fluo tribe sans couleurs, plaque des mélodies qui font mouche et remplace aisément un energy drink auprès du public, tandis que minuit sonne au carillon de la gare Saint-Charles, toute proche...
Un petit tour chez les enfumés de la Seita pour découvrir la jungle super cut de Turnsteak, la tension monte sur la planète Mars au son de l’électro-glitch. Honneurs aux locaux et régionaux de l’étape avec Chinese Man à la Cartonnerie. Chinese Man, qui est aussi un label de disques, est basé à Marseille et donne dans le trip-hop, le reggae et ne dédaigne pas les influences jazzy dans ses samples. Surprenant ses plus fidèles fans, Chinese Man offre une heure trente de set plus drum & bass qu’à la normale et moins linéaire qu’en concert ; c’est en tout cas ce que mon voisin en tee shirt NBA XXXL et à l’accent du sud plus épais qu’un Big Mac me racontera... il n’empêche que quatre mecs derrière des ordinateurs plus un MC seul en avant selon les titres peuvent vite lasser...

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Il se fait tard. Les radios, Nova et Grenouille, présentes en continu sur le site de Marsatac, ont déjà plié les gaules pour la soirée et, de l’autre coté du stand, la Fine Equipe, deux DJ français, fait danser les gars et le filles sur des tempos techno minimalistes. Le Red Bull et l’alcool font le reste…
La soirée finira d’ailleurs en mini free party avec Kanka, X Makeena ou Brodinski. Si le premier fait dans le dub électro, un DJ et un bassiste en face-à-face, on ne présente plus les Bretons de X Makeena et ses deux MC à têtes de Viking, jamais avares sur les déguisements et les décors de scène. Hardcore parfois et puissants dans leur flow, ils enflamment ce qui reste de la foule dézinguée par quelques substances tombées du bateau à la Joliette.

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Il fallait bien au moins ça pour tenir jusqu’à la fin du set vers 4h du matin !
artistes
    PIGEON JOHN
    ANTHONY JOSEPH
    FILEWILE
    X MAKEENA
    STUPEFLIP
    XZIBIT
    THEOPHILUS LONDON
    CHINESE MAN
    BRODINSKI
    UNDER KONTROL
    PSYKICK LYRIKAH
    TURNSTEAK
    KANKA
    PLATEAU RADIO NOVA / GRENOUILLE
    LA FINE ÉQUIPE
    THE CREATORS PROJECT
    H5 / CAMILLE PETIT DBZ