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Transmusicales

Rennes, du 30 novembre au 4 décembre 2011

Live-report rédigé par François Freundlich le 10 décembre 2011

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Après trois jours de Transmusicales de Rennes agitées, le temps est venu de se poser pour un plus calme dimanche après-midi. La salle de l’Aire Libre de Saint-Jacques-de-la-Lande accueille cinq représentations d’artistes du label clermontois Kütu Folk sur la durée du festival. On décide donc de terminer en beauté en s’asseyant dans les confortables sièges de l’auditorium.

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Ce label rassemblant la crème de la musique folk actuelle a la particularité de coudre ses pochettes d’albums, allant même jusqu'à se faire sponsoriser par une célèbre marque de machines à coudre. C’est pour le clin d’œil qu’une machine à coudre de verre est installée à l’avant de la scène, reflétant des rayons lumineux dans toute la salle. La scénographie est très réussie avec des lustres et autres décorations suspendues, le lightshow vaut également le détour.
Le premier artiste à se produire pour cette dernière représentation est le canadien Soso. A mi-chemin entre hip-hop et folk, il débute derrière ses platines par quelques rythmes urbains alors qu’un guitariste disperse une mélodie mélancolique. Soso se défoule de quelques mouvements crispés avant de poser sa voix sur le micro, rappant d’un flow assuré et lancinant. Ses textes sont très personnels, il semble vivre sa musique comme une libération de ses sentiments les plus profonds. Il semble s’affranchir de son angoisse à travers une musique profonde sur fond de guitare slowcore. Un quatuor à cordes viendra l’accompagner pour sublimer cette profondeur d’une magnificence qui ne fait que commencer.

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La machine à coudre se met à tourner sur son support de tourne-disque alors qu’arrive Hospital Ships, seconde formation du soir. Les américains annoncent qu’ils remplacent Pastry Case qui devait se produire initialement, ce qui au final nous contente assez. Ancien membre de Shearwater, Jordan Geiger s’assoie avec sa guitare acoustique à l’avant de la scène, accompagné de son acolyte s’occupant de la face électrique du groupe. De douces ballades sont interprétées tout en délicatesse alors que les deux voix s’enchainent ou se mélangent à la perfection. On se sent enveloppé par la beauté du son, sensation accentuée par l’acoustique raffinée de cette salle. Les arrangements précis d’Hospital Ships répondent à des voix habitées par des textes intemporels. Il ne reste qu’à se laisser porter et enivrer.

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Après ces deux concerts d’une demi-heure chacun, place à la création de ces Transmusicales : Kütu Folk, The Band. Les membres de la plupart des groupes interprèteront ensemble les morceaux édités sur les différents disques du label. Les uns après les autres, les noms des groupes apparaissent projetés à l’arrière de la scène. Cela permet d’avoir un aperçu éclairé sur ces artistes qui forment finalement une famille liée autour de l’amour de cette musique.
The Delano Orchestra sont les premiers à proposer un de leur titres, le groupe s’alignant à l’avant de la scène tandis que les autres musiciens les accompagnent au piano, à la guitare ou au chant. Le quatuor à cordes, violons et violoncelle, est de retour pour sublimer ce moment de grâce. Le jeune Zak Laughed exprime sa sensibilité brute cachée sous son allure un peu gauche sur deux de ses chansons. Il accompagnera également d’autres titres au piano ou à la guitare. Soso fait son retour, ébahi par la face inattendue que prennent ses compositions ainsi accompagnées. Hospital Ships propose son très beau Carry On : commencé en version intimiste par Jordan, il est repris en chœurs par tout le monde. L’apogée sera atteinte sur le morceau Dear du nouveau venu dans le label, Dempster Highway. Le français Clément Fabre a composé ici une chanson bouleversante nous arrachant des larmes que l’on n’attendait pas lorsqu’elle est reprise en quasi a capella par toutes ces fabuleuses voix. Le mot « Dear » repris en canon, transperçant l’épiderme comme une onde de choc fugace.
On profite également d’un titre de Garciaphone alors que les canadiens de Evening Hymns manquent malheureusement à l’appel ce dimanche. On essaye de se reprendre un moment mais c’est chose difficile devant tant de beauté. St Augustine, alias François-Régis Croisier qui s’occupe du label, vient lire un texte de remerciements pour ces cinq jours qui ont apparemment changé beaucoup de choses pour eux. Il annonce un rappel et entame son très beau morceau Rainy Country, toujours accompagné par ses compagnons reprenant à tue tête « You really could be happy in this rainy country ». Kütu Folk, The Band s’achève sur une standing ovation et la vingtaine de chanteurs et musiciens saluent chaudement un public ravi. Il ne fallait vraiment pas rater cette création des Transmusicales 2011 qui en restera comme l’un des meilleurs moments de cette édition. On aurait bien assisté aux cinq représentations si elles avaient eu lieu à un autre moment.

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C’est sur ce sommet musical que se terminent ces 33èmes Transmusicales de Rennes. Kütu Folk a livré l’une des meilleures prestations, tout comme les anglais de Wolf People ce dimanche au petit matin. La fréquentation fût moindre que pour une année 2010 assez exceptionnelle mais on arrivera à retenir plusieurs bonnes découvertes. Après des débuts timides le jeudi pour une programmation du Liberté peu convaincante, le vendredi et le samedi ont livré leur lot de surprises. On retiendra les tremplins de l’Ubu avec les Juveniles, Splash Wave ou 50 Miles From Vancouver. La Cité a tenu toutes ses promesses avec la future star Sallie Ford, Haight Ashbury, Epic Rain ou Group Rhoda. Le Parc des Expositions a tremblé, enfin, avec Holloys, Robin Foster, Breton, Fuel Fandango, Galaxie ou Hanni El Khatib. Le festival phare de l’hiver a tenu ses promesses et c’est bien l’essentiel. A l’année prochaine les Transmusicales !
artistes
    Soso
    Pastry Case
    Kutu Folk Records, The Band