logo SOV

Festival Mo'Fo

Saint-Ouen, du 27 au 29 janvier 2012

Live-report rédigé par Cyril Open Up le 1er février 2012

Bookmark and Share
vendredi 27
Autoproclamé plus petit des grands festivals, le Mo'Fo est également le premier du calendrier musical. Il fête ses dix ans et Mains D'oeuvres qui l'héberge depuis le début à Saint-Ouen avance dans sa onzième année. Deux scènes, dénommées Mo et Fo, vont accueillir durant trois jours ceux que l'on a peu l'habitude de croiser ailleurs. Viens, je t'emmène.

SOV

Le programme de ce vendredi débute devant un public épars. Le groupe français chouchou du mensuel Magic!, Maison Neuve, ouvre les hostilités en anglais. La voix monocorde avec un accent à couper au couteau du chanteur n'est pas très plaisante. Même en français, les paroles sur la difficulté d'être parent ne sont pas plus persuasives. Le public plongera ensuite dans ses pensées du moment ou les discussions de ses voisins pendant cinq longues minutes le temps de changer une corde cassée. Juste assez également pour s'apercevoir que le festival va imposer une drôle de gymnastique consistant à devoir faire des choix entre le début d'un concert et la fin d'un autre puisque tous se chevauchent, voilà qui est bien dommage.

SOV

La suédoise Christine Owman toute de noir et blanc vêtue avec des mitaines en dentelle est seule sur scène. Derrière elle, des vidéos en noir et blanc figurant des ponts qui oscillent, des stripteaseuses qui ondulent du bassin (...) agrémentent son univers. Passant de la guitare à la scie ou aux beats électroniques d'un synthétiseur, Christine utilise des boucles pour pouvoir chanter. Elle pose beaucoup en faisant de grands gestes avec ses bras et ressemble parfois à une sprinteuse sur le départ à l'arrêt, s'arme de deux micros, pratique le headbanging avec sa longue crinière blonde. Musicalement, les titres très répétitifs finissent par lasser. On s'éclipse pour passer sur la scène Mo.

SOV

Seul artiste anglosaxon du jour, Benjamin Francis Leftwich déboule seul sur scène avec sa guitare sèche. Dès son arrivée, les voix se taisent pour faire place à la sienne pure et enchanteresse. Il se tient là, debout, genoux fléchis, à nous conter des histoires d'amour qui finissent mal, de ce qu'il se serait passé si ... Il remercie l'assistance d'être aussi calme et décide pour le troisième morceau de se passer de l'amplification et d'emplir la salle de son phrasé et de son doigté sans le moindre artifice.
Le charme agit, Benjamin poursuit en dédicaçant un titre aux personnes qui travaillent dans les maisons de disques à moitié humaine et à moitié dragon ! Nous voilà encore sur un petit nuage, à nous laisser guider par le troubadour Benjamin qui a choisi la simplicité de l'épure pour un résultat divin. Vingt-deux minutes plus tard et il est déjà l'heure de se dire au revoir. Merci pour ce doux moment.

SOV

De l'autre côté, le suédois Loney Dear entame déjà le troisième morceau. En formation à quatre, les titres sonnent somptueusement bien. La voix juste de Emil Svanängen rappelle par moment celle de l'irlandais Damien Rice. Alternant titres dépouillés d'une grande sensibilité interprétés en position assise à la guitare ou au piano et morceaux plus orchestrés et puissants joués en position debout, Emil montre le grand plaisir qu'il a d'être à Paris. Le public répond présent quand il l'invite à participer à la chorale sur un morceau. En véritable homme orchestre, Emil a mis le public en émoi et confirmé son statut de grand artiste folk de la scène suédoise.

SOV

Le temps du changement de plateau et l'on peut passer voir quelques titres des français Concorde. Leur rock rythmé sera d'agréable compagnie avant le clou de la soirée.

SOV

Venus d'un état peuplé d'alligators et de vieux (la Floride), les américains de Radical Face concoctent une pop complexe d'une grande intensité. Dérogeant à la tradition, Ben Cooper commence tout d'abord par présenter son groupe. Il se dit heureux d'être en Europe même si cela le rend stupide en raison de la barrière linguistique. Ce qui ira même jusqu'à lui faire penser qu'il participe au Mother Focker Festival ! Il s'excusera de jouer assis mais sa santé l'empêche de prendre une autre position.
Ben introduit une à une les chansons choisies, lui permettant de pratiquer un peu de tuning si nécessaire. Ses pépites parlent de femmes battues, de personnes qui s'échappent en train dans l'espoir de mieux vivre ailleurs, d'un jumeau qui regarde son frère mourir, de saisons qui prennent formes humaines (...), soit tout un univers pas vraiment féérique. Les arrangements soignés et la splendide interprétation donnent la chair de poule. Radical Face gagne la sympathie du public mais également son admiration. Cette heure de concert s'achève sur l'enivrant Welcome Home repris en choeur par des spectateurs en transe.

SOV

Difficile après un tel choc d'enchaîner avec les synthés vintage de Yeti Lane. Le duo semble réaliser une bande originale pour films de science fiction. Les morceaux longs rappellent par moment le côté plaintif des islandais Sigur Rós et ce ne sont pas les fins shoegaziennes qui viendront me contredire.
Pour conclure cette première journée, le label strasbourgeois Herzfeld a réuni ses plus émérites représentants au sein du Herzfeld Orchestra. Quatorze musiciens pour une formation à géométrie variable où chacun passera du rôle de choriste à celui de chanteur principal ou inversement. Principalement orientée vers la pop, la sélection offre quelques passages prêt à faire bouger le public fatigué qui peu à peu rebrousse chemin. Il se fait tard, bientôt minuit, heure à laquelle la joyeuse bande tire sa révérence.

SOV

Cette première journée aura essentiellement brillé par l'avènement du grand Radical Face marqué à la culotte par Loney Dear. Benjamin Francis Leftwich n'aura pas non plus démérité dans un style plus dépouillé. Le festival continue et l'on espère qu'il se poursuivra avec d'aussi belles prestations.
artistes
    RADICAL FACE
    LONEY DEAR
    HERZFELD ORCHESTRA
    CONCORDE
    YETI LANE
    CHRISTINE OWMAN
    MAISON NEUVE
    BENJAMIN FRANCIS LEFTWICH