Du 22 au 24 juin, Paris luttait contre le Sida en musique en accueillant la 14ème édition du festival Solidays. On y a vu un flash-mob, des sauts en élastique, des envolées de capotes et surtout de très bons concerts. On vous raconte.
Alors que l’été commence timidement, c’est à l’Hippodrome de Longchamp que l’on a choisi de venir fêter les premiers jours de chaleur. Tous les ans, Solidays accompagne nos premiers jours de l’été et ce n’est pas cette année que ça changera. Une fois de plus, on est ravi de replonger dans nos petits rituels, de retrouver le bon goût de ces hippies torses nus et cette farandole de bénévoles qui distribuent les bons conseils. Enfin, pas toujours. On est un peu plus réticent lorsqu’ils nous confisquent nos bouteilles d’eaux-de-vie, si précieuses au bon fonctionnement de notre organisme pendant trois jours. Mais bon, c’est de bonne guerre.
Arrivé en fin d’après-midi, un peu en retard on l’avoue, tout le monde est déjà bien installé : bienvenue au pays des Quechua, un pays où tout le monde fait la fête et débouche les bouteilles en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Bien que le soleil semble se la jouer pudique, beaucoup sortent les lunettes de soleil et la crème solaire. Bref, on se la joue prudent. Pas de question de se reposer pour autant puisque pendant trois jours il va falloir galoper (c’est bien le terme) d’un bout à l’autre de l’Hippodrome pour espérer respecter le programme établi avant d’arriver.
Durant un festival, certains artistes ont plus de responsabilités que d’autres. C’est ce que l’on se dit lorsque
Blitz The Ambassador, éternel outsider du rap New-Yorkais, débarque sur scène afin d’ouvrir les festivités de cette 14ème édition solidaire. On se presse donc d’installer rapidement les affaires, de finir notre première bière et on file s’en ouvrir une deuxième devant le rap jazzy et instrumental du Blitz et de ses musiciens. On connaissait la réputation scénique du rappeur, mais ce qu’on ne savait pas c’est que, de rappeur studio et studieux, Blitz The Ambassador, comme l’était Chuck D, se transforme en cador une fois sur scène. Applaudissements.
Dans la foulée, on fait volontairement l’impasse sur les concerts de 19h,
Le Peuple De L’Herbe et
Didier Wampas. Remarquez, on a une bonne excuse : notre médecin nous a interdit tout contact avec ce qui ressemble, de près ou de loin, à un revival nineties caricatural. En revanche, pour rien au monde on aurait raté
Ben Howard. Ancien journaliste, le jeune anglais chante avec le cœur et en chœur avec une foule qui (re)découvre la plénitude des lieux, la tranquillité des vacances et les rêves de l’adolescence. Où comment merveilleusement compenser la rareté, voire l’absence, d’artistes comme Jack Johnson ou Bon Iver sur les festivals européens.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, on file sur la scène Bagatelle - en évitant au maximum d’entendre les grandiloquentes âneries de
Bénabar, présent sur la grande scène – où la soirée risque de prendre nettement plus d’ampleur avec le set de
Miles Kane. Au programme, une heure de pop britonne lourde de sens et de tubes. Toujours propre sur soi, le proche collabotareur d’Alex Turner parvient, petit à petit, à soulever une foule un peu molle, certainement pas encore tout à fait connectée avec l’esprit du festival. Pourtant,
Come Closer,
Rearrange et
Counting Down The Days sont des leçons de rock et d’efficacité made in England. Miles Kane, chamane de la pop anglaise de demain ? Yes, he can !
Le temps d’une petite heure, on décide de quitter les grandes scènes pour aller se coller et se colmater les tympans à la cire chaude sur les platines de
Panteros666 à la Green Room. D'accord, il n’est que 22h, mais retrouver l’un des quatre épiques membres de Club Cheval est toujours un plaisir. D’autant que cela fut un très bel échauffement avant de revenir sur Bagatelle pour entendre l’un des chouchous de cette édition 2012 :
Metronomy.
Malheureusement, en cette belle soirée, la bande de Joseph Mount ne semble pas à son niveau : trop timide, pas assez groovy, ce concert ne ressemble en rien à ce que la révélation pop de 2011 est capable de réaliser. Comme quoi, même les meilleurs ne sont pas à l’abri d'une défaillance.
Une sensation que
Birdy Nam Nam, à quelques mètres de là, nous procurent également. Recherché et structuré (peut-être trop ?), leur DJ set est malheureusement trop mou pour l’heure. A moins que ce ne soit la faute du son ? Allez savoir. Heureusement, Teki Latex et ses bois-sans-soif de
Sound Pellegrino, eux, mettent le feu à la Green Room. Voilà un spectacle qui a au moins le mérite de faire honneur à nos chevilles, en grandes formes pour le moment.
Avant de laisser place aux DJs, retour à Bagatelle, scène décidément très riche ce soir, avec
The Kills et une Alison Mosshart déchainée et plus punk que jamais. Grands gagnants de la soirée, The Kills ne font pas les choses à moitié. Si l’on reste bluffé par le look impeccablement soigné et par le blues-rock à la fois crade et sexuel de ces deux bandits, c’est surtout le charisme et la voix de l’extravagante Alison qui galvanisent la foule. Levez les mains, les Kills ont encore frappé.
Et même si l'on est déjà épuisé par cette première journée, on se dit, en bon fêtards que nous sommes, qu’on ne peut éviter de se rendre à la soirée
We Are The 90s. Eh oui, juste le temps pour nous de ressortir les survet' Adidas à bouton, les Caterpillar, les chemises de bucheron et nous voilà fin prêts à replonger dans les tubes des années 90, de Prodigy à Offspring, en passant par 2 Pac.
Bref, comme l’annonçait le programme officiel, un seul mot d’ordre : « Amusez-vous et puis c’est tout ! »