C’était le jour où l’Espagne éliminait la France, c’était le dernier jour où le soleil cognait, mais c’était surtout le jour où Solidays frappait fort. De la révélation We Were Evergreen à la confirmation de Kavinsky, la deuxième journée du festival fut une franche réussite. Récit.
Premier réveil difficile. Sans être forcément longue, tout du moins excellente, la soirée fut pleine de rebondissements. Heureusement, on a le temps de récupérer avant le début de cette deuxième journée de concerts. Tout recommence à 15h avec les Paris Jeunes Talents sur la scène du César Circus. Le principe : trois groupes se partagent la scène pendant plus d’une heure. Résultat :
We Were Evergreen, deuxième groupe à déboucher nos oreilles, compose une pop à la fois libre, ludique et complexe sur laquelle il faudra compter. Et ce n’est pas une option.
C’est à tâtons que l’on enchaine avec les New Politics. Sans être réellement convaincus par leur musique et par leur album, on se dit tout de même que le résultat peut mériter le coup d’œil sur scène. Et pourtant non ! Lourdingue et bourré de cliché, leur rock ne sera jamais de celui dont on fait des posters. Ou plutôt si, mais pour les gamins de treize ans. Pour se remettre de cette vaine sauvagerie, qui semble malgré tout bien prendre avec le public, on passe brièvement voir
Rover. Ce passionné de voitures (tout est dans le nom) préfère indéniablement le ronronnement d’une berline à la puissance d’une sportive. Et ça s’entend : beau mais redondant, planant mais sans surprise, son set ne marquera sans doute pas les esprits mais les bonifiera un peu.
Puis vient le quintet gagnant de la soirée avant les festivités électroniques :
Tinariwen, volatile et captivant,
Frànçois & The Atlas Mountains, poétique et aérien,
Youssoupha, plus fédérateur que jamais,
Zebda, au sommet de leur forme et
Anthony & The Spasm Band, où comment réinventer l’afrobeat au 21ème siècle. Tour à tour, le voyage se veut délicat ou dansant, révoltant ou transcendant : passant des déserts majestueux de Tinariwen aux compositions planantes de Frànçois & The Atlas Mountains avant de céder aux mots doux et anticonformistes du parisien Youssoupha et des toulousains de Zebda. Alors que la France est en train de perdre l’Euro, le public réalisé sa chance d'être ici, de la joie plein les yeux et des pas de danse pleins les jambes. Quant aux expérimentations entreprises par Anthony & The Spasm Band, le niveau est tel que le groupe semble pouvoir jouer tout et n’importe quoi sans même se regarder ou se concerter. Le tout avec une décontraction certaine et une énergie collective qui va crescendo.
Pendant qu’Anthony et ses comparses proclament leurs rythmes incantatoires, les festivités électroniques démarrent. Tandis que
Les Petits Pilous terminent en puissance leur DJ set malin et ludique, c’est l’équipe de radio Nova qui tire son épingle du jeu en s’abandonnant aux rythmes groovy, extatiques et envoutants. Depuis trois ans qu’une scène lui est réservée, l’équipe n’a jamais déçu derrière les platines et confirme toute sa science du mix une fois encore.
On sait, c’est mal, mais ce soir, tout à notre hâte de revoir Kavinsky sur scène, qui plus est en festival, on a du mal à entrer pleinement dans les concerts qui le précédent. Promis, ce n’est pas du snobisme, simplement de l’impatience. Il est deux heures du matin, plus qu’une heure à attendre avant l’arrivée de la tête d’affiche du soir. Pas question de glandouiller pour autant. Si on ne s’attardera pas sur le set très saturé de
Christine, intense mais répétitif, on appréciera nettement plus la performance livrée par
Maelstrom, jeune poulain de la clique Sound Pellegrino à la Green Room.
Mais tous ces concerts ne peuvent rivaliser avec la puissance, l’intelligence et la maîtrise dont fait preuve
Kavinsky lorsqu’il débarque sous le chapiteau Domino. On sent bien que le succès de
Nightcall, présent sur la bande originale de Drive, a rameuté les foules. Ici, Vincent Belorgey démontre toutefois qu’on ne peut le résumer à un seul tube. Ces compositions électro-rock aux sonorités eighties le prouvent : Kavinsky est de ceux qu’on réécoutera toujours par envie et non par effet de mode.
Bref, de quoi nous dire que notre deuxième réveil sera encore plus difficile.