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Le Rock Dans Tous Ses Etats

Evreux, du 29 au 30 juin 2012

Live-report rédigé par Laurent le 6 juillet 2012

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samedi 30
Après un premier jour ensoleillé achevé en beauté avec le show de Manu Chao, c’est sous la pluie que le retour sur le site du Rock Dans Tous Ses États s’effectue en ce samedi après-midi.

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N’écoutant que mon courage, j’attends à l’abri que la pluie ne cesse avant de faire mon retour dans l’arène de l’hippodrome d’Evreux où les hautement psychédéliques Kurt Vile & The Violators sont en train de livrer un set particulièrement recherché et torturé. Même si l’on peut leur reprocher d’être parfois un peu trop calmes pour un festival, leur pop psyché hypnotique trouve son public et nous donnerait presque envie d’aller demander aux vigiles s’ils savent où se procurer du LSD.

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La nouvelle machine à tubes de Kitsuné, produite par Alex Kapranos himself, CITIZENS!, envahit ensuite la seconde scène pour un set décoiffant. Beaucoup plus tendu et nerveux que sur disque (et rappelant en ce sens les Drums d’outre-Atlantique), le quintet londonien va électriser la foule qui s’est pressée devant la scène découvrir la hype du moment grâce aux parfaits hymnes pop extraits de leur premier album Here We Are. Très en forme, le chanteur Tom Burke n'hésite pas à aller se jeter dans la foule pour convaincre un public sortant du concert conquis. A voir le groupe aussi à l’aise sur scène, avec un son résolument rock (comme sur le single Reptile, beaucoup plus catchy en concert), on peut regretter la production trop léchée et le son trop pop de leur album. Après avoir beaucoup tourné pour ce premier opus, les Citoyens sauront peut-être se lâcher plus lorsqu’il s’agira d’enregistrer la suite en studio.

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Loin d’être moins intéressants, les cinq belges de Balthazar se produisent ensuite pour présenter leur premier album Applause, regorgeant de petites pépites pop-rock et déjà sorti depuis plus de deux ans en Belgique. Ils entament ce concert par leur singles The Boatman et I'll Stay Here, morceaux pop aux très belles harmonies vocales, avant d’enchaîner avec un nouveau titre plus puissant et la dansante Morning.
Malgré les problèmes de guitare du chanteur, le groupe continue avec de jolies réussites à l'image de Blues For Rosann, Fifteen Floors ou encore l’entraînante Throwing A Ball. La pluie effectue un court retour mais le soleil revient pour le sublime final avec la merveilleuse chanson Blood Like Wine, laquelle conquiert le public avec ses divins chœurs a cappella à quatre. Un groupe décidément très talentueux qui prouve que, comme ses compatriotes dEUS ou Ghinzu, la scène est un terrain de jeu pour lui. Le deuxième album serait en préparation, à surveiller de près...

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Toujours pas de répit pour les spectateurs puisque Gold Panda investit immédiatement la scène opposée avec ses platines. Las, le londonien offre une électro au son bien trop industriel et oppressant pour un set programmé en plein air et en plein jour à 19h30. Derwin Schlecker, de son vrai nom, est totalement investi et déchaîné derrière ses machines et une partie de la foule se laisse malgré tout convaincre par sa « musique », mélange de bruits minimalistes agaçants et de rythmiques simplistes vaguement tribales.
Lorsque le set tourne à la techno minimaliste, le moment semble idéal pour aller à la découverte de la troisième scène du festival, la petite Gonzomobile, où se produit le Yidaki Jug Band. Ce duo local formé à Evreux délivre un blues-folk très classe et recherché. Même si tout n’est pas parfait, on retiendra la grande technique des musiciens et certaines compositions qui en feraient s'extasier plus d’une rédaction si elles étaient signées Jack White.

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On retourne ensuite vers la scène principale où les franciliens de Stuck In The Sound font une entrée fracassante sur scène avec Ouais, single principal de leur deuxième opus, avant d’enchaîner avec un titre pop-rock du nouvel album taillé pour les festivals puis le très dansant Brother. Le concert alterne par la suite le meilleur (l’hymne Toyboy, Shoot Shoot ou encore Don’t Go Henry) et le banal (avec des chansons un peu trop simplistes et adolescentes). Une grande maîtrise du live en fait une des attractions du jour, même si, étonnamment, le public ne suit pas forcément le groupe qui déborde d’énergie et se livre complètement à chaque seconde et délivre un final de haute volée, avec des musiciens totalement déchaînés sur scène. Une valeur sûre du rock hexagonal en anglais à une heure où ses représentants se font bien discrets.

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Une des plus grosses foules du festival se presse ensuite pour assister au show déjà bien rôdé des jeunes rappeurs parisiens de 1995. Dans une ambiance un peu folle, le groupe se lance avec son nouveau titre très rock aux voix saturées, Renégats, avant de délivrer un parfait mix de ses deux premiers EPs ainsi que certains titres solos. Ils clôturent le set sur leur fameuse version de Flava In Ya Ear avant d’organiser ce qui sera sûrement le plus impressionnant pogo du festival en séparant la foule en deux avant de les jeter les uns contre les autres sur fond de Killing In The Name de Rage Against The Machine, le tout mixé par DJ Lo'.

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On continue dans l’ambiance hip-hop old-school avec les légendes enfumées venues de Los Angeles : Cypress Hill. Durant près d'une heure, le gang de B-Real et Sen Dog met le feu avec un son de plus en plus rock notamment sur leurs titres les plus récents ; mais ce sont surtout les vieux tubes de Black Sunday, à l'image de I Wanna Get High, Insane In The Brain, When The Shit Goes Down ou encore l’hymne à la poussée d’Archimède, Hits From The Bong qui vont totalement déchaîner le public chauffé à blanc par 1995 précédemment. Pourtant, au fil du concert, on finit par se lasser de ces sons assez sombres et répétitifs même si quelques morceaux comme le tube Tequila Sunrise sortent du lot. On pourra surtout regretter quelques chansons assez étranges et franchement pas nécessaires jouées vers la fin, mais l’on a bien assisté au grand show hip-hop que l’on attendait. Le public est aux anges.

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Anton Newcombe, de Brian Jonestown Massacre, semble lui moins aux anges après avoir fait les balances avec ses musiciens. Pas de roadie pour régler les instruments chez le américains, Anton ne fait déjà pas confiance à ses propres musiciens et s’impatiente sur le bord de la scène, tournant en rond en attendant la fin du concert des rappeurs californiens. Dès cette condition remplie, les huit musiciens entrent sur scène. Deux guitaristes accompagnent les chanteurs-guitaristes Matt Hollywood et Anton Newcombe tandis qu’un bassiste, un batteur, un claviériste et le désormais légendaire tambouriniste/percussionniste Joel Gion complètent la formation.
Le concert commence avec une chanson hypnotique au riff psychédélique à souhait et annonce la couleur d’un concert composé essentiellement de ces pépites pop-psyché présents sur la majorité des premiers albums du groupe, n’en déplaise à un Joel Gion qui semble s’ennuyer sur les chansons les plus calmes.
Le public, tout acquis à la cause d’Anton et son gang, embarque pour un voyage de soixante-dix minutes totalement planant en se laissant guider par les guitares, en majorité à douze cordes. La setlist est un parfait mélange de chansons parmi les plus raffinées du groupe (Anemone et Sue), de dingueries comme Who ou Hide And Seek mais également de fameuses compositions de Matt Hollywood (Not If You Were The Last Dandy On Earth ou Oh Lord). Le groupe est toujours aussi bluffant et parfait techniquement. Anton finit par tourner son micro (et donc son corps) vers le public pour les vingt dernières minute, laissant même Joel Gion chanter une reprise de Bobby Jameson (There's A War Going On) pendant qu’il joue de l’harmonica. Le genre de concert que l'on aimerait je voir jamais s'arrêter. Les compositions sont merveilleuses, la setlist est cohérente, le groupe joue juste et nous transporte. Il est dur de réaliser que tout est déjà fini.

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On repart en face où le retard cumulé par Cypress Hill et le Brian Jonestown Massacre a du rendre impatients les fans de Two Door Cinema Club, prêts à commencer leur set. Le groupe nord-irlandais arrive sur scène et attaque pied au plancher avec Cigarettes In The Theatre. Très incisifs, les trois jeunes musiciens de Kitsuné livrent un set terriblement efficace, eux qui sonnent très garage d’une certaine manière dans leur façon de jouer leur électro-rock. Seules quelques très rares chansons du nouvel album prévu pour septembre sont jouées ce soir, mais peu importe, la foule se déchaîne sur les tubes du premier album tels que Something Good Can Work, I Can Talk, Undercover Martyn ou encore la géniale Eat That Up It's Good For You. Rappelant parfois les Foals des débuts, le groupe offre des parties de guitares vraiment entraînantes et beaucoup d'énergie à revendre.

A la fin du concert, commence la cacophonie électronique de Squarepusher, lequel semble avoir kidnappé R2-D2 pour le faire chanter sur des beats malsains. Tout ceci m’est bien évidemment impossible à cautionner et c’est donc d’un pas décidé et les oreilles bouchées que je quitte le festival, sans vraiment regretter de rater le dernier spectacle de la soirée : Factory Floor, de la musique que l'on croirait sponsorisée par la MDMA des laboratoires Merck.

Le Rock Dans Tous Ses États reste un festival à taille humaine, au public réellement populaire et brassant les genres (quand Rock en Seine est le repère des petits rockers stéréotypés ou Solidays celui des babas-cools aux goûts vestimentaires très contestables), aux installations pratiques et intelligentes (deux scènes se font face et le public n’a qu’à traverser ou se tourner, les artistes ne jouant jamais en même temps) et à la programmation habilement constuire (exception faite de Gold Panda placé en fin d’après-midi). Seul regret, n’avoir découvert que le samedi soir que l’on vendait du Pouilly-Fuissé dans le carré presse !
artistes
    Alan Corbel
    Ms Good
    Rocky
    Russian Red
    Virus
    Kurt Vile
    CITIZENS!
    Gordon Melon
    Balthazar
    Gold Panda
    Yidaki Jug Band
    Stuck In The Sound
    Noein
    1995
    Cypress Hill
    Kap Bambino
    Brian Jonestown Massacre
    Two Door Cinema Club
    Le Catcheur Et La Pute
    Squarepusher
    Factory Floor