Organisé par l’équipe du Big Bang Café, le festival Beauregard s’est déroulé durant trois jours et pour la quatrième année consécutive dans le parc du château de Beauregard à Hérouville-Saint-Clair où, en l’espace de quelques éditions, il a réussi à se faire une jolie place dans le paysage français. Le public ne s’y trompe pas et n’hésite pas à faire le déplacement de la Bretagne ou la Région Parisienne pour grossir les rangs des normands dotés ici, chez eux, d'un festival proposant une affiche de pointures nationales et internationales dans de magnifiques conditions tout en étant encore loin des monstres que sont les Vieilles Charrues ou Solidays.
Malgré une programmation plutôt axée sur des têtes d’affiches, le festival n’oublie pas d’inviter des groupes locaux et, après les prestations remarquées les années précédentes de Kim Novak ou Concrete Knives, nous retrouvons les
Lanskies. Affublé d’une magnifique chemise à perroquets multicolores, leur chanteur originaire de Liverpool Lewis Evans se démène sur la grande scène ; on pense inévitablement au son des débuts de Bloc Party et c’est donc une agréable mise en bouche du festival qui nous est proposée.
Dans la foulée, c’est au tour de
Miossec, bien entouré des membres de Santa Cruz, de nous livrer un set plutôt rock, efficace mais sans être transcendant. On regrettera le chant quelque peu décevant et l’absence de
Brest sur la setlist. Sans oublier qu’il nous annonce, sûr de lui, qu‘il va pleuvoir dans les minutes qui suivent. Heureusement pour nous, la pluie mettra plusieurs heures avant de faire son apparition. Petite déconvenue pour Christophe Miossec dont le flair brestois a été mis à mal. On le préfère derrière un micro qu’en monsieur météo.
Les membres de
Killing Joke investissent la grande scène et c’est toujours affublé de sa combinaison noire et de ses yeux maquillés que leur chanteur Jaz Coleman apparaît devant nous. Son regard de tueur s’accorde parfaitement lorsque celui-ci nous chante le refrain de
Madness, et de ce spectacle, les Kills n’en ratent pas une seconde depuis le bord de la scène. Si le show est visuel, on n’en n’oublie pas que Killing Joke est avec Wire, l’un des rares groupes rescapés de la vague originelle post-punk et que musicalement cela tient sacrément la route même si malheureusement ils ont pris un virage un peu trop indus.
Entre Selah Sue et Shaka Ponk,
Dionysos fait du Dionysos. Il est dommage que le groupe, et surtout Mathias Malzieu, reste accroché à son statut de bête de scène quand un peu de sobriété ne ferait pas de mal. On ne crache quand même pas sur un
Song For Jedi qui nous ramène quelques années en arrière. On espérait voir et entendre le duo Dionysos/Allison Mosshart sur
Old Child mais il n’en sera rien. Le concert s'achève finalement sur
Wet et le groupe tire sa révérence devant un public conquis avec en fond sonore
The Last Goodbye des Kills.
Alors que l’on n’a pas arrêté de les voir ou de les entendre lors de cette journée, les
Kills montent enfin sur la grande scène à 23h45. Alors que le groupe tourne déjà depuis plus d’un an dans sa configuration actuelle avec quatre percussionnistes masqués, c’est toujours un plaisir de les croiser sur la route. L’ouverture sur
Now Wow fonctionne toujours aussi bien et l’enchaînement avec
Future Starts Slow et
Heart Is A Beating Drum ne laisse aucun répit au public avant une petite accalmie avec
Kissy Kissy. Si les jeux entre les deux protagonistes sont moins présents qu‘à leurs débuts, le bisou de Jamie Hince sur le front d’Allison Mosshart à la fin de
The Last Goodbye montre que le lien qui les unit est toujours aussi fort.
Si ensuite la soirée devait atteindre son apogée avec la découverte scénique du dernier album d’
Hot Chip, l’annulation de leur venue pour des raisons logistiques permet une jolie exposition entre les concerts des Kills et de Metronomy à
Superpoze, jeune beatmaker caennais. Au final, le plus content sera sûrement le jeune homme lui-même car la présence des anglais était un joli coup de la part des programmateurs avec cette date unique en festival français cet été.
Après la déception, place à l’excitation avec
Metronomy. Grâce à
The English Riviera, le groupe a connu une progression fulgurante au cours de ces douze derniers mois, en atteste l’attente des spectateurs presque plus forte que pour les Kills. Les membres du groupe montent sur scène sous les applaudissements fournis du public alors qu’Anna Prior prend place derrière sa batterie vêtue de sa magnifique combinaison à paillettes. Avec une setlist quasiment exclusivement consacrée à leur dernier album en ressort une ambiance plutôt aérienne et seuls subsistent
You Could Easily Have Me,
Holiday et
Heartbreaker de leurs précédents efforts, ces derniers apportant ce petit rien de folie pour mettre définitivement le feu au public et clôturer plus que dignement cette première journée de festival.
Si la météo était dans toute les têtes en ce premier jour (Pleuvra ? Pleuvra pas ? on ne demandera pas la réponse à Miossec...), c’est finalement le blackout d’Orange qui aura animé les discussions et semé le trouble entre les concerts. Heureusement, Miossec, Killing Joke, The Kills et Metronomy nous auront offert d’agréables moments dans le parc du château de Beauregard. Rendez-vous demain pour une journée pleine de surprises...