En ce deuxième jour, le temps est toujours menaçant au dessus d’Hérouville-Saint-Clair mais cela n’empêche pas le public d’investir une nouvelle fois le site du festival en nombre. Les plus chanceux auront eu la bonne idée d’arriver de bonne heure pour profiter des concerts avant que la pluie ne s’abatte pour de bon pour le reste de la soirée.
La seconde raison pour laquelle il fallait arriver de bonne heure n'était autre que la présence d’
Other Lives. Les américains que l’on avait pu découvrir l’été dernier à la Route du Rock ont encore ébloui les spectateurs de par leur présence. Dès l’introduction sur
As I Lay My Head Down, on sent que l’on va assister à l’un des meilleurs concerts du festival. Le chant de Jesse Tabish est magnifiquement accompagné par les cœurs de Jenny Hsu et le travail sur l’ambiance des titres est remarquable. Pour obtenir cette alchimie magique, le groupe ne voyage pas légèrement et ne lésine pas sur les instruments. En plus des traditionnels guitares, basse et batterie, claviers, violons, violoncelle, trompette, bois de cerfs à grelots ou encore xylophone remplissent la scène pour permettre au groupe de nous retranscrire à merveille leur deuxième album
Tamer Animals. L’enchaînement
For 12/
Tamer Animals est de toute beauté et, en fin de set, le groupe offre une très belle reprise de
The Partisan de Leonard Cohen. Le succès des américains est à l’image de celui de Local Natives il y a deux ans et démontre que le festival peut et doit prendre plus de risques dans sa programmation car le public est curieux de découvertes, en témoignent les longs applaudissements à la fin du concert d’Other Lives.
Après Dominique A et l’agaçante Izia,
Kaiser Chiefs investissent la grande scène pour une heure de live endiablé. La tournée des anglais fait suite à la parution de
Souvenir : The Singles 2004-2012 et c’est donc logiquement que le concert est un enchaînement continu de singles. Dès l’introduction de
Never Miss A Beat, Ricky Wilson fait le show et n’hésite pas à venir se frotter aux premiers rangs. Durant tout le concert, il ne pourra s’empêcher de jouer avec les caméras qui filment la prestation et le public. Les fans d’
Employement en ont pour leur compte avec l’enchaînement
Modern Way /
Everyday I Love You Less And Less /
I Predict A Riot durant lequel le leader du groupe grimpe à la structure de la scène. A l’applaudimètre
Ruby est toujours largement en tête avec un refrain repris par tout le public et aucun titre ne semble pouvoir rivaliser, pas même
The Angry Mob. Au final, les rares moments d’accalmies auront lieu sur les titres les plus méconnus que sont
Little Shocks et
Listen To Your Head mais c’est aussi sur ceux-ci que l’on verra que la voix de Ricky Wilson était aujourd'hui un peu fatiguée et faiblarde par moment. Le concert est tellement intense que l’on en oublierait que de l’eau nous tombe dessus. Et oui,
Oh My God, il pleut !
Il pleut d’ailleurs tellement que le public part se réfugier sous les arbres (abri plus psychologique qu’efficace) au lieu de se diriger vers les
Tindersticks. Mal leur en prend, la voix grave de Stuart Staples est envoûtante et en huit titres dont un
Show Me Everything résonnant encore dans les têtes, le groupe éblouit de sa classe le festival. Comme pour Other Lives plus tôt dans la journée, Tindersticks auraient pu marquer de leur empreinte le festival mais la météo en aura décidé autrement.
La pluie continue de jouer avec les nerfs du public pendant les lives de
Jean-Louis Aubert et
Sébastien Tellier. L’herbe s’est transformée en boue et certains craquent avant que
Gossip ne montent sur scène. Depuis la sortie de
Standing In The Way Of Control, le groupe n’a jamais arrêté de grossir et c’est à un concert de tête d’affiche mainstream que l’on assiste. Beth Ditto est égale à elle-même et parfois un peu agaçante à vouloir être trop bavarde entre les morceaux et nous chanter des « un, deux, trois » à tue-tête. Au final, le groupe propose un set quelque peu convenu même s’il faut avouer que les titres font mouche quasiment à chaque fois pour peu que l’on ne se prenne pas trop la tête.
La pluie s’est pratiquement arrêtée quand
OrelSan monte sur scène et le concert du rappeur originaire d’Alençon est une bonne surprise, même sans nécessairement apprécier ce type de musique, car le jeune homme s’est entouré de très bons musiciens pour un rendu plutôt rock. Le concert est interrompu quelques instants par le chanteur pour lancer un appel pour retrouver un enfant égaré avant que cela ne reparte de plus belle. Les paroles permettent d’esquisser quelques sourires (qui se souvient de
Tribal King ?) et on comprend alors que son single
La Terre Est Ronde est très loin de représenter son univers.
Pour clôturer cette soirée pluvieuse, les italiens de
Bloody Beetroots se chargent de faire bouger le public avec un DJ Set pour finir de labourer la terre devant la grande scène.
De cette journée pluvieuse, on retiendra les concerts intenses d’Other Lives et Tindersticks mais aussi la folie apportée par les Kaiser Chiefs. Malheureusement, tout n’aura pas été rose et la pluie aura donné un léger coup derrière la tête à beaucoup de festivaliers.