Après une nuit plutôt humide, le soleil semble vouloir percer à travers les nuages en ce dernier jour. En arrivant sur les lieux, on remarque que l’organisation du festival s’est bien démenée en apportant foin et paillage afin d’assécher le site quelque peu embourbé. La belle pelouse du château de Beauregard, ou Boueregard comme on a pu l’entendre de la bouche de certains festivaliers, s’étant transformée en terrain boueux la veille.
A peine arrivé sur le site, résonne une jolie reprise du titre
Nightcall de Kavinsky et c’est avec curiosité que l’on s’approche de la scène. On y découvre les français de
The Aerial dont le chanteur est originaire de Liverpool comme il nous le fait gentiment remarquer (le chanteur des Lanskies programmés la veille était déjà originaire de la même ville…). L’entrée en matière est sympathique mais malheureusement la suite est un pot-pourri de pop, rock et électro sans queue ni tête et souvent de mauvais goût.
C’est au tour de
Death In Vegas de se produire devant un public déjà nombreux en ce milieu d’après-midi. Le scepticisme vis-à-vis de l’horaire est dans les têtes depuis leur publication mais dès les premières notes de
Your Loft My Acid mais avec
Dirge celui-ci s’éloigne peu à peu. De plus, alors qu’on l’attendait depuis le début du week-end, le soleil a le culot d’apparaître au milieu du concert alors que la voix d’Iggy Pop résonne dans le parc du château de Beauregard sur
Aisha. Le groupe livre un set sérieux et appliqué, concluant classiquement sur
Rekkit. Loin de la folie à laquelle ils nous ont habitué, Death In Vegas ont assurément été pénalisés en montant sur scène dès 16h15, abandonnant en conséquence les jeux de lumières aidant à créer l’ambiance si particulière qui règne lors de leurs concerts habituels.
On laisse
Thomas Dutronc ainsi que
Brigitte prendre la relève avant le petit évènement de la soirée : le retour de
Garbage. Les membres du groupe montent sur scène suivis de Shirley Manson toute de noir vêtue, mini short, lunettes de soleil, et chignon futuriste sur le haut du crâne. Le concert est lancé avec
Automatic Systematic Habit, extrait du dernier album aux sonorités trop FM, mais qu’importe car suit
I Think I’m Paranoid, et là le public se déchaîne car ce sont évidement les anciens morceaux qu’il est venu voir.
Cela continue de plus belle avec l’enchaînement
Shut Your Mouth /
Queer /
Stupid Girl /
Why Do You Love Me. On est heureux de voir que Shirley Manson a mis entre parenthèse sa petit carrière d’actrice car c’est sur scène qu’elle semble réellement épanouie, nous parlant tennis (et oui, Andy Murray a perdu à Wimbledon) ou en blaguant « It was just to see if you pay attention » quand le groupe joue l'introduction de
Cherry Lips alors que
Control a été jouée juste avant. Comme le leader des Kaiser Chiefs, elle n’hésite pas à jouer avec la camera pendant
#1 Crush, la regardant droit dans les yeux en chantant « I Would Die For You ». Le concert se termine sur un
Only Happy When It Rains, alors que le temps est désormais au beau fixe, lequel débute par une introduction toute en douceur avant d’exploser complètement avec le public chantant sous l’impulsion de Shirley Manson. Celle-ci quittera la scène le travail accompli avec brio car, si elle est véritablement la star de Garbage, on voit que c’est tout le groupe qui est heureux d’être réuni, en attestent les regards complices échangés tout au long du concert.
Les vains cris et gigotements de
Camille font fuir une petite partie du public et c’est donc l’occasion de se diriger vers la grande scène pour retrouver
Franz Ferdinand. Très attendu, c’est sous un tonnerre d’applaudissements que le groupe monte sur scène et débute sur une version écourtée de
The Dark Of The Matinée. La setlist ressemble à un Best Of interminable avec
No You Girls, Do You Want To, Jacqueline, Can’t Stop Feeling (mélangé à
I Feel Love de Donna Summer) sans oublier
Ulysses ou
Take Me Out.
L’intérêt est aussi du côté des trois inédits proposés ce soir. Si
Scarlet Blue et
Trees And Animals ont déjà été joués, c’est une première pour
The Universe Expanded dans la pure lignée des titres des écossais où la basse mène la danse. Ces trois titres ont éveillé la curiosité, on a hâte d’en entendre plus sur disque. Les incartades finies, retour aux classiques avec
40' qui débute tout en douceur avant que les lalalala ne soient repris en cœurs par le public sous les ordres d’Alex Kapranos.
Outsiders se termine en un bœuf de batterie où les quatre s’en donnent à cœur joie avant que le quatuor ne conclue sur
This Fire et sa montée imparable pour finir d’achever le public. Le groupe tire sa révérence sous les applaudissements et cela signe un peu la fin du festival. Pour les heureux vacanciers ou motivés, il reste encore
Pony Pony Run Run et
Paul Kalkbrenner pour se dégourdir les jambes, mais la raison fait qu’il est bien l’heure de rentrer...
Si la météo a eu raison de l’état du terrain, il n’en a pas été de même des festivaliers venus en nombre, le festival affichant un record d’affluence avec 55 000 personnes réunies durant trois jours. D’un point de vue de la programmation, de The Kills à Franz Ferdinand ou de Garbage à Kaiser Chiefs, les têtes d’affiches n’ont pas déçu et on ont offert le spectacle que l’on espérait d’elles. On n’attend pas de Beauregard qu’il devienne un festival de découvertes mais on ne peut qu'espérer que les programmateurs prendront un peu plus de risques à l'avenir, en atteste le succès d’Other Lives auprès du public. Rendez-vous l’année prochaine avec un temps, on l’espère, plus clément, une programmation de qualité et une capacité toujours à taille humaine.