Traction Festival

Une fois n'est pas coutume : en ce jour de fête nationale française, plutôt que de s'endormir devant l'inénarrable défilé sur les Champs Elysées, rendez-vous était pris à Londres à l'occasion de la première édition du Traction Festival, en collaboration avec Eurostar Records.
Ces dernières années, le label est venu prouver sa volonté de promouvoir de jeunes artistes, gardant toujours à l'esprit le caractère cosmopolite de sa démarche. Tout au long de la journée, nous aurons l'occasion de constater que tant au point de vue organisationnel qu'artistique, le melting pot était de mise.

Parallèlement aux Jeux Olympiques, dans la capitale anglaise se déroulent aussi les Olympiades culturelles et c'est à cette occasion qu'Eurostar a décidé de mettre en place le Traction Festival. Prenant place dans le tout nouvellement inauguré Granary Square, en plein cœur de Londres, non loin de Saint Pancras Station, celui-ci a pour but d'emmener le spectateur vers des destinations aussi diverses et variées que celles proposées par le train transmanche. En maître de cérémonie et fil rouge de cette journée, Mr Gilles Peterson, le plus anglo-français des DJ.



C'est sous une météo quelque peu menaçante et devant un parterre malheureusement trop peu nombreux que se présentent, pour ouvrir les festivités, les Anglais de Plugs. Articulé autour du charismatique Morgan Quaintance (ex leader des Does It Offend You, Yeah?), le groupe est passionné et passionnant. Leur set, pourtant court, réussit à mettre l'eau à la bouche en prévision de leur premier album qui sortira le 3 septembre prochain. Mixant des sonorités électroniques à des instruments live, mêlant le clavier évanescent aux guitares krautrock, Plugs balaient à chaque titre un panel musical allant du funk au rock 70's. Chacun des morceaux est une explosion de sons et d'influences, de saveurs. Les compositions du combo sont retravaillées et leur son live se veut différent de celui du studio, preuve que Plugs sont perfectionnistes et qu'ils désirent, aujourd'hui, démontrer à leur auditoire tout le talent dont ils peuvent faire preuve. Les spectateurs ne s'y trompent pas et commencent à se faire plus nombreux pour applaudir comme il se doit l'une des formations montantes d'Outre-Manche.

Nous écouterons la suite d'une oreille, profitant du lieu et découvrant les réjouissances concoctées à l'occasion : entre le Peep Show où les comédiens évoluent au rythme du coup de pédale et le Light Painting Studio, impossible de s'ennuyer. Audacieux et bien pensé, le festival reste en plus à taille humaine, quantité non négligeable. Une petite faim ? Ils sont loin les paquets de frites surgelées ! Ici, les stands du monde sont roi et l'on peut tout à la fois déguster un burger coréen, un curry indien ou encore une spécialité autrichienne.



N'en perdons pas pour autant la raison de notre venue, musicale avant-tout, et c'est Ghostpoet qui va venir nous rappeler à l'ordre. La prestation de l'imposant Obaro Ejimiwe est dynamique, et ce malgré une gueule de bois, comme il nous le confesse. Sa voix suave et ses beats taillés pour les pistes de danse feront même venir le soleil, chose à laquelle plus personne ne croyait.
La soirée continue ensuite avec le Brandt Brauer Frick Ensemble, accompagné de Jamie Lidell pour mettre un joyeux bordel sur la scène. Gilles Peterson, en hôte qui se respecte, vient ensuite aux platines avant que la soirée ne se clôture avec le fantasque Sébastien Tellier. Écorchant la langue de Shakespeare à chacun des mots prononcés, il va mettre le feu à Granary Square avec sa pop céleste et même la pluie, se faisant plus insistante que jamais, n'arrêtera pas un public déchaîné.

C'est donc trempés et ravis que nous finirons tous ce Traction Festival, en espérant que l'initiative prise à l'occasion des Jeux Olympiques soit renouvelée l'an prochain.