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Dour Festival

Dour, du 12 au 15 juillet 2012

Live-report rédigé par Maxime Delcourt le 30 juillet 2012

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Notre périple en terres belges se termine et le refrain du jour pourrait parfaitement être hip-hop pop tant on alterne les concerts de rap avec ceux de pop. De Dope D.O.D à Chairlift, de Disiz à Baxter Dury, des Flaming Lips à Assassin, tant de réjouissances qui, malheureusement, annoncent la fin.

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On commence la journée avec du gros rock qui tache, presque autant que la boue qui détruit nos bottes : Turbowolf. Rien de spécial à ajouter - à l'image de la fin du concert de The Computers à laquelle on assistera - si ce n'est un son un tant soit peu cliché, des attitudes ringardes et des intentions largement rebattues. Il faut dire que lorsqu’on se présente sur scène, il faut oser proposer autre chose qu’un rock boosté au hard rock pour le premier ou à des sonorités vaguement électroniques pour le second.
Heureusement pour nous, au milieu de ces deux concerts il y a Team Me.

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En formation plus rock que sur leur premier album, ces norvégiens offrent à ce début d'après-midi difficile, tant sur le plan météorologique que mental, une bouffée d'air pur : c'est énergique et éclaté, voire éclatant. Si le groupe s'était formé à la base pour le besoin d'un simple concert, on ne regrette pas une seconde qu'il ait poursuivi sa quête des grands espaces et des univers féériques, un peu comme si Polyphonic Spree et Arcade Fire se réunissaient au sein d’une chorale aux refrains bisounours.

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Un appel à la liberté que Dope D.O.D et leur hip-hop underground, se font un malin (malsain?) plaisir à détourner, déformer et pervertir. Cela ne sautera peut-être pas aux yeux de tous - tant ils ont une approche classique du hip-hop, sans fioritures - mais pour nous c’est plus qu’une évidence, ces hollandais ne sont pas des mecs normaux. A leurs côtés, l'avenir sera hostile et décapant. On a hâte de vérifier. Après tout, l’avenir c’est maintenant. C’est d’ailleurs une formidable coïncidence de penser au futur avant un concert de Chairlift. Car c’est sans attaches au présent, un pied ancré en 1982 et l’autre en 2032, que la bande de Brooklyn compose. Même si cela ne s’entend pas forcément durant les quinze premières minutes, faute à un son déplorable (où comment gâcher un chef d’œuvre de pop pastorale, Take It Out Me), la suite n’est que splendeur. Caroline Polachek est bien présente et on se laisse volontiers emporter par les envolées synthétiques de cette pop savoureuse et énigmatique.

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Énigmatique, Disiz ne l’est en aucune façon. Le rappeur est plutôt du genre lucide. Cela tombe bien, c’est le titre de son nouvel EP où il démontre clairement qu’il n’est pas simplement le genre de mec qui pète les plombs, mais bien de retour pour reconquérir son public. Pour cela, le rappeur opère en trois épates : clamer sans cesse que l'on revient à la source ; en apporter la preuve en interprétant les tubes qui l'ont mené au sommet (de J'pète Les Plombs à la saga Bête de Bomb, des classiques restent des classiques); s'en aller tel un boxeur, la serviette sur la tête sur un sample de M83. Mission remplie.

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Baxter Dury, lui, n’a pas à se soucier de reconquérir qui que ce soit puisque qu’il est déjà au top de la pop. L’enfant prodige de Ian Dury et de toute l’Angleterre enchaine les tubes imparables (de Claire à Isabel) au sein d’un set élégant et d’une précision rare. Efficaces mais jamais racoleuses, les compositions de Baxter Dury, encore plus en live, soulignent la palette et la richesse mélodique de l’anglais. Le tout avec une décontraction certaine.

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Une démonstration d’efficacité en appelant une autre : on file voir Assassin sous la scène du Magic Sound System. Le premier vrai temps fort arrive avec Shoota Babylon, l’un de leurs plus célèbres titres aux vérités tonitruantes. La suite n’est qu’une succession d’immenses coups de poing et de coups de surin adressés en pleine poitrine du spectateur. Un effet qu’aimeraient bien créer The Subways sans jamais y parvenir. On en viendrait presque à se dire que c’est en version acoustique, comme ce fut le cas dans le coin presse avec les Scènes de Bains, que les anglais révèlent le mieux les nuances de leurs mélodies. Moins criardes et plus rythmiques, leurs compositions ont tout à y gagner.

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Autre concert marquant de cette dernière journée : The Flaming Lips. On connait la passion chamanique de ces rockeurs à expérimenter le pyschédélisme. Seulement voilà : en festival, pas question de jouer un morceau de six heures, le temps est limité. Toutefois, en une heure et quart, tout est possible : le public peut monter sur scène, les guitares spatiales peuvent illuminer une boule disco, Wayne Coyne peut débarquer dans une bulle géante. Et croyez-nous, aussi improbable et futuriste que cela puisse paraître, tout est vrai.

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Si l’on devait trouver une fin à cette 24ème édition du Dour Festival, ne pourrait-elle se faire en compagnie de The Rapture ? Qu’importe C2C, Orelsan, Switch, cette bande de sales gosses est prête à faire guincher et ça nous suffit amplement. Et à voir ces génies de l’électro-rock s’amuser des époques, des synthés et du saxophone devant un parvis totalement acquis, on se dit qu’on a pas de quoi regretter notre choix. Revenus l’année dernière sur le devant de la scène, les américains n’ont désormais aucune envie de laisser passer l’été sans les quelques belles joies que procurent Get Myself Into It et Echoes. Mais dans l’immédiat, c’est bien le jovial et romantique How Deep Is Your Love qui bercera nos derniers instants à Dour. Un très beau moment d’euphorie, d’ivresse et de tendresse après quatre à lutter contre le temps (Lost à côté, c’était un jeu d’enfants).

A l’heure des conclusions, on ne peut que reconnaître la passion qui anime les quelques 148 000 spectateurs-mélomanes venus se patauger dans la gadoue durant quatre jours. Preuve qu’aucune incidence météorologique ne peut inquiéter l’envie, les sourires et l’ingéniosité des festivaliers. L’année prochaine, Dour fêtera son quart de siècle. Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige (là, ça serait tout de même inquiétant), on sera là.
artistes
    THE COMPUTERS
    SEXION D'ASSAUT
    THE ABYSSINIANS
    TIKEN JAH FAKOLY
    THE FLAMING LIPS
    THE BLOODY BEETROOTS DJ SET
    WALLACE VANBORN
    TEAM ME
    GIVERS
    CHAIRLIFT
    BAXTER DURY
    THE SUBWAYS
    THE RAPTURE
    ATARI TEENAGE RIOT
    GREMS & PMPDJ
    ROD TAYLOR + POSITIVE ROOTS BAND
    BROUSSAÏ
    DUB SYNDICATE
    CEREBRAL BALLZY
    THE SKATALITES
    MAX ROMEO
    FEED ME WITH TEETH
    SWITCH
    PABLO ANDRES
    DOPE D.O.D.
    DISIZ
    ASSASSIN
    ORELSAN
    C2C
    DJ KENTARO
    THE K.
    TURBOWOLF
    RED FANG
    UFOMAMMUT
    AMENRA
    BARONESS
    KVELERTAK
    THE EX & GETATCHEW
    RICH AUCOIN
    DEVILMAN
    DJ SCOTCH EGG
    KOMAH
    TEXTURES
    RISE OF THE NORTHSTAR
    DEEZ NUTS
    LOFOFORA
    CROWBAR
    SUICIDE SILENCE
    SUICIDAL TENDENCIES
    BULLS ON PARADE
    MACHINE GUN PLAYS AC/DC