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Roskilde Festival

Roskilde, du 5 au 8 juillet 2012

Live-report rédigé par Kris le 25 juillet 2012

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Lars Winnerbäck – scène Odeon – 16h30

On manque aujourd’hui en France d’artistes pour les masses dans le domaine du rock et de la folk. C’est tout ce à quoi j’ai pu penser lors du concert de Lars Winnerbäck, énorme star folk-rock suédoise, et véritable icône en son pays - d’après les dires d’un ami suédois.

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Et effectivement, sous la tente Odéon, une petite foule de suédois se presse devant la scène, tandis que les danois et étrangers semblent se faire plus rares. Accompagné de son groupe, Lars Winnerbäck joue une musique lissée, inspirée d’un rock nineties en friche, mais avec un son très propre et des compositions loin d’être ridicules. Evidemment, on reste tout de même dans un domaine hyper-balisé, et même malgré mon suédois inexistant, il semble bien que de la voix grave de Winnerbäck ne sortent pas les paroles les plus subversives jamais écrites.

Plus Stéphan Eicher que Johnny Cash. Et alors ? Car de toute l’heure passée devant ce visage souriant, et ces chansons bien écrites, l’ennui n’aura que rarement côtoyé un concert sympathique et honnête. Lars Winnerbäck est ainsi l’un des plus gros vendeurs de disques en Suède depuis 10 ans, pour des chansons tout en suédois. Et pourtant, l’on connaît les propensions de la musique scandinave vers la langue anglaise.

Parallèlement, en France, le gap entre pop/rock populaire et qualitatif se creuse de plus en plus, sauf coups d’éclats sur un album (des Innocents à Dionysos). Winnerbäck a sorti six albums la décennie passée, qui se sont tous placés en tête des ventes d’albums. Food for thought.

Amadou & Mariam – scène Orange – 19h30

Il n’y a pas foule pour le couple malien, grand habitué du festival d’après l’introduction qui leur est faite. La fosse, régulièrement prise d’assaut, est cette fois-ci assez spacieuse, et il est aisé de se positionner juste en face de la scène pour voir Amadou & Mariam se produire. Le dernier jour de festival, il est coutume pour une partie du public de se préparer à quitter les lieux, les bus et trains reliant Roskilde à Copenhague étant remplis jusqu’au milieu de la nuit.

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Pourtant, dès les premières chansons, on voit les prémices de la scène Orange se remplir petit à petit. Amadou et Mariam ont dans leur répertoire des chansons appropriées pour ce genre d’événements. Ca bouge et ça danse, ça remue et ça pousse jusqu’à une certaine abstraction. Les boucles s’entrechoquent, et les éléments (rythmiques, arrangements, chants ponctuels et chœurs) s’animent pour produire une union des plus plaisantes.

Délesté des guests qui pullulaient sur leur dernier album, le son d’Amadou & Mariam respire, et ce choc entre musique traditionnelle africaine et sons modernes occidentaux prend tout son sens. Voir Mariam chanter son refrain, avant d’enchaîner sur Amadou en solo sur sa guitare électrique argentée ; une belle vision à chérir.

Björk – scène Orange – 22h00

L’année passée, j’avais quitté Roskilde en manquant la dernière tête d’affiche, les Kings Of Leon. J’ai très bien dormi la nuit qui a suivi. Cette année, avec Björk clôturant le festival, le public sera resté. Au début du mois, elle était contrainte d’annuler ses concerts à Primavera et ailleurs à cause d’un problème de voix. Elle sera bien là pour ce dernier concert dont on ne sait que trop quoi en attendre.

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Elle apparaît enfin, dans une combinaison bibendum noire et une perruque afro rouge, tandis que s’affaire derrière elle une troupe de danseuses/choristes, et la présence d’un seul musicien derrière les machines. La première moitié du concert est à l’image de cette configuration, à savoir très intimiste. C’est le cœur de Biophilia qui bat sous cette envolée dans les considérations existentialistes que nous livre Björk. La musique, minimale et très organique, sert de fil rouge, là où les nouvelles chansons (Cosmogony, Moon) côtoient des anciennes remaniées et épurées (Joga, Isobel). La troupe islandaise qui l’accompagne danse et tournoie, tandis que Björk contrôle avec fermeté un chant incisif, mais pas impétueux.

Cela vient dans une seconde moitié de concert, où l’explosion du monde survient. Les fines productions laissent place à des déferlements, de voix, de chœurs, de tempêtes électroniques ; tandis que les vidéos qui montraient jusqu’alors la régulation naturelle de l’infiniment petit, passent au chaos de l’infiniment grand, de la planète jusqu’au confinement spatial. Les basses tremblent face à tant de discorde et les chorégraphies laissent place à une confusion primaire, à un rythme instinctif. Alors que la musique s’entrechoque et s’écorche, subsiste la voix inébranlable de Björk. Cette fois-ci, cependant, celle-ci se bat contre l’anéantissement, l’engloutissement et le néant inéluctable.

Björk est décidemment sans égale. On aura entendu ce soir un instrument acoustique venant du Moyen-Orient ou d’Afrique sub-Saharienne, suivi d’un enchevêtrement de lourdes dissonances électroniques se finissant par des installations pyrotechniques comme sur l'ultime Declare Independance. Il y a toute une vie se jouant lors d’un concert de Björk, dans sa grandeur, comme dans son intimité, mêlant fêlures et grandiloquence, existentialisme et hédonisme. Elle n’eut pu conclure ce festival de meilleure manière, qu’à son image. Chaotique. Fulgurant. Essentiel.
artistes
    El Paraiso presents Causa Sui, El Paraiso Ensemble and Papir
    Conjunto Angola 70
    Ars Nova
    Mohammad Reza Mortazavi
    Giraffage
    Royce Da 5'9"
    Dr. John and The Lower 911
    Tamikrest
    Magtens Korridorer
    Peter Broderick
    H2O
    Yelawolf
    Korallreven
    Lars Winnerbäck
    Behemoth
    The Barons Of Tang
    Big K.R.I.T.
    R. Stevie Moore
    Machine Head
    Africa Hitech
    Nasum
    Friendly Fires
    Hospitality
    Rubén Blades
    Nils Frahm
    Amadou & Mariam
    Blondes
    Alabama Shakes
    Santigold
    Suicide Silence
    Shlohmo
    Björk